Contenu du sommaire : Après le Sommet de la Valette (2015), quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? + Varia
Revue | L'Espace Politique |
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Numéro | no 46, 2022/1 |
Titre du numéro | Après le Sommet de la Valette (2015), quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? + Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Après le Sommet de la Valette (2015), quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ?
- Après le Sommet de la Valette, quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? - Florence Boyer, Stéphanie Lima, Harouna Mounkaïla Introduction du numéro de la revue L'Espace politique, intitulé « Après le Sommet de la Valette, quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? »Introduction to the special issue “After the Valletta Summit, What Migration Practices and Policies in Africa?”
- Les stratégies de gestion des frontières du Niger à l'ère de l'externalisation des politiques migratoires de l'UE : vers des frontières itinérantes ? - Rhoumour Ahmet Tchilouta Cet article analyse les pratiques de gestion de frontières du Niger au lendemain du Sommet Euro-africain de La Valette de 2015. L'externalisation des frontières européennes dans la bande saharo-sahélienne n'est pas un simple transfert de stratégies ou de technologies du Nord vers le Sud. Elle a engagé un processus de transformation en profondeur des frontières nigériennes, tant dans leurs formes que dans leurs fonctions. Pour étayer cet argument, l'article s'appuie sur une approche méthodologique triangulaire associant l'analyse de la documentation officielle, des observations directes et des entretiens semi-directifs auprès de différents acteurs. L'article met ainsi en exergue la mise en marche d'une frontiérisation inédite et multi-facette du territoire nigérien et soutient qu'elle est organisée selon cinq stratégies distinctes mais complémentaires pour déployer les pratiques frontalières partout dans le territoire. Ces stratégies consistent, 1/ au renforcement des fonctions traditionnelles de la frontière en tant que filtre et limites de l'État-nation, 2/ à l'étirement des pratiques frontalières à l'intérieur des terres à travers la multiplication des checkpoints de la police, 3/ à la création des dispositifs mobiles de contrôle des frontières ainsi que 4/ l'engagement des communautés frontalières dans la gestion des frontières ou encore, 5/ le recours aux dernières technologies en matière de système d'information sur la gestion des frontières. L'article introduit le concept de « frontières itinérantes » pour suggérer que les frontières nigériennes sont désormais envisagées et conçues comme un agrégat de dispositifs mobiles et flexibles capables de se déployer à différentes échelles, dans une dynamique de la ligne à la trace, pour contrôler des corps suspects en mouvement. L'article soutient qu'au Niger, ce ne sont pas les frontières qui structurent les mobilités, au contraire, ce sont les mobilités des « uns » indésirables « ailleurs » qui les fabriquent. Europe, Niger, migration, frontières, externalisation, frontiérisation, frontières itinérantesThis Article analyses Niger's border management practices in the wake of the 2015 Valletta Euro-African Summit. The externalization of European border control in the Sahara-Sahel band is not a straight-forward transfer of strategies or technologies from the North to the South. It has launched a far-reaching transformation of Niger's borders, both in their form and in their function. To make these arguments, the article relies on a triangulated methodological approach mixing the analysis of the official documentation ( program sheets, terms of reference (TOR), project evaluation reports etc.); personals and direct observations in the field, and semi-structured interviews with a range of national and international stakeholders involved in the fight against irregular migration and border management in Niger. Accordingly, the article highlights the setting in motion of an unprecedented and multi-faceted bordering of Niger's territory and argues that it is being implemented according to five distinct but complementary strategies to spread border practices across the territory. These strategies consist of: 1) strengthening the traditional functions of the border as a filter and edge of the nation-state; 2) stretching border practices inland through the multiplication of police checkpoints; 3) creating mobile border control devices to alleviate the limited presence of the state in remote areas; 4) engaging border communities in border management; and 5) using the latest technology for Border Management Information Systems (BMIS). The article introduces the concept of “itinerant borders” to illustrate the way by which Niger's borders are currently envisioned, conceived and deployed. Our analysis findings suggest thinking of them today as an aggregate of mobile and flexible devices which can be deployed at different scales, in a dynamic that goes from the line to the trace, with the aim of controlling suspicious bodies in movement. Finally, the article argues that in Niger, it is not the borders that shape mobilities; rather, it is the mobilities of “some” unwanted “elsewhere” that shape them.
