Titre | Tes problèmes seront les miens. Patience et longueur de temps dans l'engagement interdisciplinaire en études environnementales | |
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Auteur | Alix Levain | |
Revue | Tracés | |
Numéro | Hors-série no 22, 2022 L'interdisciplinarité « en effet » : sciences sociales, sciences naturelles | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 75-95 | |
Résumé |
Aux chercheur.es qui se penchent sur la crise environnementale contemporaine, qu'il s'agisse d'en décrire les manifestations, d'en identifier les ressorts, d'en questionner les implications, l'interdisciplinarité se présente souvent comme un impératif axiologique et pratique : il est généralement admis que la complexité des problèmes environnementaux obligerait à faire travailler ensemble les disciplines – en particulier, celles qui relèvent du champ des sciences humaines et sociales (SHS), et celles qui relèvent du champ des sciences biologiques et physiques. Cette contribution aborde l'une des voies souterraines par lesquelles la crise environnementale constitue un opérateur de transformation des collaborations scientifiques, à partir d'une observation participante d'une dizaine d'années au sein de collectifs de recherche sur les pollutions diffuses d'origine agricole en Bretagne. J'aborderai la crise environnementale comme génératrice d'un horizon d'attente spécifique (Koselleck, 1990), qui transforme le rapport au temps des chercheur.es impliqué.es, déstabilise leur rapport à leurs objets d'étude, et suscite un supplément d'inquiétude sur la validité, la complétude, la légitimité des savoirs routiniers qu'ils et elles produisent. Dans une telle perspective, l'interdisciplinarité avec les SHS se formule davantage comme un désir (aujourd'hui largement normé), qu'elle ne dessine a priori un agir scientifique anthropocénique adéquat, tant les perspectives concrètes d'articulation entre objectivation et intersubjectivation que de telles collaborations impliquent restent difficiles à penser et à justifier dans les cadres de la recherche institutionnalisée. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Interdisciplinarity is often seen as an axiological and practical imperative by researchers studying the contemporary environmental crisis, whether this involves describing its manifestations, identifying its causes, or questioning its implications. It is generally accepted that the complexity of environmental problems requires collaboration between different academic disciplines, particularly social sciences and humanities (SSH) and biological and physical sciences. Based on a ten-year participant observation study in research groups on nonpoint source pollution of agricultural origin in Brittany (France), this contribution discusses one of the hidden ways in which the environmental crisis acts as an driver of change in academic collaborations. I will consider the environmental crisis as the creator of a specific horizon of expectation (Koselleck, 1990), which changes the relationship to time of the researchers involved, destabilises their relationship with their research topics, and raises additional concerns as to the validity, completeness and legitimacy of the routine knowledge they produce. In this perspective, interdisciplinarity with the SSH is expressed more as a desire (now largely normalised) than an appropriate a priori Anthropocenic academic action, since the real prospects of linkage between objectification and inter-subjectification that such collaborations involve remain hard to imagine and justify within the framework of formal research. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/traces/14771 |