Titre | Les mobilisations anticommunistes dans l'espace politique européen après la guerre froide | |
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Auteur | Laure Neumayer | |
Revue | Critique internationale | |
Numéro | no 101, octobre-décembre 2023 | |
Rubrique / Thématique | Varia |
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Page | 99-122 | |
Résumé |
Dès le début des années 1990, les assemblées européennes ont été investies par de nouveaux élus exigeant que le Conseil de l'Europe et l'Union européenne intègrent les violences politiques de la période socialiste dans leur récit historique officiel et adoptent des mesures juridiques, voire judiciaires, pour en gérer les héritages. Ces entrepreneurs de mémoire anticommunistes, pour la plupart des conservateurs issus d'États centre-européens, ont remodelé la politique mémorielle européenne à partir d'espaces sociaux interconnectés – institutions européennes, partis politiques paneuropéens et réseaux militants transnationaux. L'approche biographique met en lumière les logiques de spécialisation et de professionnalisation de ces néophytes, qui leur ont permis de redéfinir un récit historique auparavant centré sur la singularité de la Shoah. Mais les entrepreneurs de mémoire ont été confrontés à deux séries de contraintes, liées respectivement aux règles du jeu politique européen et au poids des normes mémorielles ouest-européennes, qui éclairent le demi-succès de leurs mobilisations dans les arènes institutionnelles européennes. Aucune de leurs revendications reposant sur le droit n'a abouti, tandis que leur critique du communisme s'est trouvée englobée dans une condamnation générale des dictatures passées et un hommage indifférencié à leurs victimes. La consécration d'un discours antitotalitaire, associée à l'affirmation du double héritage victimaire de l'Europe centrale, a cependant redynamisé la cause anticommuniste dans l'Europe de l'après-guerre froide. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In the early 1990s, a new constellation of actors entered transnational European assemblies. Newly elected representatives from the former Eastern bloc, mostly of conservative leaning, demanded that the Council of Europe and the European Union include the political violence of the Socialist period in their official historical narratives and adopt legal and judicial measures to deal with their legacies. These anti-Communist memory entrepreneurs reshaped European memory politics thanks to the positions they held in interconnected social spaces – European institutions, pan-European political parties, and transnational activist networks. I argue that the gradual specialisation and professionalisation of these neophytes enabled them to redefine a historical narrative previously focused on the uniqueness of the Holocaust. But memory entrepreneurs faced two sets of constraints, linked respectively to the rules of the European political game and to the weight of Western European memorial standards, which account for the half-success of their mobilisations in European institutional arenas. None of their legal claims were met and their criticism of Communism was diluted in a blanket condemnation of past dictatorships and an undifferentiated tribute to their victims. However, the consecration of an anti-totalitarian discourse that put Communism on a par with Nazism and asserted the double victimhood of Central Europe reinvigorated the anti-Communist cause in post–Cold War Europe. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CRII_101_0099 (accès réservé) |