- La gouvernance des migrations subsahariennes au prisme de la politique de dispersion spatiale au Maroc - Sofia El Arabi Le présent article propose une analyse de la gouvernance migratoire subsaharienne à l'aune de la politique de dispersion spatiale comme nouvelle modalité de frontiérisation au Maroc, dans le contexte post-Sommet de La Valette sur les migrations de 2015. En engageant une recherche-action participative sur la période de 2017-2020 auprès d'une cohorte de 215 migrants dispersés par les autorités marocaines et en portant la focale sur deux villes marocaines (Tiznit et Taza), nous explorons le tournant frontalier et territorial au Maroc dans la gestion migratoire. L'évolution des formes et des usages de la frontière euro-marocaine et la biopolitique de la dispersion spatiale opèrent selon une logique de division du travail spatial au service d'un enfermement territorial des migrants. Nous montrons que l'adaptation des frontières nationales au nouveau régime de mobilité, en s'épaississant pour certaines catégories de populations et en s'étiolant pour d'autres, s'inscrit dans un nouveau cadre de gouvernance migratoire locale élaboré sur la base de la territorialisation. L'analyse du nexus protection-développement nous renseigne sur la rhétorique de la fixation des migrants dispersés au Maroc et sur la mobilité forcée comme nouvel instrument d'un soft geopower.This article provides an analysis of sub-Saharan migration governance in the light of the policy of spatial dispersal as a new modality of bordering in Morocco, in the post-2015 Valletta Migration Summit context. By conducting participatory action research over the period 2017-2020 with a cohort of 215 migrants dispersed by Moroccan authorities and focusing on two Moroccan cities (Tiznit and Taza), we explore the border and territorial turn in Morocco in migration management. The evolution of the forms and uses of the Euro-Moroccan border and the biopolitics of spatial dispersal operate according to the logic of division of spatial labour serving a territorial confinement of migrants. We show that the adaptation of national borders to the new mobility regime, by thickening for certain categories of individuals and weakening for others, is part of a new framework of local migratory governance developed on the basis of territorialization. The analysis of the protection-development nexus informs us of the rhetoric of the fixation of dispersed migrants in Morocco and about forced mobility as a new instrument of a soft geopower.
- La mise en œuvre du plan d'actions de la Valette au Mali : Initiatives de dissuasion migratoire et de « réinsertion » des migrants de retour pour quel résultat ? - Boulaye Keita, Soumana A. Maïga La rencontre multilatérale tenue à Valette en novembre 2015 sur la gouvernance globale des migrations, a débouché sur une déclaration politique et un plan d'actions prouvant l'engagement de différentes parties, à travailler sur les défis communs de la migration. Parmi les projets issus de ce plan d'actions, le Mali en a bénéficié une dizaine dont la mise en œuvre est principalement assurée par les agences bi et multilatérales et les ONG européennes. Après cinq ans du sommet de la Valette, cet article examine à partir d'une méthodologie mixte, les différents projets mis en œuvre au Mali. L'objectif est de mettre en lumière les logiques d'acteurs, les acquis, les limites et les perspectives dans le contexte malien. La principale idée soutenue est que le sommet de la Valette a constitué pour le Mali une réactivation des questions migratoires sur lesquelles, il a déjà tranché par son refus de signer tout accord de réadmission. Néanmoins, la mise en œuvre du plan d'actions de la Valette, s'il ne renvoie pas à un tel accord, son résultat le plus visible est le renforcement des migrations de retour en provenance des pays du Maghreb.The multilateral meeting held in Valetta in November 2015 on the global governance of migration, resulted in a political declaration and an action plan demonstrating the commitment of different parties, to work on the common challenges of migration. Among the projects stemming from the Valetta action plan, Mali has benefited from about ten whose implementation is mainly ensured by bi-and multilateral agencies and Europeans NGOs. After five years of the Valetta summit, this article examines, using a mixed methodology, the various projects implemented in Mali. The objective is to shed light on the logic of the actors, the achievements, the limits, and the prospects in the Malian context. The main idea supported is that the Valletta summit constituted for Mali a reactivation of migration issues on which it has already decided by its refusal to sign any readmission agreement. Nevertheless, the implementation of the Valletta action plan, if it does not refer to such an agreement, its most visible result is the strengthening of return migration from the Maghreb countries.
