Titre | Les passions migratoires du Parlement européen | |
---|---|---|
Auteur | Amandine Le Bellec | |
Revue | Négociations | |
Numéro | no 39, 2023/1 Émotions et négociations | |
Page | 65-83 | |
Résumé |
Le Parlement européen est connu pour sa culture du compromis et de la négociation pacifiée. Dans ce contexte, il serait tentant d'y considérer les discours émotionnels comme une anomalie démocratique engendrée par l'institutionnalisation des partis populistes, notamment de droite radicale. À partir d'une analyse qualitative des négociations parlementaires portant sur le droit d'asile lors de la législature en cours (2019–2024), cet article porte un regard critique sur les discours associant émotions et « crise » de la démocratie européenne. Il montre non seulement que les émotions ne sont pas l'apanage de la droite radicale mais aussi que la prise en compte de celles-ci permet d'éclairer des rôles et des projets politiques distincts au sein d'un Parlement souvent critiqué pour son illisibilité idéologique. Cette prise en compte du fait émotionnel, toutefois, ne doit pas conduire le chercheur à sous-estimer les situations où l'émotivité est volontairement « limitée » par ses usagers, celle-ci faisant partie intégrante du registre de l'hégémonie politique en situation de négociation. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
The European Parliament is known for its culture of compromise. In that context, it would be tempting to consider emotional discourses as a democratic anomaly that would reveal the influence of radical right populist parties at the supranational level. Based on a qualitative analysis of debates on asylum in the ongoing term (2019–2024), this article offers a critical assessment of this argument. It makes two main claims. First, it shows that emotions are not specific to radical right parties, but rather are a normal phenomenon that permeates the whole negotiation process. Second, it argues that taking emotions into consideration allows us to improve our understanding of the dynamics of European-level negotiations, which have often been described as hard to penetrate due to their high level of technicity. However, this attention to emotions should not be limited to the situations where they are the most visible, or else it risks reproducing the narrative of crisis and exceptionality identified above. Researchers must also examine the way emotionality can be wilfully “limited” by speakers, as this constitutes one of the key repertoires of political hegemony in negotiations. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=NEG_039_0065 |