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Titre Exclure tout écho chrétien. Pierre Clastres et ses choix de traduction dans Le Grand parler
Auteur Joaquín Ruiz Zubizarreta
Mir@bel Revue Cahiers d'anthropologie sociale
Numéro no 22, 2025 Pierre Clastres, en héritage
Page 85-103
Résumé Dans Le Grand parler (1974), Pierre Clastres signale que sa traduction est « presque toujours littérale ». Soucieux de s'écarter « le moins possible de la lettre du texte », il dit que « traduire les Guarani c'est traduire en guarani ». Or, si Clastres ne publie pas une transcription en guarani des textes qu'il publie, certains figurent dans un autre livre d'où Clastres dit en avoir choisi quelques-uns : l'Ayvu Rapyta (1959) publié par León Cadogan. Bien que Clastres dise qu'il a « tenté de traduire tous ces textes du guarani », il signale qu'il s'est « constamment reporté à la traduction espagnole [de Cadogan] ». S'il s'écarte parfois de celle-ci, c'est à cause de « l'écho chrétien qu'elle fait résonner ». Qu'en est-il de la traduction des textes que Clastres lui-même a recueillis dont une transcription à partir des enregistrements d'archives est présentée ? En se penchant sur les choix de traduction de Pierre Clastres, il s'agit de comprendre les objectifs théoriques qui guident ses choix, et en quoi ils illustrent des objectifs théoriques. Sans chercher à signaler les défauts d'une traduction qui est toujours partielle, cette analyse des textes et traductions vise à montrer leur place dans l'édifice théorique de Clastres. Sans critiquer le bien-fondé de la démarche de Clastres, il est simplement suggéré que Le Grand parler est une « tentative d'archéologie » du « discours prophétique précolombien ». Il s'agit également de savoir ce que ces textes ont à dire sur les Guarani d'aujourd'hui. Sur ce point, Clastres disait avec pessimisme que la pensée guarani était « inéluctablement condamnée, car, à la longue, les prophètes se tairont ». Or, les Guarani persévèrent toujours, et avec la même obstination, dans leur manière d'être.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Le Grand parler (1974), Pierre Clastres points out that his translation is “almost always literal”. Eager to deviate “as little as possible from the letter of the text”, he says that “to translate the Guarani is to translate into Guarani”. Although Clastres does not publish a Guarani transcription of the texts he publishes, some of them appear in another book from which Clastres says he chose some : Ayvu Rapyta (1959) published by León Cadogan. Although Clastres says that he “tried to translate all these texts from Guarani”, he points out that he “constantly referred to [Cadogan's] Spanish translation”. If he sometimes deviated from it, it was because of “the Christian echo it produces”. What about the translation of the texts that Clastres himself collected – a transcription of which, based on archive recordings, is presented here ? In examining Pierre Clastres's translation choices, the aim is to understand the theoretical objectives that guide these choices, and how these choices illustrate theoretical purposes. Without seeking to point out the shortcomings of a translation that is always partial, this analysis of texts and translations aims to show their place in Clastres's theoretical edifice. Without criticising the merits of Clastres' approach, it is simply suggested that Le Grand parler is an “attempt at an archaeology” of “pre-Columbian prophetic discourse”. The question is also what these texts have to say about the Guarani of today. On this point, Clastres said pessimistically that Guarani thought was “inevitably doomed, because in the long run the prophets will fall silent”. Yet the Guarani have always persevered, and with the same obstinacy, in their way of being.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-cahiers-d-anthropologie-sociale-2025-1-page-85?lang=fr (accès réservé)