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Revue Revue historique Mir@bel
Numéro no 654, avril 2010
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Déclinaisons du politique

    • Les idéologies à Rome : les modalités du discours politique de Cicéron à Auguste - Le Doze Philippe p. 259-289 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers l'analyse de textes allant de la fin de la République au Principat d'Auguste, l'auteur se propose de vérifier la validité du concept d'idéologie dans la société romaine. Sous la République, le droit à commander relevait plus de la vertu et de l'appartenance à une gens illustre que d'une vision de l'avenir, d'un dessein communautaire. Ce qui était demandé aux dirigeants, c'était d'assurer le bon fonctionnement des institutions et la sécurité des citoyens. Le monde romain se refusait à imaginer une société autre. Lors d'une crise, il s'agissait de restaurer, non de proposer. Avec le Principat d'Auguste, le discours officiel se modifie et tend désormais à lier le destin de Rome et l'abondance à la gensAugusta. Dans le même temps, un discours d'opposition apparaît lié à la forme du régime. Si l'on ne peut parler de réelle idéologie, le Principat d'Auguste marque au moins l'apparition d'une proto-idéologie.
      Through the analysis of texts from the end of the Republic to Augustus' Principate, this article aims to verify the validity of the concept of ideology in the Roman society. During the Republic, the right to deal with politics was based on virtue and relationships to renowned gens rather than on a peculiar future in prospect and community' goals. Rulers were expected to ensure the proper working of institutions and to guarantee citizens' safety. The Roman society could not imagine another model. When a crisis arose, chiefs had to restore rather than propose. Within Augustus' Principate, the official discourse is changed in order to associate Rome's fate and prosperity to the gens Augusta. At the same time, the government organization is responsible for any kind of counter-discourse. If one cannot speak of a real ideology, Augustus' Principate attests to the advent of a proto-ideology.
    • La paix du prince. Droit savant et pratiques féodales dans la construction de l'État en Provence (1250-1309) - Verdon Laure p. 291-336 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sur la base d'un dossier documentaire constitué d'enquêtes de la seconde moitié du XIIIe siècle relatives à des conflits de juridiction en Haute Provence et Provence rhodanienne ainsi que des ordonnances de 1289 et 1294 destinées à mettre fin aux aliénations non contrôlées de biens nobles, cet article reconsidère les relations établies entre le pouvoir souverain et les grands à l'aune de l'application des principes du droit féodal. La question centrale est celle de la paix, telle que définie lors de la diète de Roncaglia (1158), dont les Angevins vont tenter d'appliquer les principes dès leur accession au trône comtal provençal. La paix, qui repose sur le lien de fidélité noué entre puissants, sert de fil rouge à l'analyse qui cerne les origines de ces pratiques dans cette région par un nouveau regard porté sur le corpus des serments de fidélité des XIe et XIIe siècle et en suit les évolutions jusqu'au début du XIVe siècle, par une relecture proposée des ordonnances de 1289 et 1294.
      This paper aims to reconsider the relations established between the sovereign and the lords in Provence during the second half of the 13th century and the beginning of the 14th century. The inquiries on jurisdiction conflicts, which became numerous at this time, along with the laws dealing with the prohibition of fief's alienation without control in 1289 and 1294, allow to analyse how the counts intended to apply the precepts established by the emperor at Roncaglia (1158). Peace appears to be the master concept : from the 11th century on, it is bound to the fidelity the vassal has to give to his lord. So the paper begins to analyse the origins of fidelity in Provence and pursues to the 14th Century in order to understand how the Angevins grounded their sovereign power on feudal law.
    • Les maréchaux de la Ligue - El Hage Fadi p. 337-359 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Considérés comme une anomalie institutionnelle, les maréchaux de France choisis par le duc de Mayenne au temps de la Ligue ont souvent été négligés par l'historiographie. Leur illégalité présumée est soulignée par le fait que nombre d'entre eux se rallièrent à Henri IV, qui les confirma dans leur dignité, faisant d'eux des « bâtards légitimés ». Cependant, au-delà de ce rejet historiographique du vainqueur, la question des maréchaux de la Ligue aide à mieux connaître les raisons sociales et institutionnelles qui aboutirent à une telle « dissidence ». Le devenir de ces maréchaux, dont le nombre exact a curieusement échappé à la plupart des auteurs s'étant intéressés de près ou de loin à ce problème, met en évidence la diversité des manières de mettre fin à la guerre civile.
