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Titre La recomposition du Moyen-Orient : quel avenir pour l'ordre milicien ?
Auteur Adel Bakawan
Mir@bel Revue Confluences Méditerranée
Numéro no 127, hiver 2023-2024 Dossier. Tournants au Moyen-Orient
Page 119-133
Résumé Dans les cinq pays analysés (Liban, Syrie, Yémen, Libye, Irak) les milices ne se positionnent pas en opposition à et n'entrent pas dans un registre conflictuel avec l'État, mais prétendent au contraire être ses gardiennes et protectrices. De ce fait, elles s'efforcent d'obtenir le monopole de coercition en empêchant d'autres acteurs d'y avoir accès. Elles s'imposent aux sociétés pour faire respecter leur vision du monde ainsi que leur système de gouvernance. Le mode de domination milicienne combine le contrôle coercitif à diverses formes de légitimation. Toutefois, réduire l'ordre milicien uniquement à son aspect militaire est un obstacle épistémologique à éviter. Certes, le domaine militaire est son premier champ d'action, mais il est indéniable que les milices peuvent également exiger des contributions financières de la population sans offrir de contrepartie, édicter ou modifier les lois auxquelles la collectivité doit se soumettre, revendiquer le pouvoir de juger et de punir, ainsi que concevoir des orientations majeures et des macro-stratégies de l'historicité qui engagent l'ensemble de la société. À leur échelle nationale respective, les facteurs favorisant l'ascension de l'ordre milicien sont nombreux, complexes et variés. De l'effondrement de l'État aux problèmes sociaux, de l'échec du Printemps arabe au désengagement de la nouvelle génération, il existe une réalité objective qui facilite la milicisation du Moyen-Orient. Cependant, force est d'admettre que, malgré des réalités objectives internes à chaque pays, l'Iran, en tant que puissance régionale, joue aussi un rôle déterminant dans la conception, la mise en œuvre, le déploiement, la gestion et l'orientation de l'ordre milicien du Moyen-Orient.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Across the five countries examined —Lebanon, Syria, Yemen, Libya and Iraq — the militias assert themselves not as adversaries of the state but as its custodians and defenders. Their aim is to secure exclusive control over the use of force, preventing other actors from wielding it. They assert influence over societies, enforcing their worldview and governance structure. Militia dominance combines coercive authority with diverse forms of legitimation. However, reducing the militia order solely to its military aspect is an epistemological challenge to be avoided. While their primary arena of operation lies within the military sphere, it is evident that militias extend their influence by extracting financial contributions from the population without offering anything in return, shaping or revising the laws that govern communities, asserting the authority to judge and penalise, and devising overarching orientations and historical strategies that bind entire societies. At the national level, the factors contributing to the rise of the militia order are multifaceted, intricate, and diverse. Ranging from state collapses to societal issues, from the failure of the Arab Spring to the disengagement of newer generations, there is an objective reality that facilitates the militarisation of the Middle East. Nevertheless, it is crucial to acknowledge that despite the internal realities unique to each country, Iran, as a regional power, plays a decisive role in conceptualising, implementing, deploying, overseeing, and guiding the trajectory of the militia order in the Middle East.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COME_127_0119 (accès réservé)