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Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | vol. 39, no 155, juillet-septembre 1986 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 3 pages
Études
- La Nouvelle-Calédonie, à la recherche de son équilibre économique et de son unité sociale - Jean-Pierre Doumenge p. 29 pages La Nouvelle-Calédonie est un Territoire français d'Outre-Mer relativement vaste (19 000 km2), chroniquement sous-peuplé (14 600 hab. en 1983). Cet archipel présente une grande diversité dans son peuplement tant historique que proto-historique. L'existence d'une civilisation agraire multi-séculaire n'a pas manqué d'être profondément affectée par la mise en place d'une société allochtone, urbaine et industrielle. Une société rurale mélanésienne se maintient néanmoins dans l'archipel, ancrée dans des «périmètres de réserves » situés principalement dans la Chaîne Centrale et dans les îles périphériques. La société pluri-ethnique technicienne prenant appui sur l'agglomération de Nouméa, de petits centres urbains secondaires et des sites d'extraction minière, n'en est pas moins économiquement dominante. La juxtaposition d'un pôle urbain majeur et d'immensités sans hommes, l'absence d'interpénétration de grands groupes ethniques hors du pôle urbain, sont à la base d'antagonismes profonds. L'équilibre économique et l'unification de la société passent donc par des réformes institutionnelles permettant un réaménagement de l'espace. Et comme la source de la richesse s'exprime essentiellement dans le cadre urbain, la réalisation d'un centre industriel et de services, ayant statut de «port franc » dans la moitié septentrionale de la Grande-Terre s'avère prioritaire pour revitaliser le Territoire.New Caledonia pursuing economic balance and social unity. — New Caledonia is a French Overseas Territory, relatively large (19,000 sq. km. and chronically under-populated (14,600 inhabitants in 1983). — This archipelago offers a large population diversity both historically and from a proto-historic view as well. The existence of a very old agrarian civilization has been deeply influenced by the establishment of an urbanized and industrial allochtone society. Nevertheless a rural Melanesian group continues to exist in the archipelago and is situated in the «perimeter reservations » located in the heart of the Central Mountain Range in the outlying islands. The multi¬ ethnic technician group is concentrated round Noumea, in a few secondary urban cen¬ ters and at some mineral extraction sites ; still, it is nonetheless economically predominant. The juxtaposition of an important urban center and vast unpopulated spaces toge¬ ther with the absence of intermingling among the large ethnic groups outside of the urban center, is a situation that is responsible for the existence of deep antagonism in the island population. Economic balance and the unification of the island society thus require serious institutional reforms. And since the source of wealth is concentrated primarily in the urban sector, it is of the utmost necessity to create an industrial and service center in the northern portion of the island having the status of a «free port » in order to revitalize the territory.
- Le « clan » canaque hier et aujourd'hui - Éliane Métais p. 26 pages Parce qu'elle garde encore beaucoup de ses traditions, on ne peut comprendre la société mélanésienne actuelle sans en connaître l'organisation passée, et notamment sa base, le clan. Il se caractérise par plusieurs éléments tous aussi importants les uns que les autres, — le nom, par essence immortel, à la fois substance et identité des êtres, énergie magique, fondement de l'honneur comme du droit foncier, et de la future citoyenneté canaque ; — une hiérarchisation de lignages patrilinéaires, spécialisés et solidaires qui organise la société sous une forme polysegmentaire et en assure la reproduction ; — un chef, qui possède plus un pouvoir symbolique qu'oppressif, dont l'autorité s'est estompée ; — une Grande Case ronde, centre politique, religieux, représentation du clan, de son prestige, actuellement entrée dans les revendications des terres comme affirmation visible de leur appartenance aux seuls Canaques ; — des aides et gendarmes de l'invisible (Ancêtres et Totems) pour maîtriser les éléments naturels et policer la société ; — un terroir, base matérielle du clan, distribué de manière à assurer les besoins de tous, mais aussi et essentiellement riche de valeurs symboliques. Le clan est inséré dans un ensemble par les alliances matrimoniales pour constituer un «pays» et un système économique. Des causes multiples ont plus ou moins profondément brisé cette structure traditionnelle.The Kanaka «Clan » : Yesterday and Today. — Because it still retains much of its traditions, one cannot understand the structure of present day Melanesian society without knowing its past organization, and especially its basis, the clan. It is characterized by several elements, each one as important as the other. First, the family name. It is fundamentally immortal, both the substance and the identification of beings, a magic energy, the foundation of honor as well as of land ownership, and a guarantee of future Kanaka citizenship. Then a hierarchy of patrilineal lineage, specialized and solidary that society organizes in a multi-segmentary form and assures the continuation of it. Next, the chief. He possesses more of a symbolic than an oppressive autho rity, much of which has been undermined. Then comes a large Round Hut, the political and religious center of the clan, and which represents it and its prestige. At the moment, the clan is engaged in pressing its land claims as a visible affirmation that land belongs to Kanakas alone. Next we have the assistants and police of the invisible (Ancestors and Totems) to dominate the natural elements and assure order in society. Finally, soil, the material basis of the clan, apportioned in a manner to assure the needs of all but also and mainly rich in symbolic values. The clan is inserted in a whole by matrimonial alliances in order to constitute a «place» and an economic system. Various causes have more or less seriously broken this traditional structure.