      Regarded as an institutional anomaly, the marshals of France chosen by the Duke of Mayenne, when he was the leader of the League, were often ignored by historiography. Their supposed illegality is underlined by the fact that some of them rejoined Henry IV. This king confirmed them as marshals of France, becoming “legitimated bastards”. Despite this historiographical position, the study of the marshals of the League helps us to improve our knowledge of the social and institutional reasons which led to this “dissidence”. The destiny of these marshals, whose exact number is generally unknown, shows us the numerous ways to the end of the civil war in the 1590's.
    • L'âme est à Dieu et l'honneur à nous. Honneur et distinction de soi dans la société d'Ancien Régime - Drévillon Hervé p. 361-395 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans l'Esprit des lois, Montesquieu établit que l'honneur est « principe du gouvernement monarchie ». Souvent, ce postulat a été considéré comme l'expression d'une nostalgie aristocratique. Or la culture de l'honneur n'est pas restée l'apanage exclusif des duellistes ou des gentilshommes « malcontents ». Elle a été partagée par l'ensemble des individus de la société d'ancien régime. L'honneur, en effet, est une équation personnelle par laquelle un individu définit ce qu'il doit aux autres et ce que les autres lui doivent. En ce sens, ce principe ne forme pas un système inerte, mais constitue bien une pratique sociale par laquelle un individu affirme son adhésion à un ensemble de codes et de valeurs formant une identité collective, dont il se proclame l'incarnation et le juge souverain. En ce sens, le sentiment de l'honneur a contribué à l'émergence de l'individu dans le cadre d'une société d'ordres et de privilèges.
      In The Spirit of Laws (1748), Montesquieu states that honour is the « principle of a monarchy ». By its actions, « each individual advances the public good while he only thinks of promoting his own particular interest ». This paper aims to examine the relevance of Montesquieu's theory by studying the ways to feel, to think and to practice honour in French society, from the Renaissance to the Revolution. Honour was an essential part of noble culture. But it was also shared by any member of any community in the realm, as long as each individual felt concerned by the interests, the reputation and the privileges of the groups he belonged to. In the old regime, honour was the main way to measure social and individual status. It was a mixing of inner – almost sentimental –, social and political feelings. It was an imperative injunction,`np pagenum="395"/b which could lead someone – not necessarily a gentleman – to risk his own life in a duel and, by doing so, to claim the right to be the sovereign judge of his own honour. In that sense, thinking honour, might be the right way to think the rise of the individual in a society of orders and privileges.
    • L'action du Premier ministre Chaban-Delmas pour rendre la France industrielle plus performante (1969-1972) - Bonin Hubert p. 397-426 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'occasion procurée par l'ouverture de nouvelles archives permet de reconstituer et de suivre avec précision le processus de prise de décision au sein du cabinet du Premier ministre Chaban Delmas en 1969-1972. L'on peut préciser les rapports de forces avec les autres pôles du pouvoir exécutif dans le domaine de l'économie. L'on peut discerner les jeux d'influence et d'expertise dans la définition, la compréhension et la mise en œuvre des grands projets concernant la modernisation et les restructurations de l'industrie française tant privée que publique. L'histoire politique et l'histoire économique convergent pour dessiner plus avant le fonctionnement de l'appareil économique d'État à l'apogée des Trente Glorieuses, mais alors que le pays est confronté aux défis de la compétitivité imposés par l'ouverture européenne et internationale.
      Thanks to the disposal of new archives records, an opportunity has been provided to reconstitute and to follow precisely the process of decision making within the cabinet of Prime Minister Chaban Delmas in 1969-1972. We can precise the balance of power with the other poles of the executive power in the sector of economy. We can draw the plays of influence and expertise when defining, understanding, and achieving big projects about modernisation and restructuring of French industry, either private or state-controlled. Political history and economy history converge thus to deepen the analysis of the functioning of the State economic organisation at the apex of the Trente Glorieuses, but whereas the country was submitted to the challenges of competitiveness imposed by the European and international opening.
  • Mélanges

  • Comptes rendus