Titre | Les Indo-Européens, des ancêtres encombrants ? | |
---|---|---|
Auteur | Jean-Paul Demoule | |
Revue | Socio | |
Numéro | no 19, 2024 Mémoire, histoire et politique | |
Page | 35-50 | |
Résumé |
La reconnaissance d'une parenté entre les langues de la plupart des régions de l'Europe et d'une partie de l'Asie occidentale s'est peu à peu imposée et a donc défini la famille des langues dites indo-européennes, plus proches les unes des autres qu'elles ne le sont d'autres familles de langues, sémitiques, sino-tibétaines ou autres. L'interprétation de cette parenté indiscutable s'est inspirée du cas des langues romanes, toutes plus ou moins descendantes du latin à la suite de la conquête romaine d'une partie de l'Europe. On a donc cherché d'où aurait pu partir ce peuple préhistorique conquérant, dont la langue originelle reconstruite aurait donné naissance à toutes celles d'aujourd'hui. Parmi d'innombrables hypothèses, trois surnagent. La première est le pourtour de la Baltique ; sans aucun argument archéologique, elle a été soutenue en son temps par le nazisme et reprise par certaines extrêmes droites actuelles. La deuxième est le Proche-Orient et s'identifierait avec la diffusion de l'agriculture sédentaire (le néolithique) à partir de cette région. La troisième, actuellement majoritaire, verrait des guerriers cavaliers issus des steppes de la mer Noire se répandre ensuite dans toute l'Europe et aux alentours. Malgré le secours récent, popularisé à grand bruit, de la génétique, cette dernière ne saurait se réduire aux formes simplistes qu'on lui a données. C'est pourquoi ce sont des modèles beaucoup plus complexes, aussi bien sur le plan linguistique (au-delà d'un simple arbre généalogique) que sur le plan historique et anthropologique (au-delà d'un modèle invasionniste et colonial), quant à la formation et à la diffusion de ces langues, qui mériteraient d'être désormais développés. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Résumé anglais |
The languages of most regions of Europe and part of western Asia have gradually come to be recognised as related, and so the family of languages known as Indo-European has been defined. These languages are closer to each other than they are to other language families, such as Semitic, Sino-Tibetan or others. The interpretation of this indisputable kinship was inspired by the case of the Romance languages, all more or less descended from Latin following the Roman conquest of part of Europe. And so we looked for the origin of this prehistoric conquering people, whose reconstructed original language would have given rise to all the languages we speak today. Among countless hypotheses, three stand out. The first is the area around the Baltic Sea; without any archaeological argument, it was supported in its time by the Nazis and taken up by certain far right-wingers today. The second is the Near East, identified with the spread of sedentary agriculture (the Neolithic) from this region. The third, currently in the majority, would see cavalry warriors from the Black Sea steppes spread throughout Europe and the surrounding area. Despite the recent and much-publicised help of genetics, the latter cannot be reduced to the simplistic forms it has been given. That's why we need to develop much more complex models, both linguistically (beyond a simple family tree) and historically and anthropologically (beyond an invasive and colonial model), for the formation and spread of these languages. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Article en ligne | https://journals.openedition.org/socio/15803 |