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Titre Interpréter est un art : Un magistrat et un écrivain doivent ici pouvoir s'entendre
Auteur Jean-Philippe Pierron
Mir@bel Revue Les cahiers de la justice
Numéro no 2024/2 Les langues du procès
Rubrique / Thématique
Dossier. Les langues du procès
Page 207-218
Résumé Le droit, dans sa positivité, se méfie de la littérature, de ses expressions non seulement floues mais molles. Le droit ce n'est surement pas de la littérature, et le conflit des facultés opposant faculté de droit et faculté des lettres en honore depuis longtemps institutionnellement l'opposition. L'exactitude du dit du droit positif se construit en s'opposant à la rectitude de l'image métaphorique dans le dit poétique. Mais l'opposition est-elle si manichéenne ? Au-delà des querelles entre positivisme juridique et approche compréhensive, le littéraire et le juridique ne sont-ils pas bien plus entremêlés qu'il n'y paraît ? N'y-a-t-il pas du poétique dans le judiciaire (l'inventivité du dit du droit) et du juridique dans la littérature (la légalité de la langue et la chronique judiciaire comme thème…) ? S'en souvenir nous ouvre à penser la rationalité du droit comme dilatée et non pas diluée par ses liens avec les littératures. Ne sommes-nous pas reconduits, encore et toujours, en vue de la justesse du juste, à vivre les « forces imaginantes du droit » ?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The law, in all its positiveness, is wary of literature, of its expressions that are not only vague but soft. Law is certainly not literature, and this opposition has long been honoured institutionally in the conflict between the faculties of law and literature. The accuracy of what is said in positive law is constructed by opposing itself to the rectitude of the metaphorical image in poetic language. But is this opposition quite so Manichean? Beyond the quarrels between legal positivism and the comprehensive approach, the literary and the legal might be much more intertwined than they seem. There is perhaps something poetic about all things legal (the inventiveness of the law) and something legal about literature (the legality of language and the judicial chronicle as a theme...). Remembering this opens us up to thinking of the rationality of law as diluted rather than diluted by its connections with literature. Are we not driven again and again to live out the “imaginative forces of law” in order to achieve justice?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CDLJ_2402_0207 (accès réservé)