- Du front pionnier à la réforme : colonisation et problèmes fonciers en Nouvelle-Calédonie (1853-1985) - Alain Saussol p. 38 pages Le problème foncier a été le détonateur du problème politique en Nouvelle-Calédonie. Quand on regarde comment s'est constitué le patrimoine foncier de la colonisation, on constate l'existence de trois phases. Entre 1860 et 1880, une période d'accaparement rapide liée à la dynamique du front pionnier pastoral sur la côte ouest. En vingt ans, les grands éleveurs s'emparent ainsi de 230 000 ha sans les peupler, provoquant de violents sursauts mélanésiens. Vient ensuite un ralentissement dans l'accaparement. Entre 1880 et 1910, l'heure est à la petite colonisation paysanne, pénale ou libre, plus peuplante et moins dévoreuse de terre. Au début du siècle, les propriétés européennes couvrent 250 000 ha. Ce ralentissement devient palier dans la première moitié du XXe siècle avec l'essoufflement de la colonisation, tandis que s'opère une forte concentration des petites et moyennes propriétés. L'accaparement reprend sur des bases différentes après la Seconde Guerre mondiale : en trente ans, le patrimoine de la colonisation va passer de 270 000 ha à 390 000 ha aboutissant à un affrontement avec les Mélanésiens, eux-mêmes engagés dans une politique de reconquête des terroirs perdus. D'où l'élaboration d'une réforme foncière précipitée qui ne peut empêcher le déplacement de la confrontation sur le plan politique. Celui-ci s'opère par transfert de la revendication clanique sur la terre ancestrale à la revendication globale de la grande majorité de la communauté mélanésienne sur l'ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie.From pioneer occupation to land reform : colonization and land tenure control in New Caledonia. — The land tenure trouble has been the detonator of a major political contest in New Caledonia. When one analyses how the land patrimony of colonization has been settled one can note the existence of three phases. Between 1860 and 1880, one can see a fast monopolizing period, linked to the dynamics of the pastoral pioneer front through the wooden savanna of the western coast. In twenty years, stock-breeders grabbed 230,000 hectares without populating them, provoking strong clashes with the Melanesian tribes. Then the settlement process slowed down. Between 1880 and 1910, it was time for small penal and free colonies, requiring little land but allowing a more important density of population. At the beginning of the twentieth century, European estates covered 250,000 hectares. During this slowing down process, linked to the winding down of colonization, one could note a concentration process of small and medium size estates. After World War II, the grabbing process started again, but the appropriation procedures were different from these of the 1860-1880 period. In 30 years, colonial lands increased from 270,000 to 390,000 hectares, leading to confrontation with the Melanesian tribes which were trying to win back their traditional lands, lost previously, through the extension of "native reservations". So, the hasty land reform could not stop the transfer of clanic claiming upon ancestral lands to a global revendication, by most of the Melanesian community, of the whole territory of New Caledonia.
- La Nouvelle-Calédonie, à la recherche de son équilibre économique et de son unité sociale - Jean-Pierre Doumenge p. 29 pages
Chroniques
Note et compte-rendu
- L'Atlas de la Nouvelle-Calédonie - Jean Defos du Rau p. 13 pages
Bibliographie
- Quelques publications récentes sur la Nouvelle-Calédonie - Christian Huetz de Lemps p. 9 pages