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Titre L'art d'écrire les sciences sociales : remettre en cause la politique du style dominante
Mir@bel Revue Cultures & conflits
Numéro no 129, printemps 2023
Rubrique / Thématique
Varia
Page 11-40
Résumé En examinant de manière critique les consignes dictées par les revues dominantes, tant sur le fond que sur le style, cet article interroge ce que signifie écrire des sciences sociales au XXIe siècle. La production et la diffusion académiques s'effectuent désormais régulièrement au-delà des frontières nationales, l'anglais étant souvent la lingua franca de ces échanges mondiaux. Bien qu'il ne s'agisse que d'un des effets de cette restructuration, les revues universitaires sont devenues plus transnationales, tant au regard des auteurs et des autrices dont elles publient les travaux que du lectorat qu'elles cherchent à attirer. Alors que l'on pourrait s'attendre à ce que cette « mondialisation » des sciences sociales conduise à une plus grande circulation des traditions disciplinaires nationales et à de multiples manifestations d'hybridation culturelle, nous assistons au contraire à l'imposition d'un mode de fonctionnement des sciences sociales curieusement singulier et harmonisé, qui favorise les revues anglophones actuellement dominantes dans les classements. Paradoxalement, les normes relatives à la longueur d'un article scientifique ou encore à la manière de formuler un argument sont à la fois familières et intimement connues, tout en restant opaques et d'origine inconnue. Elles semblent neutres ou se présentent comme telles. Pourtant, en interrogeant les origines socio-contextuelles de ces règles qui façonnent si fortement le monde de l'édition universitaire et, osons le dire, du raisonnement, nous souhaitons poser des questions sur les conditions du présent et sur la naturalisation des normes de rédaction d'un article scientifique. En conclusion de cette exploration, nous suggérons des pistes alternatives qu'une nouvelle revue telle que la nôtre se doit de présenter.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Through a critical engagement with substantive and stylistic guidelines dictated by dominant journals in the social sciences, this article enquires on what it means to write like a social scientist in the twenty-first century. Academic production and diffusion now regularly take place beyond and across national borders, with English of ten standing in as the lingua franca of these global exchanges. Though just one effect of this restructuration, academic journals have become more transnational in scope with regards to the authors whose work they publish and the audiences whose readership they seek to attract. However, while one could expect the “globalization” of the social sciences to lead to the transnational circulation of national disciplinary traditions and perhaps multiple manifestations of cultural hybridization, we are instead witnessing the imposition of a strangely singular and harmonized mode of doing the social sciences. Paradoxically, standards of how long a scientific article should be or how one should fashion an argument are so familiar and intimately known, yet curiously opaque and of unknown origins. In interrogating the historical-contextual origins of conventions that so strongly shape the world of academic publishing and, dare we say, reasoning, we raise questions about the conditions of the present and the naturalization of standards on how to write a scientific article. As a consequence of this exploration, we propose alternative guidelines that a new journal such as ours has to present to its anticipated authors and readers.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CC_129_0011 (accès réservé)