Contenu du sommaire : Passé et présent de la politisation

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro Vol. 60, no 1, 2010
Titre du numéro Passé et présent de la politisation
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Édito. Volume 60 - Numéro 1 - Février 2010 - Déloye Yves p. 007-008 accès libre
  • Passé et présent de la politisation

    • L'Urne et le fusil. Sur les violences électorales lors du scrutin du 23 avril 1848 - Ihl Olivier p. 009-035 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Étudier les pratiques de violence électorale, c'est réfuter un idéalisme tenace. La règle électorale ne s'est pas formée contre la violence, ni en dehors d'elle, mais au cœur de celle-ci, en utilisant ses éléments matériels pour se construire et se justifier. C'est ce que montre cette vaste enquête de terrain sur les violences du 23 avril 1848, date du premier scrutin du suffrage universel. De lutte, la politique s'est muée en une compétition. Comprendre la façon dont les règles du jeu électoral ont pu pacifier les luttes pour l'accès aux positions de pouvoir suppose de prendre acte que les violences politiques ont une histoire, une histoire inséparable des formes de l'État comme des rapports sociaux.
      Analyzing electoral violence involves refuting a tenacious form of idealism. This large-scale study seeks to show that the conventions of voting were not formed against or outside of violence, but within it, using material elements thereof for their construction and justification. The episodic violence that occurred on the very first day of French electoral democracy, April 23, 1848, sheds some light on the history of political violence. Henceforth, electoral politics was no longer to be a struggle, but a competition. Understanding how the rules of the electoral game wrought that transition reveals the human dimension of this history – a history that cannot be considered separately from the nature of the State and the social interrelations between these competitors.
    • La politique malgré elles. Mobilisations féminines catholiques en France et en Italie (1900-1914) - Sudda Magali Della p. 037-060 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      À travers l'étude comparée de deux associations catholiques, la Ligue patriotique des Françaises (LPDF) et l'Union des femmes catholiques d'Italie (Unione fra le donne cattoliche d'Italia : UDCI), cet article met au jour les effets du genre et le rôle de l'Église dans l'apprentissage du jeu démocratique. Aux côtés des hommes catholiques en politique, les ligueuses françaises mettent en place un répertoire féminin conservateur de l'action collective et investissent la compétition électorale. En revanche, le contexte politique et religieux italien ne laisse pas d'espace pour une telle intervention des catholiques italiennes aux côtés de l'Union électorale masculine. Cet article éclaire ainsi les différentes voies de la politique avant le suffrage.
      Through a comparative study of two Catholic associations, the Ligue patriotique des Françaises (French Women's Patriotic League, LPDF) and the Unione fra le donne cattoliche d'Italia (Union of CatholicWomenof Italy, UDCI), this article sheds some light on the role of gender and the Church in the politicization process. Working alongside Roman Catholic politicians, the women in the LPDF established a conservative feminine repertoire of collective action and participated, albeit indirectly, in electoral politics. The Italian political and religious context, in contrast, did not allow any such scope for Catholic women to get involved in politics. This article aims to gain some new insight into the various ways conservative women did politics before their eventual enfranchisement.
    • La politisation d'engagements religieux. Retour sur une matrice de l'engagement en mai 68 - Pagis Julie p. 061-089 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      À partir de récits de vie et de données recueillies par questionnaire auprès d'un corpus de « soixante-huitards » ayant scolarisé leurs enfants dans deux écoles expérimentales, l'article revisite, par l'enquête, la question des déterminants de l'engagement en Mai 68. L'analyse permet de distinguer quatre principales matrices de l'engagement en Mai 68 : celle de la transmission familiale de dispositions à l'engagement, celle de la politisation d'engagements religieux, celle de la mobilité sociale des intellectuels de première génération et celle enfin des incohérences statutaires. Le schème de la politisation d'engagements religieux est ensuite détaillé. L'analyse contextualisée et comparée de six trajectoires permet alors d'appréhender les processus en jeu dans la genèse de dispositions à l'engagement, puis dans leur requalification, ainsi que la conjonction des facteurs micro, méso et macrosociologique qui concourt au déplacement de la quête de biens de salut de la sphère religieuse à la sphère politique.
      Based on a survey of former May-68 activists who placed their children in two experimental schools, this article re-assays the determinants of involvement in the events of May 1968. Our analysis makes out four principal matrices of involvement: family transmission of a disposition towards involvement, the politicization of religious commitments, the social mobility of first-generation intellectuals, and status-related incoherencies. The politicization of religious commitments is then explored in depth. A contextualized comparative analysis of six life trajectories points up the processes involved in the genesis of the disposition toward involvement and then in their reorientation, as well as the conjunction of micro-, mesoand macro-sociological factors that shifted the quest for salvation from the religious to the political sphere.
    • Ces moments qui façonnent les hommes. Éléments pour une approche pragmatiste de la compétence civique - Talpin Julien p. 091-115 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les évolutions contemporaines de la démocratie, marquée par une érosion de la place du vote, requiert d'élargir la notion de compétence politique et de prendre en compte la diversité des savoirs et savoir-faire dont disposent et que peuvent acquérir les individus pour exprimer leurs préférences dans l'espace public. L'article propose ainsi une synthèse pragmatiste des travaux contemporains, requérant d'adopter une analyse élargie, praxéologique et processuelle de l'accès à la compétence civique. Cette approche théorique et épistémologique est illustrée, dans un second temps, par une étude ethnographique de l'accès à la compétence civique au sein d'une institution de budget participatif, soulignant la plasticité de la compétence des acteurs. C'est ainsi l'image d'une politisation en interaction qui se dégage, la participation répétée pouvant se traduire par une bifurcation de la trajectoire des acteurs, dans le sens d'un engagement plus institutionnalisé ou, à l'inverse, d'un cynisme accru envers la chose publique.
      In the light of recent developments in democracies, particularly voter abstentionism, the concept of political competence needs to be broadened to allow for the diversity of skills and knowledge agents may possess or acquire to express their preferences in the public sphere. This article presents a pragmatic synthesis of some recent studies based on an expanded praxiological and processual analysis of the acquisition of civic competence. This epistemological and theoretical approach is then illustrated by an ethnographic study of access to civic competence in a participatory budgeting organization, which underscores the malleability of the competence of agents placed in a favourable institutional setting. It therefore offers a model of politicization in interaction; iterated participation results in the bifurcation of agents' trajectories – either towards more institutionalized civic engagement or increased cynicism about politics.
  • Chronique professionnelle

