Contenu du sommaire : Démocratie en santé
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Numéro | no 327, 2024/1 |
Titre du numéro | Démocratie en santé |
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Éditorial
- Démocratiser la gestion ou gérer la démocratie ? - Philippe Naszályi p. 1-4 Démocratiser la gestion. C'est l'idéal de l'Économie Sociale et Solidaire. C'est aussi, et on le sait moins, celui de la « participation » au sens gaullien du terme. « Sociétaires», ce terme alors utilisé par Charles de Gaulle raisonne favorablement également à l'oreille d'un tenant de l'économie sociale et solidaire. Mais même dans cette forme, on est souvent très loin de la démocratie voulue. La démocratie ordonne que chacune des parties prenantes ait le même degré d'information économique. Donner un pouvoir aux salariés, comme le prônait la participation gaullienne, serait une priorité. Pour ce faire, il faut d'abord refonder le système d'information comptable. Gérer la démocratie semble bien alors s'imposer ! Oui, mais comment ? Il faut donc revenir non pas aux institutions, mais bien à ceux qui les utilisent, les hommes et les femmes. Le gestionnaire a une vision pragmatique qui peut alors être utile : Un premier colloque a été organisé en 2023, Démocratie en Santé et pouvoir d'agir des usagers en partenariat avec le Cnam-Paris. Sandra Bertezene a coordonné un cahier spécial des meilleurs articles en matière de sciences de gestion de l'édition 2023 qu'elle présente dans ce numéro. Un deuxième colloque aura lieu en partenariat toujours avec le Cnam-Paris en y ajoutant nos amis québécois, le 13 juin 2024 en visioconférence. Son programme est déjà établi sur le thème du Pouvoir d'agir des usagers en France et au Québec : partage de connaissances pour une plus grande démocratie en santé. Un ouvrage que nous coordonnerons, paraîtra en 2025, pour l'anniversaire des 60 ans de notre revue, La RSG. Il présentera les contributions retenues dans toutes les thématiques qui ne sont pas « gestionnaires » au sens strict. Pour démocratiser la gestion ou pour gérer la démocratie, nous sommes légitimes en sciences de gestion !Democratize management. It is the ideal of the Social and Solidarity Economy. It is also, and we know it less, that of «participation» in the Gallic sense of the term. Sociétaires (cooperative shareholders), this term then used by Charles de Gaulle also favourably reasons in the ear of a supporter of the social and solidarity economy. But even in this form, we are often very far from the desired democracy. Democracy dictates that each stakeholder has the same degree of economic information. Giving power to employees, as advocated by Gaullist participation, would be a priority. To do this, the accounting information system must first be reformed. Managing democracy then seems to impose itself! Yes, but how? So we have to go back not to the institutions, but to those who use them, men and women. The manager has a pragmatic vision that can then be useful: A first symposium was organized in 2023, Democracy in Health and User Empowerment in partnership with Cnam-Paris. Sandra Bertezene coordinated a special book of the best management science articles of the 2023 edition that she presents in this issue. A second conference will be held in partnership with Cnam-Paris, adding our Quebec friends, on June 13, 2024 by videoconference. Its program is already established on the theme of the Power to act of users in France and Quebec: sharing knowledge for a greater democracy in health. A book that we will coordinate will be published in 2025, for the 60th anniversary of our journal, The RSG. It will present the selected contributions in all themes that are not «managers» in the strict sense. To democratize management or to manage democracy, we are legitimate in management sciences!
