Titre | Fabriquer la traite, négocier la protection : échelles, acteurs et enjeux d'un dispositif transnational de contrôle des mobilités (Tunisie, Côte d'Ivoire) | |
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Auteur | Camille Cassarini | |
Revue | L'Espace Politique | |
Numéro | no 46, 2022/1 Après le Sommet de la Valette (2015), quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? + Varia | |
Rubrique / Thématique | Après le Sommet de la Valette (2015), quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? |
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Résumé |
La lutte contre la traite des personnes est un des piliers essentiels du Fonds Fiduciaire d'Urgence pour l'Afrique (FFUA) décidé à la suite du Sommet de La Valette de 2015. La Tunisie et la Côte d'Ivoire ont été deux États récepteurs de multiples fonds issus du FFU. Si ces deux pays présentent des profils migratoires différents, ils sont tous les deux considérés comme « problématiques » du point de vue migratoire. À la forte proportion de ressortissants ivoiriens et tunisiens dans les arrivées dites irrégulières sur les côtes européennes, s'ajoute l'arrivée, en constante augmentation depuis 2011, de très nombreux ressortissants ivoiriens en Tunisie. Se basant sur une enquête ethnographique de 16 mois menée entre la Tunisie et la Côte d'Ivoire, cet article se propose d'analyser les modalités de mise en œuvre de la lutte contre la traite des personnes dans les espaces associatifs et humanitaires des deux pays en questionnant plus particulièrement les formes de médiation et d'appropriation de ces programmes au niveau local. Après avoir restitué dans un premier temps les productions institutionnelles des deux pays dans le domaine, il est démontré comment les programmes de lutte contre la traite des personnes ont été fabriqués et médiatisés dans les différents contextes nationaux. En Tunisie, la lutte contre la traite a été traduite autour du récit de la transition démocratique quand, en Côte d'Ivoire, elle s'est construite autour du travail des enfants. Nous interrogeons, dans un second temps, les modalités de mise en œuvre de ces programmes au niveau local, à la fois au niveau des organisations non-gouvernementales mais aussi à l'échelle des associations communautaires. Entre détournements à des fins de protection et réutilisations dans la lutte contre l'immigration, nous interrogerons la diversité des usages de ces programmes par les acteurs associatifs et humanitaires. Plus globalement, cet article, tout en démontrant la manière dont la lutte contre la traite s'est imposée en nouvel outil du contrôle migratoire, contribue également aux débats plus généraux entourant les logiques d'externalisation et d'internalisation du gouvernement international des migrations en Afrique. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The fight against human trafficking is one of the key pillars of the Emergency Trust Fund for Africa (ETF) decided following the 2015 Valletta Summit. Tunisia and Ivory Coast have been two recipient states of multiple funds from the ETF. While these two countries have different migration profiles, they are both considered "problematic" from a migration perspective. In addition to the high proportion of Ivorian and Tunisian nationals in the so-called irregular arrivals on European coasts, there has been a continuous increase in the number of Ivorian nationals arriving in Tunisia since 2011. Based on a 16-month ethnographic survey conducted between Tunisia and Ivory Coast, this article aims to analyse the modalities of implementation of the fight against human trafficking in the associative and humanitarian spaces of the two countries by questioning more particularly the forms of mediation and appropriation of these programmes at the local scale. After having restituted the institutional productions of the two countries in the area of human trafficking, it is shown how these programs have been produced and mediated in the two different national contexts. In Tunisia, the fight against trafficking has been translated around the narrative of the democratic transition, while in Ivory Coast, it has been built around child labour. Secondly, we examine the ways in which these programmes are implemented at the local scale, both at the scale of non-governmental organisations and at the scale of community associations. Between diversions for protection purposes and reuses in the fight against immigration, we will examine the diversity of uses of these programmes by associative and humanitarian actors. More generally, this article, while demonstrating the way in which the fight against trafficking has become a new tool of migration control, also contributes to the more general debates surrounding the logics of externalisation and internalisation of the international migration government in Africa. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/espacepolitique/10981 |