Titre | Contrôles des corps et résistances par le soin dans la production de l'espace frontalier haut-alpin du Briançonnais | |
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Auteur | Daphné Velay, Camille Chassouant, Léna Malbrunot | |
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Revue | Revue de Géographie Alpine |
Numéro | vol. 112, no 3, 2024 Négocier sa place en montagne. Faire l'expérience de la domination et de sa contestation : perspectives radicales | |
Résumé |
Les contrôles aux frontières avec l'Italie ont été renforcés par la France à partir de 2015 dans la région de Briançon, ville des Hautes-Alpes. Des patrouilles mobiles en montagne sont chargées de repérer, interpeller et éloigner les personnes exilées considérées « ESI » (étranger·es en situation irrégulière), la fonction de filtrage de la frontière alpine se traduisant par une politique de ciblage et d'expulsion des corps migrants illégalisés. Les moyens colossaux dédiés à ce dispositif de contrôle migratoire pressent les exilé·es à affronter les conditions hostiles de la montagne pour échapper aux refoulements systématiques et à la violation de leurs droits. Les conditions climatiques et topographiques particulières de cet espace frontalier permettent à l'administration d'invoquer les « risques » encourus pour se prévaloir d'une mission de mise à l'abri, adoptant une rhétorique sécuritaire/humanitaire ambivalente pour justifier cette mission de contrôle. Cependant les conditions effectives d'accès aux soins pour les personnes exilées interpellées demeurent arbitraires et les conséquences des passages de la frontière sur la santé s'avèrent importantes : cette frontière blesse et épuise les corps. S'opposant à la violence de la frontière, les pratiques du secours et du soin, qu'elles s'affirment en montagne pendant les maraudes ou à Briançon aux Terrasses solidaires, contestent le biopouvoir que l'État s'arroge sur la vie des exilé·es illégalisé·es. L'occupation et l'appropriation de l'espace par les maraudeur·euses participent ainsi à redéfinir la frontière, interrogeant dans le même temps un ensemble de rapports de domination qui façonnent l'espace frontalier. Au cœur des relations conflictuelles entre les forces de l'ordre et les soignant·es bénévoles de Médecins du Monde se trouvent les diagnostics posés par ces dernier·es et les décisions de prise en charge médicale et de mise à l'abri des personnes exilées rencontrées dans la montagne. Lorsque ces décisions se heurtent aux contrôles policiers, les soignant·es se retrouvent alors à devoir négocier, argumentant la vulnérabilité des personnes et leur droit à bénéficier de soins. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/rga/13348 |