- Démocratiser la gestion ou gérer la démocratie ? - Philippe Naszályi p. 1-4
Dossier spécial – Démocratie en santé
- Introduction au dossier spécial : Démocratie en santé et pouvoir d'agir des usagers - Sandra Bertezene p. 15-16 La loi du 4 mars 2002 reconnaît pour la première fois l'expertise des usagers aux côtés de celle des professionnels. Ce texte permet, depuis lors, l'essor de la démocratie en santé et du pouvoir d'agir des usagers des secteurs social, médico-social et sanitaire. Ce dossier spécial réunit quatre articles sur cette thématique. Le premier propose le déploiement de Conseils Citoyens au sein des territoires; le deuxième analyse la démocratie en santé au Québec ; la troisième traite du partenariat patient dans le système de santé du Luxembourg ; et le quatrième est axé sur l'expression des savoirs expérientiels.The law of March 4, 2002 recognized for the first time the expertise of users alongside that of professionals. Since then, this text has enabled the development of healthcare democracy and the empowerment of users in the social, medico-social and healthcare sectors. This special issue brings together four articles on this theme. The first looks at the deployment of Citizens' Councils in local areas; the second analyzes healthcare democracy in Quebec; the third deals with patient partnership in the Luxembourg healthcare system; and the fourth focuses on the expression of experiential knowledge.
- La démocratisation par l'institutionnalisation de Conseils Citoyens en santé : Des fondements aux conditions d'efficacité - Philippe Bance, Angélique Chassy p. 17-30 Alors qu'un processus de démocratisation de la santé s'est déployé dans le discours et la législation française depuis deux décennies, elle n'a produit que peu d'effets positifs sur la perception citoyenne des politiques de santé. Les critiques vis-à-vis de l'action publique en général et des politiques de santé en particulier sont très vives, plus encore après la crise Covid. Cet article analyse le processus de démocratisation en santé pour montrer en quoi l'institutionnalisation de Conseils Citoyens pourrait jeter les bases d'une nouvelle forme de démocratisation, par la mobilisation de l'expertise citoyenne et la recherche d'une mise en phase de la prise de décision collective avec les aspirations de la population. Aussi précise-t-il comment lever les réticences aux changements en appliquant des critères d'efficacité dans l'instauration de Conseils Citoyens : leur légitimation institutionnelle, la mise en adéquation de leur périmètre de compétence et la pertinence de leur expertise.While a process of democratization of health has taken place in French discourse and legislation for two decades, it has produced few positive effects on citizen perception of health policies. Criticism of public action in general and health policies in particular is very strong, even more so after the Covid crisis. This article analyzes the process of democratization in health to show how the institutionalization of citizen councils could lay the foundations for a new form of democratization, through the mobilization of citizen expertise and the search for an alignment of the collective decision-making with the aspirations of the population. It also specifies how to remove reluctance to change by applying effectiveness criteria in the establishment of citizen councils: their institutional legitimacy, the alignment of their scope of competence and the relevance of their expertise.
- L'élaboration et la mise en œuvre des politiques de santé au Québec : entre modèle patient partenaire et gouvernance intersectorielle - Kossi Eden Andrews Adandjesso p. 31-41 En mobilisant deux politiques publiques de santé à caractère intersectoriel, cet article tente de répondre à la question suivante : l'adoption de la gouvernance intersectorielle dans les politiques de santé prend-elle réellement en compte l'implication des patients partenaires (ou des citoyens) ? Après avoir analysé les études de cas, l'article conclut que la gouvernance intersectorielle est l'approche la plus mobilisée dans l'élaboration des politiques de santé. Tandis que le modèle patient partenaire a une place très marginale dans les politiques publiques de santé au Québec; ce, nonobstant son importance dans les discours scientifiques. Trois explications ont été apportées à cet effet. D'abord, il y a la prédominance des interventions à visée paternaliste. Ensuite, la démocratie sanitaire qui n'a pas connu un réel succès dans les pratiques politiques et enfin, l'institutionnalisation tardive du modèle de Montréal est l'une des raisons explicatives.By mobilizing two public health policies of an intersectoral nature, this article attempts to answer the following question: Does the adoption of intersectoral governance in health policies really take into account the involvement of patient partners (or citizens)? After analyzing the case studies, the article concludes that intersectoral governance is the approach most used in the development of health policies. While the patient partner model has a very marginal place in public health policies in Quebec; this, notwithstanding its importance in scientific discourses. Three explanations have been given for this effect. First, there is the predominance of interventions with a paternalistic aim. Then, Health democracy which has not had real success in political practices and finally, the late institutionalization of the Montreal model is one of the explanatory reasons.
