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Titre Un théoricien libéral de la « colonisation intérieure » : Max Sering entre l'Alsace et la Posnanie, en passant par les grandes plaines de l'Amérique
Auteur Robert L. Nelson
Mir@bel Revue Revue d'Allemagne
Numéro Tome 56, no 1, janvier-juin 2024 De l'Empire allemand à l'Europe : Strasbourg, Poznań et leur héritage allemand
Rubrique / Thématique
De l'Empire allemand à l'Europe : Strasbourg, Poznań et leur héritage allemand
Page 56-75
Résumé Cette contribution s'intéresse à l'un des plus importants théoriciens de la « colonisation intérieure », Max Sering (1858-1939). Il a été influencé de manière décisive par sa formation à l'Université Kaiser Wilhelm de Strasbourg auprès des économistes nationaux Georg Friedrich Knapp et Gustav Schmoller, libéraux de gauche, et qui plaidaient pour une exploitation rationnelle des grandes exploitations agricoles sur l'arrière-plan d'un espace alsacien trop densément peuplé. Lors d'une mission en Amérique du Nord en 1883, Sering avait vu une réalisation de cet idéal, les fermes de 160 acres (67 hectares) créées par le Homestead Act (1862), et qui avaient repoussé la frontière des terres colonisées de plus en plus vers l'ouest. À son retour en Allemagne, il s'est battu pour une mise en œuvre pratique d'une « colonisation intérieure » moderne dans les provinces orientales de l'Empire, la Posnanie et la Prusse-Occidentale. Là, les propriétés possédées par les junkers étaient exploitées par des travailleurs saisonniers polonais, une solution qui n'était avantageuse ni sur le plan économique ni sur le plan politique. Le pouvoir politique des junkers ne permit cependant pas de réforme en profondeur. Les efforts intensifiés à partir de 1886 pour racheter des biens polonais et les distribuer à des colons allemands furent tout aussi infructueux. Les victoires allemandes pendant la Première Guerre mondiale semblaient dans un premier temps permettre une solution qui prévoyait un déplacement à grande échelle de la population polonaise des provinces orientales prussiennes vers les territoires « vides » créés par le traité de Brest-Litovsk et contrôlés par l'Empire. Mais il n'était plus question d'y penser après la défaite de l'Allemagne. Sering aurait certes protesté contre les plans brutaux de colonisation de l'Europe de l'Est par les nazis – mais il est difficile de nier qu'ils rejoignaient sur plus d'un point les positions qu'il avait défendues sur le déplacement de la population polonaise.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article deals with one of the most important theorists of “internal colonization”, Max Sering (1858-1939). He was decisively influenced by his education at the Kaiser-Wilhelm-University in Strasbourg under the left-liberal national economists Georg Friedrich Knapp and Gustav Schmoller, who argued in favour of the rational management of large agricultural holdings against the backdrop of an Alsatian region that was too densely populated. On a mission to North America in 1883, Sering saw this ideal realised in the 160 acres farms created by the Homestead Act (1862), which had pushed the boundaries of settled land ever further westwards. After his return, he fought for the practical implementation of modern “internal colonization” in the eastern provinces of the Empire, Poznań and West Prussia. There, the Junker-owned estates were run by Polish seasonal labourers, a solution that was neither economically nor politically advantageous. However, the political power of the Junkers did not allow for any far-reaching reform. Similarly unsuccessful were the intensified efforts from 1886 onwards to buy up Polish estates and distribute them to German settlers.The German victories during the First World War initially seemed to make a solution possible that envisaged the large-scale resettlement of the Polish population of the Prussian eastern provinces to the “empty” territories created by the Treaty of Brest-Litovsk and controlled by the Empire. However, this was no longer an option after Germany's defeat. Although Sering would have protested against the Nazis' brutal colonisation plans for Eastern Europe, it can hardly be denied that they coincided in more ways than one with the positions he advocated for the resettlement of the Polish population.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/allemagne/3960