Contenu de l'article

Titre Faire avec le dégoût : le rôle des socialisations dans la désinfection des lieux après décès
Auteur Sophie Denave
Mir@bel Revue Sociologie du travail
Numéro vol. 65, no 4, octobre-décembre 2023 Les Cinq sens au travail
Rubrique / Thématique
Les Cinq sens au travail
Résumé L'article porte sur les conditions de réalisation de l'activité de nettoyage et désinfection des lieux après décès, spécialité professionnelle en développement en France depuis une dizaine d'années. Ce service, proposé aux familles comme aux bailleurs sociaux (ou autres organismes), exige la confrontation des techniciens aux odeurs pestilentielles, à la vue du sang et à la manipulation des restes humains qu'ils sont chargés d'éliminer. Devant à la fois se protéger sur les plans physique et psychique de cette proximité avec les déchets biologiques et la mettre à profit pour parfaire leur travail, ils adaptent leurs équipements et techniques de protection. Si au fur et à mesure des interventions ils s'accommodent, sans jamais s'y habituer, des fortes contraintes sensorielles, c'est en raison de dispositions à l'effort et au dépassement de soi intériorisées lors des socialisations antérieures et renforcées au cours des expériences professionnelles. Originaires des classes populaires ou des petites classes moyennes, et issus de secteurs professionnels relativement proches comme les pompes funèbres ou le secteur de la propreté, ils sont déjà rôdés à des expériences olfactives, visuelles ou tactiles de même nature ou apparentées.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article deals with the conditions for carrying out the activity of cleaning and disinfecting premises following a death, a professional speciality that has been developing in France over the last ten years. This service offered to families as well as to social landlords (or other organisations) requires technicians to be confronted with pestilential odours, the sight of blood and the handling of human remains that they are called upon to eliminate. Since they have to protect themselves physically and psychologically from this proximity to biological waste and use it to their advantage so as to improve their work, they adapt their protective equipment and techniques. If, as the work progresses, they cope with the strong sensory constraints without ever getting used to them, it is because of their propensity to make an effort and to surpass themselves, internalised during their previous socialization and reinforced during their professional experiences. Coming from the working classes or the lower middle classes, and from relatively similar professional sectors such as the funeral service or cleaning sectors, they are already used to olfactory, visual or tactile experiences of the same or related nature.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/sdt/44673