    • Combien publient les politistes. La productivité des politistes du CNRS et leurs supports de publication - Jobard Fabien p. 117-133 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La difficulté d'un recensement exact de la productivité des chercheurs en sciences sociales a nourri toutes sortes d'allégations sur leur productivité. La contribution présente instruit pour la première fois le débat à partir d'un corpus fiable : les publications scientifiques de l'ensemble des politistes relevant de la section 40 du CNRS. L'exploitation de cette base montre une productivité annuelle appréciable, avec une prépondérance des ouvrages collectifs et un tiers de l'ensemble des publications sur supports étrangers. L'ensemble des revues (françaises et étrangères) où les politistes ont publié est recensé, et une discussion menée sur la pertinence des classements de revues et des indices citationnels « internationaux ». Le caractère hyper-masculin du groupe « politistes de la section 40 », en particulier chez les directeurs de recherche, nourrit également une discussion.
      Not enough, some French politicians recently deplored. This article seeks for the first time to gauge the overall productivity of French social scientists based on reliable quantitative figures, namely the number of published papers by political scientists working at the French National Center for Scientific Research (CNRS). The results indicate a high level of annual productivity, predominantly in edited books, and significant international exposure. Based on an exhaustive list of journals in which these political scientists have been published, we go on to discuss the validity of journal impact rankings and international citation indexes, as well as the over-gendered profile of political science at the CNRS, specifically amongst high-ranking political scientists.
  • Chronique bibliographique

  • Revue des revue