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Titre Une politisation oblique des écologies populaires : Travailler et vivre face à la prédation extractive en Andalousie
Auteur Doris Buu-Sao
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 256, avril 2025 Écologie et dominations (2)
Page 22-41
Résumé En Andalousie, la mine de Riotinto pose la question de la place accordée aux classes populaires dans l'appréhension de la crise écologique. L'impératif de transition énergétique justifie la réouverture de mines métalliques comme Riotinto, dont le cuivre est nécessaire aux infrastructures qui produisent et transportent les énergies renouvelables. Avec ses sept communes de 15 000 habitant·es, le bassin minier de Riotinto est marqué par les déchets toxiques, accumulés au cours d'un siècle et demi d'industrie minière, et par le chômage structurel depuis la fermeture de la mine au tournant du XXIe siècle. Aujourd'hui, les promesses d'emploi et de croissance associées à la relance minière font de ses habitant·es, qui vivent en première ligne au pied d'industries polluantes (mine, enfouissement de déchets industriels, agro-industrie), de fervents soutiens de l'extraction. Pourvoyeuse d'emplois, la mine produit aussi des nuisances sur les corps humains et leur environnement biophysique. À partir d'une ethnographie des expériences de travail et d'habitat à l'ombre de la mine, cet article analyse les « écologies populaires » en contexte minier, au sens des rapports aux problèmes écologiques qui résultent de conditions d'existence façonnées par la proximité à la mine. L'article montre comment l'environnement physique et social du bassin minier de Riotinto est profondément marqué par la mine, qui nourrit à nouveau les espoirs d'une vie meilleure. Il développe ensuite ce qui, dans la nouvelle mine, contraint la politisation de l'expérience que font les travailleur·ses de la toxicité minière. Il analyse enfin le transfert d'un sens critique politisé de la scène du travail industriel vers l'espace résidentiel et son inégale expression, d'une fraction à l'autre des classes populaires du bassin minier.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Andalusia, the Riotinto mine raises the question of the position of the working classes in addressing the ecological crisis. The imperative of energy transition justifies the reopening of metal mines like Riotinto, since the copper is needed for the infrastructures that produce and transport renewable energies. With its seven communities of fifteen thousand inhabitants, the Riotinto mining basin has been marked by toxic waste accumulated over a century and a half of mining, and by structural unemployment since the mine closed at the turn of the 21st century. Today, the promises of jobs and growth associated with the mining recovery have turned the inhabitants, who live on the front line of polluting industries (mining, landfill of industrial waste, agro-industry), into enthusiastic supporters of mining. While the mine provides jobs, it also affects human bodies and their biophysical environment. Based on an ethnography of the working and living conditions in the shadow of the mine, this article analyses the ‘popular ecologies' in the mining context, in the sense of the attitudes to ecological problems that result from living conditions shaped by proximity to the mine. The article begins by showing how the physical and social environment of the Riotinto area has been profoundly altered by the mine, which is once again fuelling hopes for a better life. It then looks at how the new mine is limiting the politicisation of workers' experience of mining toxicity. Finally, it analyses the transfer of a politicised critical sense from the industrial workplace to the residential space, and how it is unevenly expressed among different sections of the working classes in the mining basin.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2025-1-page-22?lang=fr (accès réservé)