Contenu du sommaire : Dossier : Taille des pays et stratégies de croissance
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 112, janvier 2010 |
Titre du numéro | Dossier : Taille des pays et stratégies de croissance |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Quelle dette publique à l'horizon 2030 en France ? - Heyer Éric, Plane Mathieu, Timbeau Xavier p. 5-33 La crise bancaire et financière a eu en France, comme dans tous les pays industrialisés, un impact considérable sur l'activité et l'évolution des finances publiques. Si le retard d'activité accumulé depuis le début de la crise devrait se combler au cours de la prochaine décennie, le niveau de dette publique (en points de PIB) devrait en revanche garder une trace à long terme (horizon 2030) des effets de la crise. L'objet de cet article est d'évaluer à partir de différents scénarios de croissance les trajectoires potentielles des soldes et dettes publics au cours des deux prochaines décennies. Dans une première partie, nous projetons, à partir de l'estimation des tendances passées du PIB, la croissance tendancielle pour les vingt prochaines années ainsi que la croissance effective dont le rythme moyen est défini par le retour plus ou moins rapide du PIB à son niveau tendanciel, ce qui donne lieu à trois scénarios (gris, noir et rose). À partir de ces scénarios de croissance et une analyse fine d'évolution des finances publiques à court et moyen terme, nous projetons la trajectoire des agrégats de finances publiques (dépenses et recettes publiques, solde et dette publics, impulsion budgétaire...) de 2010 à 2030. Enfin, au-delà des incertitudes concernant l'évolution de la croissance à une échéance aussi longue, nous avons testé, en variantes, la sensibilité à long terme de la dette publique à certaines hypothèses (hausse durable des taux d'intérêt, politique budgétaire plus ou moins restrictive avec des multiplicateurs budgétaires à long terme différents).What amount of public debt in 2030 in France?
The financial and banking crisis in France, as in all industrialized countries, has had a considerable impact on the activity and evolution of public finances. If the lack of activity accumulated since the beginning of the crisis is expected to take over the next decade, the level of public debt (percent of GDP), however, should keep long-term effect of this crisis (2030). The purpose of this paper is to assess from different growth scenarios, the different trajectories of balances and public debt over the next two decades. Finally, beyond the uncertainties concerning the evolution of long term growth, we tested sensitivity to long-term debt to several assumptions (sustained rise in interest rates, fiscal policy more or less restrictive, etc.).JEL classification codes: E2, E62, E66, H68. - Europe, États-Unis, Japon : quelles politiques budgétaires de sortie de crise ? - Le Bayon Sabine, Mathieu Catherine, Monperrus-Veroni Paola, Plane Mathieu, Rifflart Christine, Schweisguth Danielle p. 35-61 Dans tous les grands pays industrialisés, la crise économique a eu pour conséquence une dégradation spectaculaire des finances publiques en raison de la chute brutale des recettes fiscales et de la mise en place de plans de relance et de mesures de soutien au système financier. Si aucun des six pays étudiés (France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis et Japon) n'est épargné par ce phénomène, en revanche l'ampleur du creusement du déficit et de la hausse de la dette publique diffère selon les pays. Le Royaume-Uni et l'Espagne sont les pays dont la situation budgétaire se dégraderait le plus. À l'inverse, les finances publiques de l'Allemagne et de la France connaîtraient une évolution moins défavorable. Néanmoins, aucun pays ne retrouverait en 2013 sa situation budgétaire d'avant la crise et la dette publique ne serait pas stabilisée à cet horizon. Mais la bonne politique budgétaire de sortie de crise nécessitera un pilotage macroéconomique qui ne se limitera pas au seul objectif de réduction de l'endettement public. La vitesse de réduction des déficits publics va en effet être déterminante sur la dynamique de croissance et le profil du chômage à moyen terme. Afin d'analyser les stratégies de sortie de crise dans les différents pays, l'étude détaille, à partir des informations budgétaires disponibles, l'évolution des finances publiques à court et moyen termes (horizon 2013) pour chaque pays ainsi que les contributions des différentes composantes au creusement des soldes publics (plans de relance, baisse de l'écart de production, diminution de l'élasticité des recettes fiscales au PIB...).What fiscal exit strategies in the EU, the US and Japan?
