Titre | La constitution matérielle de la démocratie | |
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Auteur | Édouard Delruelle | |
Revue | Raisons Politiques | |
Numéro | no 91, août 2023 Actualités de Claude Lefort | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Page | 93-107 | |
Résumé |
En partant de la définition de la démocratie de Claude Lefort comme « institutionnalisation du conflit », l'article se propose de montrer la fécondité d'une approche du politique et du droit en termes de « constitution matérielle », un concept qui fait aujourd'hui l'objet d'un réinvestissement remarquable en théorie du droit. Contre le constitutionnalisme libéral et le normativisme kelsénien, il s'agit de montrer que la forme d'une constitution (monarchie, aristocratie ou démocratie) est indissociable de la matérialité des conflits qui la traversent, c'est-à-dire du jeu toujours ouvert entre les trois pôles de pouvoir que sont le pouvoir politique, le pouvoir propriétaire et le pouvoir social (chez Machiavel : le prince, les grands et le peuple). On montrera ainsi que toute constitution est une constitution « mixte » qui distribue le pouvoir de manière variable entre chacun de ces trois pôles, qui réalise l'équilibre (toujours instable) des corps sociaux et politiques, entre « pouvoir de fait » et « pouvoir légitime ». Comme chez Claude Lefort, le but est de repenser la démocratie en opérant un déplacement par rapport aux doctrines de la souveraineté populaire (inspirées de Rousseau), d'un côté, et aux théories libérales de l'État de droit (héritières de Locke), d'un autre côté. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Starting from Claude Lefort's definition of democracy as the “institutionalisation of conflict”, the article sets out to show the fruitfulness of an approach to politics and law in terms of the “material constitution”, a concept that now makes a remarkable return in legal theory. Against liberal constitutionalism and Kelsenian normativism, the aim is to show that the form of a constitution (monarchy, aristocracy or democracy) is inseparable from the materiality of the conflicts that characterise it, between the three poles of power: political power, proprietary power and social power (in Machiavelli: the prince, the few and the many). We will thus show that any constitution is a “mixed” constitution that distributes power between each of these three poles, that achieves the (always unstable) balance of social and political bodies, and between “de facto power” and “legitimate power”. As with Claude Lefort, the goal is to rethink democracy by moving away from the doctrines of popular sovereignty (inspired by Rousseau), on the one hand, and liberal theories of the rule of law (heir to Locke), on the other. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_091_0093 (accès réservé) |