Titre | Des arts et des affects dans la pensée pédagogique et politique de Juan de Mariana d'après le De rege et regis institutione | |
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Auteur | Renaud Malavialle | |
Revue | Rives méditerranéennes | |
Numéro | no 65, 2024 Émotions et pouvoir | |
Rubrique / Thématique | Dossier. Émotions et pouvoir. France-Espagne, Époque Moderne |
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Page | 37-57 | |
Résumé |
Au début du règne de Philippe III, le jésuite espagnol Juan de Mariana (1536-1624) est l'auteur du De rege et regis institutione (1599), une réflexion longuement mûrie sur le rôle des arts dans l'éducation politique du prince et pour l'exercice du pouvoir monarchique. Des passages de ce traité permettent d'examiner les cas emblématiques de la poésie, de la musique et du théâtre. La relation entre les arts, les affects et l'éducation politique du prince, la nécessité de pratiques artistiques, sont fondées par Mariana sur les traditions platonicienne et aristotélicienne. L'appréciation de l'auteur sur leur rôle, et en particulier sur celui du théâtre dans l'espace public, signale des préoccupations indissolublement morales, sociales et religieuses. Moraliste rigoriste proche de García de Loaysa, le père jésuite invite le jeune roi et ses successeurs à méditer les recommandations fondatrices des grands philosophes, que le christianisme a confirmées (Tertullien, Augustin), à partir d'arguments anthropologiques tels que la contagion des passions par l'intermédiaire des sens. Il dénonce en outre un cercle vicieux : l'exploitation cynique, par les marchands d'émotions, des penchants peccamineux de tous, cause de la perte de bien des âmes au risque de l'honneur de la natio hispanorum. Face à la multitude, amatrice de spectacles et difficilement contrôlable, il préconise une transaction réaliste fondée sur un échange, une composition : la concession d'une activité tolérée, jamais encouragée, et l'invitation des vassaux et sujets à prendre conscience que tolérance n'est pas approbation. La perspective et l'ambition éducatives s'élargissent de la personne du prince à celle du corps social : Juan de Mariana rappelle ainsi les conditions de viabilité des corps politiques que la pratique et l'effet des arts, ces puissants et ambivalents outils de formation du souverain et des publics, contribuent à définir. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
At the beginning of the reign of Philip III, the Spanish Jesuit Juan de Mariana (1536-1624) was the author of De rege et regis institutione (1599), a long-considered reflection on the role of the arts in the political education of the prince and the exercise of monarchical power. Passages from this treatise allow us to examine the emblematic cases of poetry, music and theatre. The relationship between the arts, emotions and the political education of the prince, the necessity of artistic practices, is founded by Mariana on the Platonic and Aristotelian tradition. The author's assessment of their role, and in particular that of theatre in the public sphere, points to indissolubly moral, social and religious concerns. A rigorist moralist close to García de Loaysa, the Jesuit priest invited the young king and his successors to meditate on the founding recommendations of the great philosophers, which Christianity had confirmed (Tertullian, Augustine). He did this based on anthropological arguments such as the contagion of the passions through the senses. He also denounces a vicious circle: the cynical exploitation, by the merchants of emotions, of the sinful inclinations of all, the cause of the loss of many souls at the risk of the honour of the natio hispanorum. Faced with the show-loving and hard-to-control multitude, he advocated a realistic transaction based on an exchange, a composition: the concession of an activity tolerated, never encouraged, and the invitation of vassals and subjects to realize that tolerance is not approval. The educational perspective and ambition thus broaden from the person of the prince to the social body. Juan de Mariana thus points out the conditions for the viability of political bodies that the practice and spectacle of the arts, these powerful and ambivalent tools for the education of the sovereign and of all, help to define. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/rives/9975 |