The 2007-2009 crisis has led public finances in industrial countries to deteriorate strongly due to a fall in tax receipts, the implementation of fiscal recovery plans and rescue packages for the financial sector. The article provides an analysis of public finances latest developments with prospects up to 2013 for France, Germany, Spain, the UK, the US, and Japan. The deterioration will be particularly substantial in Spain and the UK, while it will be more modest in France and Germany. Public deficits and debts will remain higher in 2013 than before the crisis despite fiscal contraction being implemented as soon as 2010 in Spain and the UK, and 2011 in the other countries under review. However, it will be crucial for the economic recovery that fiscal policies are not tightened too early. JEL classification code: E62. - De la discrimination statistique à la discrimination positive. Remarques sur l'inférence probabiliste - Parodi Maxime p. 63-85 La discrimination statistique consiste à rejeter un individu en raison de défauts qu'on lui prête parce que les membres de son groupe d'appartenance sont supposés - à tort ou à raison - avoir souvent ces défauts. Contrairement à la discrimination négative, il ne s'agit donc pas de rejeter l'individu parce qu'il est ce qu'il est, il s'agit de le rejeter parce qu'il ne satisfait probablement pas aux critères exigés. Pour autant, peut-on en déduire que la discrimination statistique est rationnelle ? Il importe de rappeler que le raisonnement mis en œuvre est incomplet et qu'il faut encore prendre position sur des risques. La rationalité de cette forme de discrimination ne peut ainsi être tranchée par avance. En outre, pour ne pas être confondue avec une simple discrimination négative vaguement rationalisée, il faut encore justifier une telle pratique. Il apparaît alors que l'incertitude qui servait à justifier le rejet peut à l'inverse justifier le pari raisonnable inverse, c'est-à-dire justifier une forme de discrimination positive.From statistical discrimination to positive discrimination
Statistical discrimination is the rejection of an individual because of some defects – observed or believed – on the aggregate characteristics of his group. Unlike negative discrimination, the rejection does not rely on prejudice or racial or gender bias, but on a probabilistic inference about some decisive characteristic. It is a rational motive, but this rational does not say the entire story: to reject supposes not only to evaluate probabilities, but also to choose some risks and this cannot be done without practical considerations. The rationality of discrimination lies then on a context-dependant reasoning which could not be underestimated. It appears then that the lack of individual information could also justify a reasonable bet like positive discrimination or affirmative action. JEL classification code: J7. - Le bénéfice de la santé. Un apport des théories de la croissance endogène - Aghion Philippe, Howitt Peter, Murtin Fabrice p. 87-108 Cet article examine la relation entre santé et croissance à la lumière de la théorie moderne de la croissance endogène. Nous proposons un cadre théorique unifié incluant deux facteurs de la croissance : l'accumulation et le niveau de la santé. Sur la base de régressions inter-pays dans lesquelles nous instrumentons les deux variables, nous mettons en évidence un effet positif et significatif du niveau initial et de l'augmentation de l'espérance de vie sur la croissance du PIB par habitant.The benefits of health: an insight from endogenous growth theory
This paper revisits the relationship between health and growth in light of modern endogenous growth theory. We propose a unified framework that encompasses the growth effects of both, the accumulation and the level of health. Based on cross-country regressions where we instrument for both variables, we find that a higher initial level and a higher rate of improvement in life expectancy both have a significantly positive impact on per capita GDP growth. JEL classification codes: E20, I10, O40, J11. - Critique théorique et test empirique des politiques de croissance de l'OCDE - Boye François p. 109-138 La crédibilité des Rapports Objectif Croissance, publiés depuis 2005 par l'OCDE, est établie à l'échelle internationale. Cet article soutient toutefois qu'ils présentent deux lacunes majeures : d'une part, leurs concepts de base ne cadrent pas tout à fait avec la théorie de la croissance exogène ou endogène ; d'autre part, les politiques de croissance préconisées par l'OCDE non seulement ne peuvent pas avoir des effets bénéfiques dans tous les pays du Groupe des Sept, mais encore ne peuvent pas élever les prévisions du taux de croissance de chaque économie du Groupe des Sept d'un point par an au moins dans la période qui va de l'année 2009 à l'année 2014.Theoretical critique and empirical testing of OECD advocated growth policies
