Contenu de l'article

Titre L'évolution des politiques de développement des infrastructures de transport en contexte néolibéral togolais
Auteur Kossigari Djolar
Mir@bel Revue Flux
Numéro no 135-136, 2024/1-2 Aux limites des grandes infrastructures
Rubrique / Thématique
Transformer. La mise en politique des projets d'infrastructures
Page 47-58
Résumé L'article examine le contexte contemporain des projets d'infrastructures de transport au Togo. Il met en lumière une transition significative vers le néolibéralisme dans la politique d'infrastructures de l'État. Alors que le pays émerge d'une période de turbulences politiques et économiques débutée en 1980 avec les programmes d'ajustements structurels et l'échec de la transition démocratique, les grands projets de transport sont présentés comme des catalyseurs d'un nouveau développement économique. Cependant, cette relance s'accompagne de changements majeurs dans la conception, le financement et la gestion des infrastructures, avec une forte implication des acteurs privés encouragée par des organismes supranationaux et des institutions financières internationales. Les infrastructures de transport ne sont plus seulement envisagées dans une perspective de consolidation de la souveraineté territoriale de l'État, comme elles l'étaient pendant la période de la politique des grands travaux. Dans le paradigme néolibéral, elles deviennent également, de manière plus prononcée, des instruments destinés à faciliter et accélérer les flux de connexion aux réseaux d'échanges mondiaux. Les infrastructures deviennent ainsi des instruments de domination politique et économique au profit du pouvoir politique togolais et des opérateurs privés, engendrant de nouveaux rapports de pouvoir à différentes échelles. Malgré la diversification des acteurs, l'État togolais renforce son pouvoir politique en s'adaptant aux exigences de la mondialisation économique. L'étude, basée sur des entretiens et des données quantitatives collectées entre 2019 et 2022 auprès d'une diversité d'acteurs investis dans le secteur, révèle que la néolibéralisation des infrastructures de transport a transformé les modes de production et de gestion, favorisant des pratiques de clientélisme et d'affairisme. En dépit de l'introduction de nouveaux mécanismes de financement et de gouvernance, l'État conserve un rôle central dans la coordination et le contrôle du secteur. Ainsi, l'ouverture au secteur privé ne diminue pas le pouvoir de l'État, mais contribue à façonner un État développementaliste néolibéral, conciliant la souveraineté avec la protection des intérêts privés.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The article examines the contemporary context of transportation infrastructure projects in Togo. It sheds light on a significant transition towards neoliberalism in the infrastructure policy of the Togolese state. As the Togo emerges from a period of political and economic turbulence that began in 1980 with structural adjustment programs and the failure of the democratic transition, large-scale transportation projects are seen as catalysts for new economic development. However, this revival is accompanied by major changes in the conception, financing, and management of infrastructure, with strong involvement of private actors encouraged by supranational organizations and international financial institutions. Transportation infrastructures are no longer solely seen from the perspective of consolidating the state's territorial sovereignty, as they were during the era of grand works policies. In the neoliberal paradigm, they also become, more prominently, instruments designed to facilitate and accelerate the flow of connections to global trade networks. Infrastructures become instruments of political and economic domination benefiting the Togolese political power and private operators, engendering new power relations on various scales. Despite the diversification of actors, the Togolese state strengthens its political power by adapting to the requirements of economic globalization. The study, based on interviews and quantitative data collected between 2019 and 2022 from a variety of stakeholders involved in the sector, reveals that the neoliberalization of transportation infrastructures has transformed modes of production and management, fostering practices of clientelism and opportunism. Despite new financing and governance mechanisms, the state retains a central role in coordinating and controlling the sector. Thus, opening to the private sector does not diminish the power of the state but contributes to shaping a neoliberal developmental state, reconciling sovereignty with the protection of private interests.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FLUX1_135_0047