- La construction du modèle luxembourgeois du partenariat patient : Une feuille de route pour une transformation systémique - Sarah Garidi, Sylvain Vitali, Shirley Feider p. 43-51 Cet article présente la démarche de recherche qui conduit à la construction du modèle du partenariat patient au Luxembourg et à l'élaboration de la feuille de route pour une transformation systémique en sa faveur. Il se situe dans un débat académique qui inverse le principe du management du changement dans les organisations, historiquement conduit par un leader, professionnel, dirigeant pour développer un management conduit selon un co-leadership porté par le patient. Par une approche qualitative basée sur une recherche intervention qui fait appel à une triangulation de données (focus groupe, entretiens semidirectifs et exploration documentaire), nous présentons dans un premier temps un état des lieux de l'engouement habilitant ou réticent autour de l'approche du partenariat en soins. Ensuite nous décrivons la mise en place d'une plateforme de collaboration qui permet au patient de participer pleinement à la conception d'un modèle de partenariat adapté à l'expression de son expérience. Ce modèle est par la suite caractérisé pour permettre sa mise en œuvre dans un système de santé par l'intégration des différents acteurs.This article presents the research approach that led to the construction of the patient partnership model in Luxembourg and the development of a roadmap for a systemic transformation in its favor. It is part of an academic debate which inverts the principle of change management in organizations, historically led by a leader, professional or manager, to develop management led by a co-leadership supported by the patient. Using a qualitative approach based on intervention research involving a triangulation of data (focus group, semi-directive interviews and documentary exploration), we first present an overview of the enabling or reluctant enthusiasm for the partnership approach to care. We, then describe the implementation of a collaborative platform that enables patients to participate fully in the design of a partnership model adapted to the expression of their experience. This model is then characterized (defined?) so that it can be implemented in a healthcare system by integrating the various players.
- Renforcer le recours aux savoirs expérientiels des bénévoles d'un accueil de jour : le rôle de la régulation sociale - Corinne Grenier p. 53-65 Notre recherche entend contribuer au renforcement de la démocratie en santé en nous intéressant à un courant récent qui examine « l'organisation comme démocratie » (J. Dodge & S-M. Ospina, 2016), formant ses usagers comme « des citoyens capables et prêts à participer à la société » (Ibid., p. 479). La question est alors de savoir comment favoriser des lieux de travail favorables à cette démocratie (en santé) (D. King et M. Griffin, 2019). Alors que cette littérature encourage un management participatif et démocratique, nous explorons au contraire un cas original où des processus trop démocratiques affaiblissent l'organisation dans sa capacité à accompagner ses bénéficiaires et à poursuivre sa mission citoyenne : un accueil de jour pour personnes en grande précarité, la « Boutique Solidarité » (BS), gérée par la Fondation Abbé Pierre et situé à Marseille (France) ; par son accueil des plus précaires, elle entend leur donner la parole, notamment à ceux qui agissent comme bénévole pour aider l'équipe à gérer la Boutique. Nous mobilisons la théorie de la régulation sociale (J-D Reynaud, 1979) et la notion des savoirs expérientiels (T. Borkman, 1976) et posons la question de recherche suivante : « Comment une meilleure régulation sociale peut-elle soutenir l'expression des savoirs expérientiels des bénévoles et contribuer à la mission de l'organisation, comme organisation de/pour la démocratie ? ». Nous avons mené une recherche interventionnelle et participative entre 2017 et 2021 (M. d'Anadon, 2007 ; C. Bélot et J. Rivard, 2013). Nos résultats montrent que la mise en place d'un nouvel outil de gestion de la relation entre l'équipe salariée et les bénévoles a permis de restaurer une forme de régulation conjointe favorable à l'expression de la parole de ces derniers : ils sont davantage des « acteur actifs » auprès des personnes accueillies et de l'équipe salariée (E. Baillergeau et J.W. Duyvendak, 2016). Cependant, certains éléments affaiblissent encore la capacité de la Boutique à être un espace de/pour la démocratie dans la