The Going for Growth Reports published since 2005 by the OECD have already established their credibility at the international level. Even so, this paper claims that they are failing on two counts. On the one hand, their concepts are not totally in accordance with exogenous or endogenous growth theory. On the other hand, the OECD's growth policy recommendations cannot stand the test of macroeconomic simulation. None of them either has positive effects across all G-7 countries or can raise any G-7 country's GDP growth forecasts by one percentage point in each and every year of the 2009 to 2014 period.JEL classification codes: O3, O4, O5. - La revalorisation automatique du SMIC - Cette Gilbert, Wasmer Étienne p. 139-159 Contrairement à ce qui est observé dans une majorité de pays européens, la revalorisation du salaire minimum français comporte des composantes automatiques très détaillées. Pour autant, les dispositions concernées prêtent à des écarts d'interprétation qui peuvent avoir dans certains cas un impact sur la revalorisation automatique du SMIC. On examine les trois interprétations envisageables des règles de revalorisation automatique du SMIC (1, 2 et 3). Conformément au code du travail, ces trois règles impliquent toutes des rigidités réelles à la baisse dans le mécanisme de revalorisation. Les règles 1 et 2 contiennent aussi des rigidités nominales à la baisse, contrairement à la règle 3 qui peut autoriser une baisse ponctuelle du SMIC dans des configurations particulières de l'inflation et du salaire horaire de base ouvrier (SHBO).Il apparaît que dans toutes ces règles, la revalorisation automatique du SMIC peut, dans certaines situations, être plus forte que la progression du SHBO qui en est l'un des arguments. Dans des scenarii dynamiques, si le SMIC a un effet en retour sur la croissance du SHBO l'année suivante, la règle la plus rigide (règle 1) peut conduire à une divergence forte entre le SMIC et le SHBO (en faveur du SMIC) dans un scénario d'alternance entre inflation et déflation. Si la volatilité du prix du pétrole devenait forte sur la période à venir, une telle situation n'aurait rien d'improbable. Nous concluons en faveur de la règle intermédiaire 2.Automatic indexation rules of the French minimum wage (SMIC). Contrary to most European countries, indexation rules of the French minimum wage are very precise. However, three possible rules are consistent with the texts, which diverge in particular in periods of deflation or of negative growth of real wages. The alternative interpretations can have a large impact on the dynamics of the minimum wage, on the dynamics of real wages compared to productivity and on the bottom of the wage distribution. This note examines the three rules and recommends the optimal one, which appear to be most robust to alternative scenarios of inflation and deflation.JEL classification codes: J3, J5, J50.
- Volatilité macroéconomique et règle d'indexation du SMIC - Horny Guillaume, Le Bihan Hervé p. 161-168 La règle de revalorisation automatique du SMIC peut conduire à une progression plus rapide du salaire minimum que du salaire horaire de base ouvrier (SHBO), comme cela s'est produit en 1985, 1987, et 2008. Nous montrons ici que la probabilité d'un tel événement dépend de la variance de l'inflation et de celle de la croissance du salaire réel. Dans le contexte de volatilité macroéconomique relativement faible observée entre 1996 et 2007, nous évaluons cette probabilité à 6 %. La progression du SMIC n'outrepasse en moyenne celle du SHBO que dans un environnement beaucoup plus instable, marqué par des fluctuations au moins cinq fois plus importantes de l'inflation et des salaires réels.Macroeconomic volatility and the French minimum wage indexation rule
The specific rule governing the increases in the French minimum wage (SMIC) can lead to a change in the minimum wage which is larger than the change of the workers hourly base wage (SHBO), as did happen in 1985, 1987 and 2008. In this note we show that the probability of such an event depends on both the variance of the inflation rate and that of the real wage growth rate. When macroeconomic volatility is fairly low, as was observed from 1996 to 2007, we estimate this probability to 6%. The average increase of the SMIC is larger than the average growth of the SHBO only in a much more unstable setting, characterized by fluctuations in inflation and real wages of magnitudes five times greater.JEL Classification codes: E24, E31, J38. Dossier : Taille des pays et stratégies de croissance
- Introduction - Fitoussi Jean-Paul, Laurent Éloi p. 169-170
- Taille des pays et stratégies de croissance - Laurent Éloi, Le Cacheux Jacques p. 171-190 Nous présentons dans cet article une synthèse de nos travaux sur le rapport entre taille des pays et stratégies de croissance. Nous commençons par rappeler les grandes étapes de la littérature sur l'économie de la taille des pays, en insistant sur les contributions contemporaines à partir du volume de Robinson (1960) jusqu'à l'ouvrage d'Alesina et Spolaore (2003). Nous présentons ensuite les résultats théoriques et empiriques de nos travaux dans le cadre du projet de recherche ANR « taille des pays et stratégies de croissance », résultats qui permettent de mettre en exergue, à la lumière du cas européen, une « macroéconomie institutionnelle de la taille des pays ». Nous développons pour finir un certain nombre d'implications de ces travaux pour l'Union européenne, la zone euro, et au-delà.Country size and growth strategy
