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Titre « Des comices romains » : vote du peuple et chose publique dans Du contrat social
Auteur Flora Champy
Mir@bel Revue Astérion
Numéro no 29, 2023 Pour une histoire sémantique du politique
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Pourquoi les lecteurs du Contrat social devraient-ils s'intéresser au chapitre consacré aux comices romains ? Dans ce texte encore souvent négligé, à tort, Rousseau s'appuie sur les sources historiques les plus fiables de son temps, notamment Carlo Sigonio, pour se confronter à un problème central de sa philosophie politique : la mise en pratique durable et effective de l'intérêt commun. En termes moins théoriques, il pose une question toujours d'actualité : comment le peuple peut-il participer à la vie publique ? Et comment cette intervention populaire dans la politique peut-elle s'effectuer de manière à garantir le maintien d'un gouvernement républicain, c'est-à-dire non assujetti à des intérêts particuliers ? Lire ce chapitre à la lumière du récent ouvrage Res publica permet d'en voir encore plus nettement les enjeux théoriques, du fait des convergences saisissantes que l'on peut remarquer entre l'analyse de Rousseau et celle de Claudia Moatti. L'article étudie notamment les occurrences de l'expression « chose publique » dans le Contrat social afin d'éclairer la coexistence de deux conceptions distinctes de la « république » chez Rousseau, l'une définie principalement par le droit de vote des citoyens, l'autre par l'impératif de défendre l'État. Or, ces deux visions correspondent à l'antagonisme que Claudia Moatti observe dans l'histoire romaine. Étudier aujourd'hui l'usage de l'histoire ancienne dans la pensée politique de Rousseau, c'est poser la question toujours actuelle de la compatibilité possible entre ces deux idées de la République.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Why read the chapter of Rousseau's Social Contract devoted to the Roman assemblies? Because that text relies on the best available historical sources at the time, especially Carlo Sigonio's work, to examine a key issue in Rousseau's political philosophy: the implementation of common interest. In other words, the chapter on the comitia raises the following question: how can the people take part in public life? How can popular action maintain a republican government instead of threatening it? To understand this question, and why Roman history plays a crucial part in the argument of The Social Contract, it helps to remember that for Rousseau a Republic is a government that does not act on behalf of private interests. Res publica, the recent book by renowned historian Claudia Moatti, further highlights Rousseau's representation of the Roman Republic. The article examines in particular the meaning of the expression “public thing”, a literal translation of res publica, which appears twice in Rousseau's text, demonstrating an understanding of Roman history that seems quite close to Claudia Moatti's. Like her, Rousseau seems to identify two distinct visions of the Republic: one based on citizens' rights, the other focused on the defence of the state. Today, as these two definitions of the Republic both appear in public debate, Rousseau's vision of Rome is all the more striking and topical.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/asterion/10398