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Auteur Hugues de Jouvenel
Mir@bel Revue Futuribles
Numéro no 457, novembre-décembre 2023 Europe : quelle autonomie dans un monde turbulent ?
Rubrique / Thématique
Dossier. Europe : quel rapatriement des chaînes de valeur ?
Page 33-34
Résumé La mondialisation et l'essor des échanges commerciaux internationaux étaient des tendances lourdes des dernières décennies du siècle passé, notamment sous l'effet de l'éclatement des chaînes de valeur. Mais la pandémie de Covid, puis la guerre en Ukraine et les tensions entre la Chine et les États-Unis, ainsi que les politiques que ces deux pays ont adoptées, ont suscité depuis quelque temps en Europe une inquiétude et un espoir : une inquiétude depuis que l'Union européenne s'est rendu compte qu'elle était tributaire, par exemple pour ses approvisionnements en produits pharmaceutiques, d'ingrédients actifs qu'elle devait importer ; un espoir, celui de réussir à opérer une relocalisation de la production sur son territoire et, à défaut, de diversifier l'origine de ses importations. Les avantages de l'étalement des chaînes de valeur se sont alors révélés moindres que les inconvénients, la situation devenant nuisible à l'autonomie stratégique de l'Europe, à celle de ses États membres et à celle de ses entreprises. Comment donc ont évolué ces chaînes de valeur depuis cette prise de conscience et les résolutions alors adoptées, y compris le plan de relance de l'Union européenne (NextGenerationEU) adopté en décembre 2020, la « Facilité pour la reprise et la résilience » (REPowerEU), entrée en vigueur en février 2021, et sa déclinaison dans les pays membres ? Rappelons enfin, sur ce dossier, que le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), 15 jours avant le sommet du G20 à New Dehli des 9 et 10 septembre 2023, s'alarmaient d'un commerce mondial de plus en plus « fragmenté » ? Dénonçant le « découplage technologique », Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, écrivait, fin août : « À mesure que les échanges commerciaux diminuent et que les barrières augmentent, la croissance mondiale sera durement touchée. » Elle estime que « la croissance économique mondiale d'ici 2028 ne dépassera pas 3 % par an, soit la prévision quinquennale la plus basse des trois dernières décennies »1 . À quoi la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, répond : « Nous ne chercherons jamais à découpler ou à freiner l'économie chinoise » ; ajoutant : « nous ne faisons aucun compromis ni ne négocions en matière de sécurité nationale »… Afin d'amorcer la réflexion sur le sujet des dépendances stratégiques, nous publions dans ce bref dossier deux articles : l'un de Vincent Vicard et Pauline Wibaux, du CEPII (Centre d'études prospectives et d'informations internationales) ; l'autre d'Aymeric Lachaux, de la direction générale du Trésor. H.J.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Globalization and a boom in international trade were major trends of the last decades of the past century, as a result, among other things, of the fragmentation of value chains. However, the Covid pandemic, followed by war in Ukraine and the tensions between China and the USA, together with the policies adopted by those two countries, have given rise to both a worry and a hope. A worry, on the one hand, since the EU realized that it was dependent, for example, for its supplies of pharmaceutical products, on active ingredients that it needed to import. A hope, on the other, that it could bring production back to its own territory and, failing that, diversify the origin of its imports. It became apparent at that point that the disadvantages of extending its value chains had been greater than the advantages, with the situation evolving to be detrimental to the strategic autonomy of Europe, its member states and its businesses. How, then, have these value chains changed since that realization and the resolutions adopted at the time, including the European Union's recovery plan (NextGenerationEU) adopted in December 2020, the ‘recovery and resilience facility' (REPowerEU), established in February 2021, and its roll-out in the member states? Let us recall, lastly, that, a fortnight before the G20 Summit in New Delhi on 9-10 September 2023, the International Monetary Fund (IMF) and the World Trade Organization (WTO) were sounding the alarm over world trade becoming increasingly ‘fragmented'. Bemoaning ‘technological decoupling', Kristalina Georgieva, Managing Director of the IMF, wrote in late August, that ‘as trade falls and barriers rise, global growth will take a severe hit.' She estimates that ‘annual global GDP growth in 2028 will be only three percent — the IMF's lowest five-year-ahead forecast in the past three decades'. To which the American Commerce Secretary Gina Raimondo, replies: ‘We do not seek to decouple or to hold China's economy back,' adding, ‘we will never of course compromise in protecting our national security'. In order to initiate thinking on the question of strategic dependency, we are publishing two articles in this brief dossier: one by Vincent Vicard and Pauline Wibaux of the CEPII (the leading French center for research and expertise on the world economy), the other by Aymeric Lachaux of the Treasury Department of the French Finance Ministry.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FUTUR_457_0033 (accès réservé)