Titre | De l'espace conçu à l'espace vécu : à qui profite la « transition » des territoires touristiques pyrénéens ? Le cas des vallées d'Ax en Haute-Ariège | |
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Auteur | Emma Bardou, Jérôme Pelenc | |
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Revue | Revue de Géographie Alpine |
Numéro | vol. 112, no 3, 2024 Négocier sa place en montagne. Faire l'expérience de la domination et de sa contestation : perspectives radicales | |
Résumé |
Cet article analyse les recompositions socio-spatiales d'un territoire touristique pyrénéen, les vallées d'Ax en Haute-Ariège, dans un contexte de « transition » d'un modèle économique à bout de souffle, celui des stations de ski. Au prisme de la géographie radicale, en mobilisant notamment les travaux d'Henri Lefebvre et de David Harvey, il interroge l'opportunité que peut représenter ce moment charnière pour une restructuration géographique du capital qui tend à (re)produire un espace qui lui est propre. À partir des résultats d'une enquête de terrain réalisée auprès d'habitant·es du territoire des vallées d'Ax et des acteurs et actrices de l'aménagement touristique du massif pyrénéen, cet article met en lumière le décalage existant entre l'espace conçu par les acteurices de l'aménagement et l'espace vécu par ses habitant·es. D'un côté, l'espace conçu s'apparente à une entreprise de loisirs dans laquelle le public et le privé s'associent pour réaliser les investissements nécessaires à son fonctionnement et qui tend à absorber chaque ressource pour en tirer profit. C'est aussi l'image du territoire, son « capital symbolique collectif » lié aux imaginaires touristiques, qui est exploité pour renforcer son attractivité et faire venir de nouveaux et nouvelles touristes, résident·es et entreprises des métropoles. Nous montrons ainsi comment ce territoire acquiert une certaine centralité, représentant une réserve, à la fois foncière et symbolique, de l'urbain. D'un autre côté, l'espace conçu écrase l'espace vécu en limitant les possibilités pour les habitant·es, et en particulier pour les moins favorisé·es, de s'approprier leur territoire. L'habitabilité du territoire est remise en cause par les logiques de développement touristique, notamment au regard des difficultés d'accès au logement qu'elles induisent, mais aussi du fait de l'absence de lieux permettant la création de lien social et l'organisation collective des habitant·es. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/rga/13309 |