Titre | « L'âme du juste se sert du corps comme d'un outil ou d'un instrument ». L'intérêt des juristes pour le tatouage, entre médecine légale et pratique judiciaire (XIXe-XXe) | |
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Auteur | Solange Ségala | |
Revue | Droit et cultures | |
Numéro | no 85, février 2023 Le tatouage face au droit : de la littérature aux pratiques sociales | |
Rubrique / Thématique | Le tatouage face au droit : de la littérature aux pratiques sociales |
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Résumé |
L'histoire juridique du tatouage commence modestement, au début du XIXe siècle : les médecins légistes utilisent l'observation de toutes les marques corporelles pour aider la justice à identifier un cadavre, confondre un coupable ou un récidiviste. Au cours de la IIIe République, les progrès de l'identification judiciaire par les mesures anthropométriques auraient dû reléguer le tatouage au second plan. Il n'en sera rien. Celui-ci devient au contraire un sujet d'affrontement idéologique : l'École de Lyon (Lacassagne, Locard) y voit un indice d'appartenance à une « classe dangereuse » que le gouvernement devrait sanctionner sévèrement au nom du progrès social. Cette vision déterministe a suscité les critiques d'une partie des praticiens du droit, en particulier des magistrats. Passé ce temps de débats parfois vigoureux, le tatouage se répand dans la société, justifiant des préoccupations d'ordre sanitaire, un encadrement strict des professionnels ou encore des interrogations sur le rapport entre les tatoueurs et leur œuvre. Plus fondamentalement, en ce début du XXIe siècle, il participe à une réflexion concernant son support, le corps humain, dont le statut connaît de profonds bouleversements, entre remise en cause du principe d'indisponibilité et revendications « intactivistes ». Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The legal history of tattooing began modestly, in the early 19th century: forensic pathologists used the observation of all bodily marks to help the judiciary identify a corpse, and convict a culprit or repeat offender. During the Third Republic in France, advances in forensic identification using anthropometric measurements should have diminished the importance of tattoos to the background. But this was not to be. On the contrary, it became a subject of ideological confrontation: the Lyon School (Lacassagne, Locard) saw it as an indication of belonging to a “dangerous class”, which the government should severely punish in the name of social progress. This deterministic vision became a source of criticism by some legal practitioners, particularly judges. After this period of sometimes heated debate, tattooing spread throughout society, justifying health concerns, strict supervision of professionals and questions about the relationship between tattoo artists and their work. More fundamentally, at the start of the 21st century, tattooing has become part of a reflection on its medium, the human body, whose status is undergoing profound changes, foregrounded by the principle of unavailability and demands for “intactivism”. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/droitcultures/9093 |