Titre | Des crises sémantiques comme crises politiques : à propos de Res publica de Claudia Moatti | |
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Auteur | Jean-Louis Fournel | |
Revue | Astérion | |
Numéro | no 29, 2023 Pour une histoire sémantique du politique | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Résumé |
Le terme de République est un mot dont l'évidence et la présence dans notre culture politique contemporaine n'ont d'égales que ses indéterminations de longue durée. La première de ces indéterminations tient d'ailleurs à l'origine de « république » dans le syntagme latin res publica avec le sens immédiatement complexe et polysémique d'une notion que l'on retrouve abondamment utilisée sous la République romaine proprement dite mais aussi sous l'Empire. Questionner la res publica, c'est donc évidemment questionner un pan crucial de l'histoire politique romaine mais c'est aussi intervenir dans l'histoire politique tout court et dans la réflexion méthodologique sur la langue de cette politique. Pas de modélisation stabilisée donc et pas plus de recherche de « l'essence de la chose », pas non plus de prétention à une définition de l'objet d'étude puisqu'une suite d'effacements et de réapparitions des noyaux de sens est le propre de la res publica. L'enquête dynamique porte sur une question qui devient, selon un syntagme présent, de façon significative, dans la dernière page de l'ouvrage de Claudia Moatti, « référence mobilisatrice », politique donc. En effet, dans ce parcours, l'acceptation de l'incertitude et de l'indétermination devient en quelque sorte le prix à payer pour retrouver la vie des mots et leur charge historique, en tant qu'ils se lient à l'action des hommes, à leur engagement dans le monde, sans s'appuyer sur les certitudes sémantiques ni sur un programme à mettre en œuvre mais en partant de questions ouvertes justement parce qu'aucune des réponses proposées ne s'est avérée satisfaisante. La comparaison avec un autre moment de crise politique et sémantique, le moment machiavélien, permettra en conclusion d'illustrer la fécondité de la perspective adoptée. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The term Republic is a word whose obviousness and presence in our contemporary political culture are matched only by its long-term indeterminacies. The first of these indeterminacies, moreover, has to do with the origin of “republic” in the Latin syntagm res publica with the immediately complex and polysemous meaning of a notion that we find frequently used under the Roman Republic itself but also under the Empire. Questioning res publica also obviously means questioning a crucial part of Roman political history, but also means thinking political history as such and methodologically reflecting on the language of these politics. As such, there is no stabilised model, no searching for “the essence of the thing”, or any claim to a stabilised definition of the object of study as a series of deletions and reappearances of core meanings is characteristic of res publica. The dynamic investigation concerns a question which, according to a syntagm present in the last page of Claudia Moatti's book in a significant way, becomes a “mobilising reference”, therefore political. In this journey, the acceptance of uncertainty and indeterminacy, in a way, becomes the price to pay to rediscover the life of words and their historical signifiance, insofar as they are linked to the action of individuals, to their commitment to the world, without relying on semantic certainties or on a programme to be implemented, but by starting precisely from open questions because none of the proposed answers has proven to be satisfactory. The comparison with another moment of political and semantic crisis, the Machiavellian moment, will in conclusion illustrate the fruitfulness of the perspective adopted. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/asterion/10373 |