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Titre 1956, un court dégel littéraire en URSS : les "audaces" de Novy Mir et de Litératournaïa Moskva
Auteur Cécile Vaissié
Mir@bel Revue 20 & 21. Revue d'histoire
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 98, avril-juin 2008 L'ombre portée de Mai 68
Rubrique / Thématique
L'ombre portée de Mai 68
Page 149
Résumé L'année 1956 est marquée, en URSS, par le 20e Congrès du PCUS, au cours duquel Nikita Khrouchtchev dénonce certains crimes de Staline. Or, cette année-là, deux publications littéraires font sensation : un almanach intitulé Litératournaïa Moskva (Moscou littéraire) qui n'aura que deux numéros, et la revue mensuelle Novy Mir (Le Monde nouveau). Ces deux publications font en effet paraître des textes qui dévoilent crûment des problèmes de la société soviétique. Leurs auteurs et leurs responsables se veulent pleinement dévoués au parti, mais ils souhaitent promouvoir une déstalinisation des pratiques littéraires et sociales, qui concorderait avec celle lancée, en politique, par Nikita Khrouchtchev. À l'automne 1956, l'insurrection de Budapest et son écrasement marquent toutefois la fin – momentanée – de ce dégel littéraire. Litératournaïa Moskva et Novy Mir font l'objet de critiques sévères et tout est mis en œuvre pour que les responsables de ces parutions se repentent publiquement, un reniement public demeurant, comme par le passé, la condition d'une rédemption sociale et politique. Le sort réservé aux publications « audacieuses » de 1956 montre donc les limites du dégel, lancé par Nikita Khrouchtchev au 20e Congrès du parti. Le numéro un soviétique ne souhaite pas une réelle libéralisation sociale dont les possibles conséquences l'effraient. Dès lors, et même si tous ne le comprennent pas encore, la littérature soviétique officielle est condamnée, encore et toujours, et de par sa définition même, à servir aveuglement le parti.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In 1956 a remarkable event happened in the Soviet Union : at the 20th Congress of the CPSU Nikita Khrushev denounced some of Stalin's crimes. The same year, two literary publications created a sensation: the almanac Litératournaïa Moskva (Literary Moscow), that was to have only two issues, and the monthly journal Novy Mir (The New World). Both of these publications included texts bluntly highlighting some problems in Soviet society. Those who wrote these texts or responsible for publishing them were fully dedicated to the party, but they wanted to promote a destalinization of literary and social practices. From their point of view, their efforts were in line with the political destalinization that Khrushev had launched at the 20th Congress. During the fall of 1956, the Budapest insurrection and its violent crushing marked the momentary ending of the literary thaw in the Soviet Union. Litératournaïa Moskva and Novy Mir were severely criticized. Everything was done to force the people in charge of these publications to repent publicly, a public repentance remaining, as in the past, the pre-requisite to social and political redemption. The fate of the « bold » publications of 1956 therefore shows the limits of the thaw initiated by Nikita Khrushev. The Soviet leader did not want real social liberalization, whose possible consequences scared him. This is why, even if it was not yet clearly understood by everyone, official Soviet literature was doomed, as a consequence of its own definition, to serve the party blindly until the end of time.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_098_0149