- Les « retours volontaires » de l'OIM à partir du Niger : un dispositif approprié par les migrants ? - Atsu Venunye Bassah Cet article propose une réflexion sur le programme d'Assistance au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) des migrants assistés au Niger par l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) financé par le Fonds fiduciaire d'urgence (FFU) de l'Union Européenne (UE). Le Niger, tout comme d'autres États africains est confronté au défi de la « gestion » des « flux migratoires » et subi les effets pervers de l'externalisation des politiques migratoires européennes. Le programme AVRR est utilisé comme un outil, basé sur la caractère présupposé « volontaire » du retour pour contrôler et gérer la migration dite « irrégulière », avec des résultats inverses. Plutôt que de revenir sur toutes les critiques déjà formulées à l'endroit de ce programme qui renforce la migration « irrégulière » au lieu de la réduire, notre objectif est d'analyser l'impact du FFU sur le contrôle des flux migratoires et l'instrumentalisation de ce programme par les migrants. Basé sur une enquête qualitative, notre regard se nourrit d'entretiens semi dirigés et d'observations menées avec des migrants au Niger entre 2017 et 2020. Ces entretiens ont été initiés sur deux périodes différentes à Niamey et Agadez. Primo dans le cadre de nos recherches de Master ; secundo pour notre recherche doctorale où nous avons recueilli la perception des migrants sur ce programme.. Ainsi, le changement d'identité et parfois de nationalité sont des moyens utilisés fréquemment par ces derniers comme stratégies pour bénéficier de cette assistance puis de la réintégration. En définitive, à travers ce programme, le FFU visant à assigner à résidence les migrants dans les pays de départ a davantage entraîné l'incitation au départ en migration des « non migrants » ou potentiellement migrants et la ré-migration des anciens migrants déjà assistés au Niger.This contribution proposes a reflection on the Assisted Voluntary Return and Reintegration (AVRR) program for migrants assisted in Niger by the International Organization for Migration (IOM) to their countries of origin financed by the Trust Fund of emergency (FFU) of the European Union (EU). Niger, as some African states, is faced with this great challenge of “managing” “migratory flows” and suffered the perverse effects of European migration policies. The AVRR program is used as a tool to control and manage irregular migration which, instead of reducing it, reinforces it. Rather than going back over all the criticisms already formulated regarding this program and the "voluntary" nature of the return, our objective is to analyze the impact of the EUTF in the context of the control of migratory flows and the instrumentalization of these programs by migrants. Based on an ethnographic survey, our view in this text is nourished by semi-directed interviews and observations carried out with migrants in Niger between 2017- 2020. These interviews were initiated over two different periods in Niamey and Agadez. Primo as part of our Master's research; and secondly for the Doctorate where we collected the perception of migrants on this return program. The change of identity and sometimes of nationality are means often used by the latter as strategies to benefit from this assistance and then from reintegration. Also, the EUTF aimed at assigning migrants to residence in the countries of departure has led to the encouragement of the departure on migration of "non-migrants" or potential migrants and the re-migration of former migrants already assisted through this program in Niger.
- Fabriquer la traite, négocier la protection : échelles, acteurs et enjeux d'un dispositif transnational de contrôle des mobilités (Tunisie, Côte d'Ivoire) - Camille Cassarini La lutte contre la traite des personnes est un des piliers essentiels du Fonds Fiduciaire d'Urgence pour l'Afrique (FFUA) décidé à la suite du Sommet de La Valette de 2015. La Tunisie et la Côte d'Ivoire ont été deux États récepteurs de multiples fonds issus du FFU. Si ces deux pays présentent des profils migratoires différents, ils sont tous les deux considérés comme « problématiques » du point de vue migratoire. À la forte proportion de ressortissants ivoiriens et tunisiens dans les arrivées dites irrégulières sur les côtes européennes, s'ajoute l'arrivée, en constante augmentation depuis 2011, de très nombreux ressortissants ivoiriens en Tunisie. Se basant sur une enquête ethnographique de 16 mois menée entre la Tunisie et la Côte d'Ivoire, cet article se propose d'analyser les modalités de mise en œuvre de la lutte contre la traite des personnes dans les espaces associatifs et humanitaires des deux pays en questionnant plus particulièrement les formes de médiation et d'appropriation de ces programmes au niveau local. Après avoir restitué dans un premier temps les productions institutionnelles des deux pays dans le domaine, il est démontré comment les programmes de lutte contre la traite des personnes ont été fabriqués et médiatisés dans les différents contextes nationaux. En Tunisie, la lutte contre la traite a été traduite autour du récit de la transition démocratique quand, en Côte d'Ivoire, elle s'est construite autour du travail des enfants. Nous interrogeons, dans un