société. Notamment, les bénévoles ne semblent pas encore se considérer comme un groupe social prêt à s'entraider et construire une voix commune à défendre. Leur engagement politique (Dodge et Ospina, 2016) semble encore rester l'expérience de chacun, dans ses relations avec l'équipe, qui prévaut au sein de la Boutique.Our research aims to contribute to the strengthening of democracy in healthcare, by examining a recent trend called “organization as democracy” (Dodge and Ospina, 2016), supporting its users as “able and ready to participate in society” (Ibid., p. 479). The question then is how to foster workplaces that support democracy (in health) (D. King & M. Griffin, 2019). While this literature encourages participatory and democratic management, we are instead exploring an original case where overly democratic processes weaken the organization in its ability to support its beneficiaries and pursue its civic mission: a social day care centre, for people in great precariousness, the «Boutique Solidarité» (BS), managed by the Abbé Pierre Foundation and located in Marseille (France); by its reception of the most precarious, it intends to give them the floor, especially those who volunteer to help the team manage the Boutique. We mobilize the theory of social regulation (J-D Reynaud, 1979) and the notion of experiential knowledge (T. Borkman, 1976); and raise the following research question: “How can better social regulation support the expression of volunteers' experiential knowledge and contribute to the organization's mission as an organization for/for democracy?”. We conducted an interventional and participatory research between 2017 and 2021 (M.d'Anadon, 2007; C. Bélot & J. Rivard, 2013). Our results show that the implementation of a new tool to manage the relationship between the salaried team and volunteers has made it possible to restore a form of joint regulation favorable to the expression of the savoirs of the latter: they are more «active actors» with the beneficiaries and the staff (E. Baillergeau et J.W. Duyvendak, 2016). However, some elements further weaken the Boutique's ability to be a space for/for democracy in society. For instance, volunteers do not yet seem to consider themselves as a social group ready to help each other and build a common voice to defend. Their political commitment (Dodge and Ospina, 2016) still seems to remain the experience of everyone, in their relations with the team, which prevails within the Boutique.
- L'actualité de la gestion : Universités – Grandes Écoles – Entreprises – Institutions… - Philippe Naszályi, Jean-Désiré Mbaye p. 67-73
- Introduction au dossier spécial : Démocratie en santé et pouvoir d'agir des usagers - Sandra Bertezene p. 15-16
- Formation de l'intention d'agir sur Facebook en conséquence d'une recommandation reçue - Alain Noël Sone Mbassi p. 75-87 La présente étude se propose d'analyser la formation de l'intention d'agir sur la confiance faite en la personne qui formule une recommandation sur réseaux sociaux numériques. Elle s'inspire de la théorie de la réduction de l'incertitude. À partir de données collectées auprès de 208 usagers de Facebook au Cameroun, nous utilisons un modèle à équations structurelles, notamment la méthode PLS pour tester nos hypothèses de recherche. Les résultats révèlent que l'intention d'agir est déterminée par la confiance en un contact sur réseaux sociaux numériques. Cette confiance est induite uniquement par la similarité entre les contacts, la proximité, l'expérience du passé et le comportement de postage présentant des effets négatifs. Finalement, ils démontrent que les relations fiables ne sont en réalité que l'extension des relations nouées sur la sphère réelle.This study aims to analyze the formation of the intention to act on trust in the person who made a recommendation on social network sites. It is inspired by the theory of uncertainty reduction. Using data collected from 208 users of Facebook in Cameroon, we use a structural equation model including PLS method to test our research hypotheses. The results show that the intention to act is determined by the confidence in the recommendation of a contact on social network sites. This confidence is induced only by the similarity between the contacts on social network sites, while proximity, past experience and posting behavior present negative or non significant effects. Finally, they demonstrate that reliable relationships are really only the extension of already existing relationships in the real economy.