Titre | La reconnaissance du génocide des Arméniens : un itinéraire politique inachevé | |
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Auteur | Michel Marian | |
Revue | Socio | |
Numéro | no 19, 2024 Mémoire, histoire et politique | |
Page | 169-175 | |
Résumé |
La mise en mémoire du génocide des Arméniens a connu, globalement et en France, un cheminement générationnel et psychologique commun à celui des grands traumatismes collectifs. La reconstruction des personnes et la réception du récit collectif ont pourtant suivi une voie particulière. Le combat mené par le régime républicain de la Turquie contre la résurgence de cette mémoire a produit une scène mémorielle à trois acteurs ( plaignant, accusé et juge), distincte du modèle du travail intérieur sur la Shoah ou de l'interpellation postcoloniale. Mais, du fait du refus et de l'éloignement, il ne pouvait se construire un droit positif de ce crime. Le besoin d'une solution a fait apparaître un « droit à la mémoire », où la vérité est due aux victimes, à défaut d'une justice. C'est cette logique, formulée en France dès les années 1980, qui s'est développée jusqu'à 2019 et la décision française d'une journée annuelle de commémoration du génocide des Arméniens ou 2021 et la reconnaissance du génocide par Joe Biden. Elle a aussi facilité pour les Arméniens de France la construction d'une communauté loyale à la République et fidèle à son histoire. Elle est pourtant insuffisante devant une négation qui persiste, bloque le devenir démocratique de la Turquie, se propage de celle-ci à l'Azerbaïdjan et tend les relations entre ces pays et ceux qui ont accueilli la diaspora arménienne. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The remembrance of the Armenian genocide, both globally and in France, has followed a generational and psychological path common to that of major collective traumas. However, the reconstruction of individuals and the reception of the collective narrative have followed a particular path. The struggle waged by Turkey's republican regime against the resurgence of this memory produced a memorial scene with three actors (plaintiff, accused and judge), distinct from the model of internal work on the Shoah or postcolonial interpellation. But because of refusal and remoteness, it was impossible to construct a positive law for this crime. The need for a solution led to the emergence of a “right to memory”, in which the truth is owed to the victims, in the absence of justice. It is this logic, formulated in France as early as the 80s, that has developed until 2019 and the French decision for a National Day of Commemoration of the Armenian Genocide, or 2021 and Joe Biden's recognition of the genocide. It has also helped French Armenians build a community loyal to the Republic and faithful to its history. Yet it is insufficient in the face of persistent denial, which is blocking Turkey's democratic development, spreading from Turkey to Azerbaijan, and straining relations between these countries and those that welcomed the Armenian diaspora. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/socio/16293 |