second temps, les modalités de mise en œuvre de ces programmes au niveau local, à la fois au niveau des organisations non-gouvernementales mais aussi à l'échelle des associations communautaires. Entre détournements à des fins de protection et réutilisations dans la lutte contre l'immigration, nous interrogerons la diversité des usages de ces programmes par les acteurs associatifs et humanitaires. Plus globalement, cet article, tout en démontrant la manière dont la lutte contre la traite s'est imposée en nouvel outil du contrôle migratoire, contribue également aux débats plus généraux entourant les logiques d'externalisation et d'internalisation du gouvernement international des migrations en Afrique.The fight against human trafficking is one of the key pillars of the Emergency Trust Fund for Africa (ETF) decided following the 2015 Valletta Summit. Tunisia and Ivory Coast have been two recipient states of multiple funds from the ETF. While these two countries have different migration profiles, they are both considered "problematic" from a migration perspective. In addition to the high proportion of Ivorian and Tunisian nationals in the so-called irregular arrivals on European coasts, there has been a continuous increase in the number of Ivorian nationals arriving in Tunisia since 2011. Based on a 16-month ethnographic survey conducted between Tunisia and Ivory Coast, this article aims to analyse the modalities of implementation of the fight against human trafficking in the associative and humanitarian spaces of the two countries by questioning more particularly the forms of mediation and appropriation of these programmes at the local scale. After having restituted the institutional productions of the two countries in the area of human trafficking, it is shown how these programs have been produced and mediated in the two different national contexts. In Tunisia, the fight against trafficking has been translated around the narrative of the democratic transition, while in Ivory Coast, it has been built around child labour. Secondly, we examine the ways in which these programmes are implemented at the local scale, both at the scale of non-governmental organisations and at the scale of community associations. Between diversions for protection purposes and reuses in the fight against immigration, we will examine the diversity of uses of these programmes by associative and humanitarian actors. More generally, this article, while demonstrating the way in which the fight against trafficking has become a new tool of migration control, also contributes to the more general debates surrounding the logics of externalisation and internalisation of the international migration government in Africa.
- Après le Sommet de la Valette, quelles pratiques et politiques migratoires en Afrique ? - Florence Boyer, Stéphanie Lima, Harouna Mounkaïla
Varia
- Travailler la terre oasienne - Irène Carpentier Ressource centrale de l'agriculture oasienne, la main-d'œuvre reste peu audible, tant dans le champ académique que dans les débats publics post-2011 en Tunisie. Fondé sur un important travail d'enquêtes mené à Tozeur et Gabès, cet article vise à croiser les perspectives des travailleurs et propriétaires dans les oasis sur le rôle de la main-d'œuvre agricole afin d'éclairer les recompositions récentes d'un conflit social ancien, illustrant les mutations des mondes agricoles tunisiens dans la période postrévolutionnaire. Traversées par les enjeux environnementaux et les dynamiques contestataires propres à cette période, les oasis illustrent la difficile quête vers plus d'équité sociale d'un groupe dominé comme les travailleurs agricoles, aux savoir-faire pourtant clés pour l'agriculture et la durabilité de l'oasis. Après la présentation des facteurs et effets de ce conflit à Gabès et Tozeur, et l'analyse des enjeux liés au travail agricole dans la pérennité des systèmes, la focalisation sur la situation des khammes de Tozeur, métayers au cinquième, permet de mettre en lumière les limites de ces aspirations locales à l'équité, prises entre la force de leur ancrage dans l'espace des jardins, et leurs incapacité ou fragilité à sortir en dehors des palmeraies.Central resource of oasian agriculture, agricultural workforce remains quite inaudible, both in the academic field and in post-2011 public debates in Tunisia. Based on the case of Tozeur and Gabes, this article aims to cross the perspectives of workers and landowners in the oases on the role of agricultural workforce, in order to highlight the emergence of a localized conflict, rooted in renegotiated power relations. Marked by environmental issues and specific dynamics of post-2011 protests in Tunisia, the oases case study illustrates the complex quest towards more social justice by a dominated group such as agricultural workers, who possess key know-how for oasian agriculture and its sustainability. After a presentation of the factors and effects of this conflict in Gabes and Tozeur, and the analysis of the divergent territorialities of the different actors with regard to agricultural work, we focus on the khammes's situation, sharecroppers to the fifth in Tozeur, so as to highlights the ambivalence of a social movement characterized both by its fragility outside the palm groves, and by its strong anchoring inside the gardens.
