Titre | Renforcer le recours aux savoirs expérientiels des bénévoles d'un accueil de jour : le rôle de la régulation sociale | |
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Auteur | Corinne Grenier | |
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Revue | La Revue des Sciences de Gestion |
Numéro | no 327, 2024/1 Démocratie en santé | |
Rubrique / Thématique | Dossier spécial – Démocratie en santé |
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Page | 53-65 | |
Résumé |
Notre recherche entend contribuer au renforcement de la démocratie en santé en nous intéressant à un courant récent qui examine « l'organisation comme démocratie » (J. Dodge & S-M. Ospina, 2016), formant ses usagers comme « des citoyens capables et prêts à participer à la société » (Ibid., p. 479).
La question est alors de savoir comment favoriser des lieux de travail favorables à cette démocratie (en santé) (D. King et M. Griffin, 2019). Alors que cette littérature encourage un management participatif et démocratique, nous explorons au contraire un cas original où des processus trop démocratiques affaiblissent l'organisation dans sa capacité à accompagner ses bénéficiaires et à poursuivre sa mission citoyenne : un accueil de jour pour personnes en grande précarité, la « Boutique Solidarité » (BS), gérée par la Fondation Abbé Pierre et situé à Marseille (France) ; par son accueil des plus précaires, elle entend leur donner la parole, notamment à ceux qui agissent comme bénévole pour aider l'équipe à gérer la Boutique.
Nous mobilisons la théorie de la régulation sociale (J-D Reynaud, 1979) et la notion des savoirs expérientiels (T. Borkman, 1976) et posons la question de recherche suivante : « Comment une meilleure régulation sociale peut-elle soutenir l'expression des savoirs expérientiels des bénévoles et contribuer à la mission de l'organisation, comme organisation de/pour la démocratie ? ».
Nous avons mené une recherche interventionnelle et participative entre 2017 et 2021 (M. d'Anadon, 2007 ; C. Bélot et J. Rivard, 2013).
Nos résultats montrent que la mise en place d'un nouvel outil de gestion de la relation entre l'équipe salariée et les bénévoles a permis de restaurer une forme de régulation conjointe favorable à l'expression de la parole de ces derniers : ils sont davantage des « acteur actifs » auprès des personnes accueillies et de l'équipe salariée (E. Baillergeau et J.W. Duyvendak, 2016). Cependant, certains éléments affaiblissent encore la capacité de la Boutique à être un espace de/pour la démocratie dans la société. Notamment, les bénévoles ne semblent pas encore se considérer comme un groupe social prêt à s'entraider et construire une voix commune à défendre. Leur engagement politique (Dodge et Ospina, 2016) semble encore rester l'expérience de chacun, dans ses relations avec l'équipe, qui prévaut au sein de la Boutique. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Our research aims to contribute to the strengthening of democracy in healthcare, by examining a recent trend called “organization as democracy” (Dodge and Ospina, 2016), supporting its users as “able and
ready to participate in society” (Ibid., p. 479). The question then is how to foster workplaces that support democracy (in health) (D. King & M. Griffin, 2019). While this literature encourages participatory and democratic management, we are instead exploring an original case where overly democratic processes weaken the organization in its ability to support its beneficiaries and pursue its civic mission: a social day care centre, for people in great precariousness, the «Boutique Solidarité» (BS), managed by the Abbé Pierre Foundation and located in Marseille (France); by its reception of the most precarious, it intends to give them the floor, especially those who volunteer to help the team manage the Boutique.
We mobilize the theory of social regulation (J-D Reynaud, 1979) and the notion of experiential knowledge (T. Borkman, 1976); and raise the following research question: “How can better social regulation support the expression of volunteers' experiential knowledge and contribute to the organization's mission as an organization for/for democracy?”.
We conducted an interventional and participatory research between 2017 and 2021 (M.d'Anadon, 2007; C. Bélot & J. Rivard, 2013).
Our results show that the implementation of a new tool to manage the relationship between the salaried team and volunteers has made it possible to restore a form of joint regulation favorable to the expression of the savoirs of the latter: they are more «active actors» with the beneficiaries and the staff (E. Baillergeau et J.W. Duyvendak, 2016). However, some elements further weaken the Boutique's ability to be a space for/for democracy in society. For instance, volunteers do not yet seem to consider themselves as a social group ready to help each other and build a common voice to defend. Their political commitment (Dodge and Ospina, 2016) still seems to remain the experience of everyone, in their relations with the team, which prevails within the Boutique. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://shs.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2024-1-page-53?lang=fr (accès réservé) |