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Titre Éducation nationale : quelles finalités ?
Auteur Fabien Truong, Jean-Pierre Bellier, Hugues de Jouvenel
Mir@bel Revue Futuribles
Numéro no 462, septembre-octobre 2024 États-Unis : élection présidentielle
Page 73-83
Résumé L'Éducation nationale en France est accusée de tous les maux : inculpée en raison de ses médiocres performances à l'aune des classements internationaux, elle l'est également au prétexte de ne plus corriger les inégalités liées à l'origine sociale des élèves, de se méprendre sur ses finalités essentielles, et les enseignants sont, eux, accusés de manquer à leurs devoirs. Mais, répond Fabien Truong, il n'y a jamais eu d'âge d'or de la mobilité sociale en France et les études consacrées au sujet ne sont pas comparables sur longue période car la population a changé. Le fait nouveau, depuis les années 1960, est que les enfants des classes populaires sont beaucoup plus nombreux et beaucoup plus divers à intégrer l'institution scolaire — que leurs parents n'ont pas, ou peu, fréquentée — et que leur capital culturel est moindre. Mais certains d'entre eux réussissent et bénéficient d'une promotion sociale, alors que d'autres n'y parviennent pas, notamment parce qu'ils auraient besoin d'être mieux encadrés. Ainsi voit-on, dans les quartiers, certains partir et s'en affranchir alors que s'y concentrent les populations les plus déshéritées.Si le niveau baisse, sous réserve d'ailleurs de bien le mesurer, c'est parce que l'on compare un petit nombre d'élèves privilégiés à un grand nombre d'élèves d'origine sociale plus diverse auxquels il serait important d'accorder plus d'attention et de moyens afin de leur éviter l'échec et la relégation. Mais cela impliquerait que les enseignants puissent davantage les écouter et les comprendre, qu'ils puissent veiller à leur développement personnel et pas exclusivement à leur acquisition de savoirs académiques, que l'on développe les savoir-être et le vivre-ensemble sans les obliger tous à suivre la même voie. En substance, il faudrait qu'en France, l'éducation soit reconnue comme une priorité nationale. H.J.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The French education system stands accused of every imaginable evil: condemned for its mediocre performance in international league tables, it is also blamed for failing to remedy the inequalities associated with pupils' social origins or for misconceiving its essential objectives, and the teachers themselves are accused of failing in their duties. However, says Fabien Truong, there never was a golden age of social mobility in France and studies on the subject are not comparable over the long run because of population change. The new fact since the 1960s is that children from low-income backgrounds entering school are much more numerous and much more diverse (with parents who have little or no schooling) and possess less cultural capital. Some of them do, however, succeed and climb the social ladder, while others fail to do so, mainly for want of better support structures. Hence, we see some leave — and break free of — the inner cities, while the most deprived populations continue to cluster there.If the level is falling — always assuming that it is being correctly measured — it is because we are comparing a small number of privileged students with a large number from more diverse social backgrounds, who really ought to receive more attention and resources if they are to avoid academic failure and social exclusion. But that would involve teaching staff being able to spend more time listening to and understanding them; paying attention to their personal development and not simply to their acquisition of academic knowledge; and developing their life skills and promoting harmonious coexistence, without forcing everyone to follow the same path. In substance, education in France would have to be recognized as a national priority.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-futuribles-2024-5-page-73?lang=fr (accès réservé)