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Titre Dégoût de l'excessif et production de l'écologie dominante
Auteur Jean-Baptiste Comby
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 36, no 144, 2023 Inertie des politiques écologiques
Rubrique / Thématique
Dossier. Inertie des politiques écologiques
Page 37-66
Résumé Si l'écologisation des expériences bourgeoises du monde prend des tournures différentes en haut à gauche et en haut à droite de l'espace social, elle se heurte de part et d'autre à l'inertie des styles de vie et se révèle fuyante. Les membres de la bourgeoisie culturelle regrettent ce désajustement entre leur volontarisme écologique et sa traduction pratique, quand celles et ceux du pôle économique l'assument comme une expression de leur pragmatisme. Dans les deux cas, ces écologisations jugées imparfaites favorisent la formation, l'activation et l'actualisation d'une disposition réformatrice qui atteste la proximité idéologique de ces deux fractions de classe par-delà leurs styles de vie contrastés. Fondé sur une analyse couplant quarante-quatre entretiens approfondis et 1984 questionnaires, cet article cherche donc à comprendre comment l'intégration morale de la bourgeoisie résiste à la dispersion des idées et pratiques écologiques de ses membres. Il montre qu'au sein des classes dominantes, les conditions sociales ne sont pas réunies pour faire de la question environnementale un marqueur statutaire à même de convertir ces différences d'attitude en concurrence entre leurs fractions. Ces conditions apparaissent en revanche aux marges de la petite bourgeoisie où la disposition réformatrice devient moins centrale dès lors que les formes de sociabilité et de politisation portent plus souvent à faire de l'écologie un enjeu de placement et de classement social.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais While the ecologisation of bourgeois experiences of the world takes different forms in the upper left and upper right of social space, it comes up against the inertia of lifestyles on both sides. The members of the cultural bourgeoisie regret this misalignment between their ecological voluntarism and its practical translation, while those in the economic pole accept it as proof of their pragmatism. In both cases, these ecologisations, deemed imperfect, favour the formation, activation and updating of a reforming disposition that also attests to the moral and ideological proximity of these two class fractions over and above their contrasting lifestyles. Based on an analysis combining forty-four in-depth interviews and 1,984 questionnaires, this article seeks to understand how the moral integration of the bourgeoisie resists the dispersal of its members' ecological ideas and practices. It shows that within the dominant classes, the social conditions do not exist to make the environmental issue a status marker capable of converting these differences in attitude into competition between their fractions. On the other hand, these conditions are apparent on the fringes of the petty bourgeoisie, where the reformist tendency becomes less central as the forms of sociability and politicisation more often lead to make ecology an issue of placement and social ranking.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-politix-2023-4-page-37?lang=fr (accès réservé)