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Titre « Aujourd'hui, nous avons enfin une patrie ! » L'appartenance nationale chez les jeunes hommes d'un quartier populaire de la Caracas post-Chávez
Auteur Henry Moncrieff Zabaleta
Mir@bel Revue Cahiers des Amériques Latines
Numéro no 103, 2023 Rapports ordinaires à la violence d'État au Venezuela
Rubrique / Thématique
Dossier - Rapports ordinaires à la violence d'État au Venezuela : productions, résistances, (dé)légitimations
Résumé Cet article explore la question de l'appartenance à la « patrie » au Venezuela, une nation plongée dans une crise politique et économique prolongée. Au moyen d'une ethnographie visuelle structurée autour d'un travail de photo-élicitation avec des jeunes hommes d'un quartier populaire surplombant Caracas, j'analyse leurs modes d'affiliation national(ist)e depuis la mort de Chávez à l'aune de leurs ancrages dans cet espace historiquement marginalisé sur le plan socio-économique et marqué par la violence. Il s'agit de comprendre les formes d'identification sociale des enfants de la Révolution bolivarienne, de cette génération née il y a une vingtaine d'années, à l'époque de la mise en place du projet socialiste porté par Chávez. Ces jeunes que j'ai rencontrés entre 2014 et 2017 sont porteurs de subjectivités propres face à la forte polarisation partisane et aux transformations du pays, en quête de sens et d'attaches dans cet environnement marqué par les pénuries alimentaires, l'arbitraire policier, la violence urbaine et la migration forcée. Pour eux, le fait de se « sentir Vénézuélien » passe par des formes d'interpellation symbolique de l'État bolivarien, dans le cadre d'une politique performative articulée autour de prédispositions, de pratiques et de frontières déterminées, avec leur lot de violences, de loyautés et d'indifférences, entre appartenances brisées et identifications radicales.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article raises the problem of belonging "to the homeland" in Venezuela, a nation subsumed in a long standing political and economic crisis. Based on a visual ethnography guided by a photo-elicitation with young males, I analyze how they experience their nationalist roots after Chávez´s death. I focus especially on a popular neighborhood located in the hills of Caracas, a mountainous geography that concentrates the harshest conditions of socioeconomic exclusion in the Venezuelan capital. These areas have been historically affected by structural deprivation and violence. This analysis seeks to understand the forms of social identification of the children of the Bolivarian Revolution, a generation that was born during the implementation of the socialist project in Venezuela, over the last 20 years. The young people I met, between 2014 and 2017, must manage their own subjectivity in the face of the partisan polarization and the transformations of the country, thus seeking to build roots and attachment in an environment marked by food shortages, police abuse, urban violence and forced migration. In this sense, the fact that they "feel part of" Venezuela can be interpreted as a symbolic interpellation of the Bolivarian state, a performative policy figuring predispositions, practices and borders among young people, as well as violence, loyalties, cruelties and indolences that point out broken belongings and radical identifications.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/cal/18672