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Titre Rwanda, Kibeho 1995, un massacre impensable
Auteur Jean-Hervé Bradol
Mir@bel Revue Socio
Numéro no 19, 2024 Mémoire, histoire et politique
Page 51-62
Résumé En avril 1995, un an après le génocide tutsi, le nouveau régime rwandais veut fermer les camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Ces camps, notamment celui de Kibeho, regroupent dans le sud-ouest des centaines de milliers de Hutus encadrés par les auteurs du génocide. L'existence de ces camps constitue une menace pour la sécurité du pays selon le gouvernement. Après des mois de tergiversations, c'est par un massacre de plusieurs milliers de déplacés que l‘Armée patriotique rwandaise ferme le camp de Kibeho qui abrite alors 100 000 personnes. Au cours de cet événement périssent aussi plusieurs centaines de patients et plusieurs dizaines de Rwandais travaillant avec Médecins sans frontières. Les tueries se déroulent devant des centaines de témoins rwandais et étrangers : diplomates, militaires, journalistes, promoteurs des droits humains, humanitaires, habitants de la région… Les nouvelles autorités rwandaises parlent de 300 morts présentés comme les membres d'un hypothétique « noyau dur » de génocidaires. Les membres de la commission d'enquête internationale mise en place acquiescent. Ainsi, la mémoire d'un fait majeur permettant de saisir la place que le régime entend réserver à l'usage de la violence est effacée de la mémoire collective.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In April 1995, a year after the Tutsi genocide, the new Rwandan regime wanted to close the camps for internally displaced people. These camps, particularly Kibeho, in the South-West of the country, were home to hundreds of thousands of Hutus who had been framed by the perpetrators of the genocide. The existence of these camps constitutes a threat to the country's security, according to the government. After months of prevarication, the Rwandan Patriotic Army closed the Kibeho camp, home to 100,000 people, with a massacre of several thousand displaced persons. Hundreds of patients and dozens of Rwandans working with Médecins Sans Frontières were also killed. The killings took place in front of hundreds of Rwandan and foreign witnesses: diplomats, soldiers, journalists, human rights activists, humanitarian workers, local residents, etc. The new Rwandan authorities spoke of 300 dead, presented as members of a hypothetical “hard core” of genocidaires. The members of the international commission of enquiry set up agreed. In this way, the memory of a major event that helped to understand the place the regime intended to reserve for the use of violence was erased from the collective memory.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/socio/15878