- Le modèle urbano-industriel et l'émergence de nouveaux conflits métropolitains. Le cas de la ville de Querétaro, au Mexique - Edgar Belmont Cortés, Mónica Ribeiro Palacios La croissance urbano-industrielle de la ville de Querétaro (Mexique) s'inscrit dans le processus de mondialisation économique et d'expansion du capital financier. Cet article rend compte de la logique qui régit la construction des clusters industriels et des lotissements sociaux, en tant qu'espaces fermés et privatisés, ainsi que des tensions créées par la métropolisation néolibérale. La mondialisation a un impact sur le territoire et les systèmes urbains (Pinson, 2021). L'enquête de terrain menée dans le lotissement social de La Pradera permet d'affirmer que même si cet espace correspond au modèle néolibéral de la ville, il implique des résistances (individuelles et collectives) et des revendications autour de l'accès aux services publics. Ces résistances et revendications expriment le désir d'habiter autrement dans des espaces privatisés, reposant sur une logique financière. En outre, elles remettent en question les logiques de ségrégation produites par le marché immobilier.The urban-industrial growth of the city of Querétaro (Mexico) corresponds to the process of economic globalisation and the logic of financial capital. The article reports on the logic behind the construction of industrial parks and 'housing lots' or estates as closed and privatised spaces, both components of neo-liberal metropolisation. On the basis of the research work carried out in the La Pradera housing lots, the logic of real estate capital and the production of conflicts that challenge the processes of the precarisation of life as well as the excluding logics of the real estate market are visible. The demand for access to green spaces and public services on a continuous basis establishes the debate to concretise the public character and the desire to live differently from the impositions of the market.
- Femmes et transformation artisanale des poissons pélagiques au Sénégal : un secteur à bout de souffle - El Hadj Bara Dème, El Hadji Sow, Lovelie Licette, Nogaye Dia, Pierre Failler L'objectif de cet article est de présenter les tensions du marché de la transformation artisanale de produits halieutiques face à un accès de plus en plus difficile à la matière première au Sénégal : les poissons pélagiques. La méthode a consisté à compiler et analyser les données statistiques sur l'approvisionnement en matière première des femmes transformatrices, et collecter des informations qualitatives auprès des acteurs de la pêche sur la situation de la filière. Globalement, il ressort des données statistiques que l'approvisionnement du segment de la transformation artisanale en matière première a chuté de moins de 20 % ces dix dernières années. Ainsi, il est passé de 65 000 tonnes en 2009 à moins de 41 000 tonnes en 2018. Une baisse liée au contexte de surexploitation des poissons pélagiques et l'apparition de nouveaux usages. Les informations collectées sur le terrain montrent que les femmes transformatrices sont aussi confrontées à la hausse des prix des consommations intermédiaires, spécialement le combustible avec les restrictions de coupe de bois sur le littoral sénégalais. Les femmes transformatrices sont aussi très exposées à la précarité et insalubrité des aires de transformation artisanale. Autant d'éléments qui compromettent sérieusement la durabilité et l'économie de l'activité de la transformation artisanale des poissons pélagiques. Dans le contexte actuel de promotion de l'emploi des femmes et de leur autonomisation économique, le segment de la transformation artisanale doit être encadré par des politiques publiques fortes pour une durabilité de l'activité.The objective of this article is to present the tensions of the artisanal fish processing market in the face of increasingly difficult access to raw material in Senegal: pelagic fish. The method consisted of compiling and analyzing statistical data on the supply of raw material to women processors, and collecting qualitative information from fisheries stakeholders on the situation of the sector. Overall, the statistical data show that the supply of raw material to the artisanal processing segment has fallen by less than 20% over the last ten years. Thus, it went from 65,000 tonnes in 2009 to less than 41,000 tonnes in 2018. A decline linked to the context of overexploitation of pelagic fish and the emergence of new uses. The information collected in the field shows that women processors are also confronted with the increase in the price of intermediate consumption, especially fuel, with the restrictions on wood cutting on the Senegalese coast. Women processors are also very exposed to the precariousness and insalubrity of artisanal processing areas. All these elements seriously compromise the sustainability and the economy of the artisanal processing of pelagic fish. In the current context of promoting women's employment and their economic empowerment, the artisanal processing segment must be supported by strong public policies for the sustainability of the activity.
- Travailler la terre oasienne - Irène Carpentier