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Titre Que devrions-nous entendre par "politique de croissance" ?
Auteur Robert M. Solow
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Numéro no 102, été 2007 Revue OFCE n° 102 Numéro spécial 25 ans
Rubrique / Thématique
Macroéconomie : théories et politiques
Page 101
Résumé Pour diverses raisons, la théorie de la croissance moderne, néo-classique, a centré son attention sur une croissance exponentielle à l'état stationnaire. La fonction principale d'un modèle semble être alors de déterminer ou d'« expliquer » le taux de croissance de long terme. À cette fin, des hypothèses particulières sont introduites dont le seul but réel est de garantir l'existence d'un ou plusieurs états stationnaires exponentiels. La raison originale en est rapidement oubliée et l'hypothèse introduite pour des raisons de commodité devient standard. Ce schéma d'analyse est inutile et, plus grave encore, source d'erreurs pour à la fois la théorie et la politique économique. Il semble plus naturel de définir comme « politique de croissance » tout ce qui élève de façon permanente le sentier de croissance corrigé du cycle de l'économie, même s'il ne s'agit que d'ajouter un pourcentage constant au sentier existant. Le point le plus important est qu'une fois la théorie économique émancipée du besoin de générer des sentiers de croissance exponentiels et des moyens d'en accroître plus encore la pente, alors la voie est ouverte à des choix plus discriminants d'hypothèses, guidés davantage par la pertinence empirique que par des artifices de commodité.S'il existe une leçon générale pour la théorie macroéconomique dans ces considérations, ce n'est pas que les hypothèses simplificatrices doivent être évitées. Ce serait la fin de tout raisonnement systématique sur l'économie. La leçon serait plutôt que les hypothèses simplificatrices doivent être choisies avec grande attention. Bien sûr, elles doivent être commodes et simplificatrices ; mais il est également important qu'elles n'aient pas pour effet involontaire de déformer la théorie en excluant d'importantes possibilités ou en dirigeant l'attention sur des cas particuliers arbitraires. La mobilisation de la théorie économique dans l'intérêt de la politique économique suppose la recherche d'un équilibre délicat entre réalisme et abstraction.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais For various reasons — empirical, technical and casual — modern (neo-classical) growth theory has centered its attention on steady-state exponential growth. When the models are intented to serve as a guide to policy, the tacit presumption is that the goal of growth policy is to increase the long-term growth rate. It seems more natural to define as « growth policy » anything that permanently lifts the cyclically-corrected trend path of the model economy, even if it only adds a constant percentage to a pre-existing path. The deeper point is that once growth theory is freed of the need to generate exponential paths and ways to tilt them, the way is open to a more discriminating choice of assumptions, governed more by empirical validity and less by artificial convenience. If there is a general lesson for macroeconomic theory in these considerations, it is not that convenient simplifications should be avoided. It is rather that convenient simplifications have to be chosen with care.JEL Classification: E60, O11, O40, O43.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REOF_102_0101