Titre | Un Japon propre ? : La construction d'une image nationale à travers les pratiques de lavage du corps dans les années 1930-1940 | |
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Auteur | Naoko Tokumitsu | |
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Revue | Sociétés & Représentations |
Numéro | no 58, 2024/2 L'entretien du corps | |
Rubrique / Thématique | Les pratiques de l'hygiène et du soin du corps au quotidien |
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Page | 29-52 | |
Résumé |
Cet article étudie l'articulation entre le fascisme japonais et les pratiques de lavage du corps dans les années 1930 et 1940, lorsque les normes hygiénistes se sont développées et se sont articulées avec les aspects moraux et politiques alors structurants. Nous observons tout particulièrement comment les savons et les shampoings ont joué un rôle de plus en plus important dans la vie quotidienne. Pour ce faire, nous prenons appui sur l'analyse d'archives – particulièrement de publicités de presse, de magazines –, sur l'histoire des bains publics, ainsi que sur celle des pratiques de soin des cheveux. Sans restreindre la portée des savons et shampoings à leur seul aspect matériel, nous nous intéressons aux processus culturels qui ont vu ces objets acquérir une forme de valeur via un processus d'idéologisation (Kopytoff, 1986), marqué par la diffusion de normes hygiénistes ou prophylactiques. Plus spécifiquement, dans les années 1900 et 1910, ces produits de lavage ont commencé à être utilisés au quotidien, et, dans les années 1930 et 1940, ont été diffusés dans un contexte de montée de l'ultranationalisme et du militarisme. Tout en symbolisant l'innovation technique, ces objets ont participé au développement de la notion de beauté du corps sain des femmes, en lien avec la question de la procréation, et se sont inscrits progressivement, durant la Seconde Guerre mondiale, dans le discours raciste qui caractérise les dynamiques totalitaires. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This article explores the relationship between Japanese fascism and body-washing practices in the 1930s and 1940s, when hygienist norms developed and were associated with the moral and political aspects that were structuring society at the time. In particular, we examine the way in which soaps and shampoos played an increasingly important role in everyday life, by analysing archives—particularly press and magazine advertisements—and by studying the history of public baths and hair care practices. Without restricting soaps and shampoos to their material aspect alone, we are interested in the cultural processes that saw these objects acquire a form of value through a process of ideologisation (Kopytoff, 1986), marked by the spread of hygienist or prophylactic standards. More specifically, in the 1900s and 1910s, these washing products began to be used in everyday life, and in the 1930s and 1940s, their development was linked to rising ultranationalism and militarism. As well as a symbol of technical innovation, these objects contributed to the development of the notion of the beauty of women's healthy bodies, linked to the issue of procreation, and during the Second World War gradually became part of the racist discourse that characterised totalitarian dynamics. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://shs.cairn.info/revue-societes-et-representations-2024-2-page-29?lang=fr (accès réservé) |