Titre | La géographie des élections en Algérie, de 2007 à 2017 | |
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Auteur | Gilles Van Hamme | |
Revue | L'année du Maghreb | |
Numéro | no 31, 2024 | |
Rubrique / Thématique | Varia & recherches en cours |
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Résumé |
L'analyse électorale a tendance à minorer l'intérêt des élections dans des systèmes autoritaires ou à pluralisme limité. Pourtant, il reste intéressant d'analyser le comportement électoral lors d'élections sans enjeux – ou plus exactement, dont l'enjeu n'est pas l'accès au pouvoir -, tant on peut observer une diversité des formes d'opposition au pouvoir ou à l'inverse mieux comprendre les réseaux sur lesquels le pouvoir peut s'appuyer. C'est précisément l'objectif de cet article que de caractériser les bases socio-territoriales du soutien et des oppositions aux forces du pouvoir en Algérie entre 2007 et 2017. L'analyse proprement dite est fondée sur une collecte systématique des données à l'échelle des wilayas et des communes, leur cartographie, et leur croisement avec les caractéristiques sociales et économiques des différents territoires. Quelques constats ont pu en être dégagés.D'abord, la non participation et les votes nuls ou blancs, en hausse tendancielle, présentent une géographie assez stable, plus urbaine que rurale. Ensuite, les partis du bloc au pouvoir (FLN et RND) et ceux d'opposition montrent une géographie très mouvante, ne permettant pas de d'identifier de bastions stables, à l'exception notable du soutien à certains partis d'opposition en Kabylie. Enfin, le bloc du pouvoir a pu se maintenir en 2017 dans 80 % des communes où il était au pouvoir, indiquant sa capacité à maintenir son influence depuis l'échelon local jusqu'au niveau national.Dans les espaces urbains, le soutien au pouvoir apparait très limité, et l'opposition se marque avant tout par une participation très faible et l'importance des votes nuls ou blancs. Cette configuration spatiale n'est pas spécifique à l'Algérie, mais se retrouve dans nombre de régimes politiques et électoraux fermés. Elle rend compte du faible soutien au régime de la part des classes populaires urbaines et/ou des classes moyennes intellectuelles concentrées dans les grandes villes. A l'inverse, la participation électorale et le soutien au pouvoir – même s'il reste minoritaire en proportion de la population en âge de voter – sont plus élevés dans les zones rurales et périphériques, quoiqu'avec des différences régionales et locales considérables comme l'illustre l'exemple de la Kabylie, véritable bastion de l'opposition au pouvoir. Cela illustre sans doute une certaine capacité du pouvoir à mobiliser une partie de l'électorat via ses réseaux. Toutefois, de ce point de vue, l'analyse pointe une contradiction. D'une part, le bloc au pouvoir est capable de s'appuyer sur des réseaux locaux à travers une grande partie du pays, lui permettant de maintenir son hégémonie sur une grande partie des assemblées locales et nationale. D'autre part, l'analyse électorale met en évidence l'absence de stabilité de la base socio-territoriale de bloc FLN-RND. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Electoral analysis tends to ignore the interest of electoral studies in authoritarian regimes or in systems with limited pluralism. However, it remains interesting to analyse the electoral behavior of elections whose stake is not access to power, since we can observe a variety of forms of opposition to power or, conversely, better understand the networks on which power can rely. It is precisely the aim of this article to characterize the socio-territorial configuration of the hegemonic forces in power as well as the opposition parties in Algeria between 2007 and 2017. The analysis is based on a systematic collection of data at the level of wilayas and municipalities, their mapping and their correlation with the social and economic characteristics of the different territories. This analysis leads to some interesting results. First, non-participation and spoiled or blank ballots show a fairly stable geography, more urban than rural. Secondly, the parties of the ruling bloc (FLN and RND) and those of the opposition show a very variable geography, making it impossible to identify electoral bastions, with the notable exception of support for some opposition parties in Kabylie. Finally, the power bloc was able to maintain itself in 2017 in 80% of the municipalities where it was in power, indicating its ability to maintain its influence from the local to the national level.In urban areas, support for power appears to be very limited, and opposition is characterised by very low voter turnout and the importance of spoiled or blank ballots. This spatial configuration is not specific to Algeria but is found in many closed political and electoral systems. It reflects the lack of support for the regime from urban popular classes and/or intellectual middle classes concentrated in large cities. Conversely, electoral participation and support for the government – even if it remains a minority in proportion to the voting-age population – are higher in rural and peripheral areas, although with considerable regional and local differences as illustrated by the example of Kabylie, a true stronghold of opposition to the government. This undoubtedly illustrates a certain ability of the government to mobilize part of the electorate through its networks. However, from this perspective, the analysis points to a contradiction. On the one hand, the ruling bloc is able to rely on local networks across much of the country, allowing it to maintain its hegemony over a large part of the local and national assemblies. On the other hand, electoral analysis highlights the lack of stability in the socio-territorial base of the ruling bloc. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/anneemaghreb/13023 |