Titre | Comment compter les sujets de l'Empire ? Les étapes d'une démographie impériale en AOF avant 1946 | |
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Auteur | Raymond R. Gervais, Issiaka Mandé | |
Revue |
20 & 21. Revue d'histoire Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire |
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Numéro | no 95, juillet-septembre 2007 L'argument démographique | |
Rubrique / Thématique | L'argument démographique |
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Page | 63 | |
Résumé |
La collecte des données de population, dans un contexte colonial, servit de mesure des succès de l'entreprise impériale. L'acte de dénombrer, quelles qu'en soient ses modalités techniques, fut perçu comme un des outils de transfert de souveraineté de la chefferie traditionnelle vers l'armée conquérante. Lorsque le système idéologique colonial fut mis en place, la relative simplicité de ces « images » chiffrées recéla les ambiguïtés et la complexité, au niveau local, de la fonction statistique d'une administration qui peinait à s'imposer et à pratiquer les actions de l'État moderne. Les analyses proposées illustrent la subtilité du dialogue, souvent animé, entre responsables de terrain, lieutenants-gouverneurs et commandants de cercle, et la hiérarchie administrative supérieure, gouverneur-général et ministre. Jusqu'en 1943, il y eut une inadéquation complète entre les exigences de recensements annuels prévus au décret de 1909, appuyé par les circulaires édictées dans son sillage, et les capacités d'une administration plus sensible à une comptabilité des populations qu'à sa gestion au sens démographique. Néanmoins, l'obligation de recensements provoqua le développement du dispositif des tournées de commandants, rappels constants aux populations de la présence administrative coloniale. Après 1945, les pratiques de planification substituèrent au temps comptable (trois ans) une temporalité quinquennale ou décennale. Une nouvelle génération de statisticiens et de démographes s'engagea ainsi dans de nouvelles tentatives, afin de mieux cerner la réalité des populations de cette France coloniale, rebaptisée d'« outre-mer ». Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
— The gathering of population data, in a colonial context, served as a yardstick for the success of the imperial adventure. The act of counting, whatever its technical modalities, was perceived as one of the tools of sovereignty transfer from traditional chieftaincy to the colonial army. When the colonial ideological system was put in place, the relative simplicity of the numbered “images” clouded the ambiguities and complexities, at the local level, of the statistical function in an administration still struggling to impose itself and practice modern states' activities. The proposed analyses illustrate the subtlety of the often tumultuous dialogue between field administrators, lieutenant-governors and commandants de cercle, and the superior levels of administration, governor-general and minister. Until 1943, there was a complete inadequacy between the requirements of annual censuses planned in the 1909 decree, confirmed in the following directives, and the capacities of an administration more attuned to population accounting then to its management in the demographic sense. Nevertheless the obligation of censuses encouraged the development of administrators' visits, constant reminder to populations of the colonial administrative presence. After 1945, planning practices replaced the three year accounting time span with five or ten year time periods. A new generation of statisticians and demographers then rallied in these new attempts to better understand the reality of populations of this colonial France, renamed “over-sea”. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_095_0063 |