We present in this article a summary of our work on the relation between country size and growth strategy. We begin by reviewing the major steps in the literature on the economics of country size, focusing on contemporary contributions, from the Robinson volume (1960) to Alesina and Spolaore's book (2003). We then present the theoretical and empirical results we have developed within the ANR project “country size and growth strategy”, results that allow us to highlight, using the European Union as a reference case, an “institutional macroeconomics of country size”. We finally draw a number of implications of this work for the European Union, the euro area and beyond.JEL classification codes: O11, O57, F15, F43. - Taille des pays, performance économique et économie politique de la zone euro - Alouini Olfa p. 191-212 La manière dont la taille d'un pays influe sur sa performance économique est une question qui a récemment connu un regain d'intérêt, notamment avec Rose (2006), qui n'a pas pu établir de relation précise entre la taille d'un pays et sa performance économique au niveau international. Mais si l'on observe la performance économique des pays de l'Union économique monétaire (UEM) pour la décennie précédant la dernière crise financière, il apparaît un clivage entre d'une part des petites économies performantes qui entreprennent des réformes et d'autre part les plus grandes économies à la traîne. Dans cette étude, j'explique ce phénomène en montrant comment les institutions économiques de la zone euro, à savoir le Pacte de stabilité et de croissance et la Banque centrale européenne, favorisent les politiques des petits pays et entravent celles des plus grands. L'analyse économétrique menée pour les quinze pays de la zone euro entre 1998 et 2008, et dans un souci de robustesse, également pour la période précédant l'UEM et pour les pays de l'Union européenne qui ont choisi de rester en dehors de l'Union monétaire, montre que le clivage lié à la taille en termes de performance économique est bien le fait de l'UEM.Country size, economic performance and the political economy of the euro zone
How country size influences economic performance is an area that has received renewed interest, especially with Rose (2006), who found no pattern between a country's size and its economic performance at the world level. However, when assessing the economic performance of EMU countries, a size divide appears between small, and fast-growing economies and larger laggard ones. I explain this phenomenon by examining how the institutional settings of the EMU—namely, the Stability and Growth Pact and the European Central Bank —suit the economic policies of smaller economies and hinder those of the larger ones. The econometric analysis, ran with panel data for the fifteen euro-zone countries (1998-2008) and for robustness, with data on the pre-EMU period and on countries that opted out of the monetary union, confirms that the size divide in terms of economic performance is a by-product of the monetary union.JEL classification codes: E60, F59. - Performances et politiques de croissance. Un éclairage empirique à partir d'une étude de l'effet de la taille des pays et nouvelles réflexions théoriques - Napoletano Mauro, Gaffard Jean-Luc p. 213-248 Les stratégies de croissance visent généralement à améliorer les conditions d'offre lesquelles sont censées déterminer le taux de croissance potentiel. La demande est reléguée au rang de variable qui n'influence le produit et l'emploi qu'à court terme. La condition sine qua non pour que cette affirmation soit vraie est que l'économie soit parfaitement coordonnée, quel que soit l'équilibre sur lequel elle est coordonnée. Si tel n'est pas le cas, les déséquilibres de marché se propagent, des effets d'hystérèse se manifestent, qui impliquent que la demande influence les performances à moyen terme. De fait, une analyse empirique des performances de croissance, des contributions de la demande et des politiques mises en œuvre dans différents pays de l'OCDE, sur deux périodes différentes, conforte cette appréciation. L'emploi des techniques non paramétriques d'analyse des distributions entre groupes de pays, en contrôlant pour la taille et l'appartenance à la zone euro, révèle des différences marquées de performances entre pays de taille différente, mais aussi de même taille. Ces différences sont davantage marquées au sein de la zone euro qu'à l'extérieur. Elles sont liées à des dynamiques divergentes des composantes de la demande ainsi qu'à des différences de stratégies budgétaires, d'ouverture et structurelles. De tels résultats empiriques appellent à réfléchir sur les voies et moyens d'une analyse de moyen terme des modes et des politiques de croissance.Country size, appropriate policy, and economic performance
This paper empirically investigates the interplay between economic performance and policies in OECD countries. Macroeconomic theory focuses on supply policies as a key determinant of country's economic performance. Aggregate demand can play a role only in the short-run. This view rests on the assumption that the economy is always in equilibrium. However, market distortions may impede the adjustment of the economy to equilibrium and leave room for demand also in the long run. Our analysis reveals the presence of marked cross-country differences in economic performance, according to country size and EMU membership. Furthermore, we show that differences in performance are related to diverging dynamics in domestic vs. external demand components, and to different fiscal, openness and structural policies. Finally, we discuss how these results contribute to revise the standard view about supply and demand policies in the determination of economic performance.JEL Classification codes: E63, E65, C14.