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Titre Du front pionnier à la réforme : colonisation et problèmes fonciers en Nouvelle-Calédonie (1853-1985)
Auteur Alain Saussol
Mir@bel Revue Les Cahiers d'Outre-Mer
Numéro vol. 39, no 155, juillet-septembre 1986
Rubrique / Thématique
Études
Page 38 pages
Résumé Le problème foncier a été le détonateur du problème politique en Nouvelle-Calédonie. Quand on regarde comment s'est constitué le patrimoine foncier de la colonisation, on constate l'existence de trois phases. Entre 1860 et 1880, une période d'accaparement rapide liée à la dynamique du front pionnier pastoral sur la côte ouest. En vingt ans, les grands éleveurs s'emparent ainsi de 230 000 ha sans les peupler, provoquant de violents sursauts mélanésiens. Vient ensuite un ralentissement dans l'accaparement. Entre 1880 et 1910, l'heure est à la petite colonisation paysanne, pénale ou libre, plus peuplante et moins dévoreuse de terre. Au début du siècle, les propriétés européennes couvrent 250 000 ha. Ce ralentissement devient palier dans la première moitié du XXe siècle avec l'essoufflement de la colonisation, tandis que s'opère une forte concentration des petites et moyennes propriétés. L'accaparement reprend sur des bases différentes après la Seconde Guerre mondiale : en trente ans, le patrimoine de la colonisation va passer de 270 000 ha à 390 000 ha aboutissant à un affrontement avec les Mélanésiens, eux-mêmes engagés dans une politique de reconquête des terroirs perdus. D'où l'élaboration d'une réforme foncière précipitée qui ne peut empêcher le déplacement de la confrontation sur le plan politique. Celui-ci s'opère par transfert de la revendication clanique sur la terre ancestrale à la revendication globale de la grande majorité de la communauté mélanésienne sur l'ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais From pioneer occupation to land reform : colonization and land tenure control in New Caledonia. — The land tenure trouble has been the detonator of a major political contest in New Caledonia. When one analyses how the land patrimony of colonization has been settled one can note the existence of three phases. Between 1860 and 1880, one can see a fast monopolizing period, linked to the dynamics of the pastoral pioneer front through the wooden savanna of the western coast. In twenty years, stock-breeders grabbed 230,000 hectares without populating them, provoking strong clashes with the Melanesian tribes. Then the settlement process slowed down. Between 1880 and 1910, it was time for small penal and free colonies, requiring little land but allowing a more important density of population. At the beginning of the twentieth century, European estates covered 250,000 hectares. During this slowing down process, linked to the winding down of colonization, one could note a concentration process of small and medium size estates. After World War II, the grabbing process started again, but the appropriation procedures were different from these of the 1860-1880 period. In 30 years, colonial lands increased from 270,000 to 390,000 hectares, leading to confrontation with the Melanesian tribes which were trying to win back their traditional lands, lost previously, through the extension of "native reservations". So, the hasty land reform could not stop the transfer of clanic claiming upon ancestral lands to a global revendication, by most of the Melanesian community, of the whole territory of New Caledonia.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1986_num_39_155_3191