Contenu du sommaire : Femmes contre la violence
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1248, mars-avril 2004 |
Titre du numéro | Femmes contre la violence |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Femmes contre la violence
- Scènes de genres - Philippe Dewitte p. 1
- Les relations hommes-femmes depuis la fin du XIXe siècle : quelle histoire ? - Michelle Perrot p. 6 L'histoire des relations hommes-femmes a subi une profonde révolution en France dans le courant du XXe siècle. La liberté qu'elles ont acquise dans la sphère publique comme dans la sphère privée les exposant à davantage de risques, ceux-ci pourraient expliquer en partie une recrudescence des violences faites aux femmes. Probablement faut-il également considérer que ces violences sont devenues visibles, alors qu'auparavant tout se passait dans l'intimité parfois brutale des foyers.
- Les trois formes de discriminations subies par les femmes de l'immigration - Juliette Minces p. 14 Même nées ou élevées en France, les femmes issues de l'immigration subissent des discriminations spécifiques : celles que connaissent les immigrés et celles qui touchent les femmes en générai ; celles que l'on pourrait qualifier d'institutionnelles : et enfin celles qui relèvent des traditions -souvent entérinées par la religion -de leurs pays d'origine respectifs. L'auteur souligne ici la prégnance de cette dernière forme de discrimination sexiste, généralement cachée derrière le paravent de la "différence culturelle".
- L'accompagnement sociojuridique des femmes confrontées aux mariages forcés - Christine Jama p. 23 En droit français comme dans la plupart des juridictions des pays d'origine, la validité d'un mariage est conditionnée au consentement des deux parties... En théorie. Car par la suite, tout un faisceau de motifs juridiques, familiaux ou sociaux concourent à rendre difficile, et parfois impossible, la démarche de celles qui tentent de se libérer d'un mariage contraint. Elles cherchent souvent en vain un accompagnement sociojuridique compétent.
- Mariages forcés : de la réglementation à la réalité - Gaye Petek p. 32 Pourquoi des structures d'hébergement spécifiques pour des jeunes filles issues de l'immigration ne pourraient-elles pas être envisagées ? Ce serait, dit-on, faire du "communautarisme". L'auteur analyse ici les nouvelles dispositions contenues dans la loi Sarkozy. Elle dénonce notamment le défaut de prise en compte des situations de détresse issues de mariages forcés, pour les femmes comme pour les hommes.
- Les filles à l'école : de l'égalité des chances à la prévention des mariages forcés ? - Marie Lazaridis p. 39 Instaurée discrètement dans les années soixante-dix, la mixité à l'École, dans un premier temps, n'a pas été revendiquée par l'institution en tant que facteur d'égalité entre les sexes. Dix à quinze ans plus tard seulement, cette notion d'équité sera mise en exergue dans la politique de l'Education nationale, qui la fera apparaître dans ces directives, ces programmes et ces manuels. L'École s'efforce aujourd'hui d'aborder la prévention des mariages forcés.
- Le combat de Fatoumata Konta - Alain Seksig p. 47 L'année scolaire 1999-2000, Fatoumata Konta est élève de terminale au lycée Colbert, à Paris. Apprenant qu'elle sort avec un jeune français, son père l'emmène au Sénégal et la séquestre pendant plusieurs mois. Parvenant à s'échapper, la jeune fille poursuit aujourd'hui la lutte, sur la lancée du mouvement qui s'était créé pour la libérer.
- Logiques de genre dans des quartiers impopulaire - Horia Kebabza p. 52 Le constat d'un accroissement de la tension entre les sexes dans les quartiers populaires est aujourd'hui communément admis. Faut-il pour autant parler de recrudescence des violences envers les femmes et les jeunes filles ? Assiste-t-on à une réelle "régression" de leur condition dans ces quartiers ? Ou bien faut-il attribuer cette aggravation à l'absence de regard porté sur ces femmes durant tant d'années, à l'indifférence générale concernant leurs conditions de vie, leurs statuts socio-économiques et leur infériorisation, par exemple sur le marché du travail ?
- Ni putes ni soumises : de la marche à l'université d'automne - Chérifa Benabdessadok p. 64 Ce mouvement va-t-il durer ? La question vient à l'esprit à la lecture des commentaires recueillis par l'auteur en marge de l'université d'automne, organisée à la fin de l'année 2003 par Ni putes ni soumises. Constatons pour l'heure un fait : NPNS a fait parler, réagir, a fait bouger et rêver d'égalité des femmes des quartiers. Et c'est déjà un grand pas.
- Trafics et migrations de femmes, une hypocrisie au service des pays riches - Françoise Guillemaut p. 75 La loi du 18 mars 2003 a introduit la sanction des personnes prostituées pour "racolage passif". Elle autorise aussi la police à menacer d'expulsion les étrangères, pour les contraindre à dénoncer leurs proxénètes. L'auteur décrit les effets pervers d'une telle mesure sur ces femmes, dans une ville comme Lyon où son association leur vient en aide. Pour autant, l'oppression subie en France leur paraît souvent préférable aux soumissions qui prévalent dans leurs pays d'origine.
Débats
- Politique publique et islam depuis la loi de 1905 - Omero Marongiu-Perria p. 89 Cet article étudie l'impact de la loi de Séparation de 1905 sur une religion en particulier : l'islam. Pour l'auteur, l'État français, en perpétuel conflit entre neutralité affichée et interventionnisme de fait, n'a pas su instaurer l'égalité de traitement des religions. Peut-on alors parler d'une discrimination institutionnelle à l'égard de la religion musulmane ? C'est ce qui est suggéré ici.
- Larguons les voiles - Aicha Benali et Terna Hajji p. 98 Les deux auteurs de ce cri contre le voile ont rédigé ce texte en décembre 2003, avant de connaître les conclusions de la commission Stasi, qui a préconisé une loi contre les "signes ostentatoires" d'appartenance religieuse. Des femmes sans voiles, révoltées de n'avoir entendu s'exprimer dans les médias que celles qui l'acceptent.
- Politique publique et islam depuis la loi de 1905 - Omero Marongiu-Perria p. 89
Chroniques
Initiatives
- Sarah Oussekine : "Parler et être écoutée !” - propos recueillis par Sabrina Kassa p. 103 Sarah Oussekine est responsable d'une association féministe à Saint-Denis, Voix d'elles rebelles. Elle a créé là un espace de rencontre, pour que les filles des quartiers expriment leur colère et élargissent leur horizon.
- L'association Papatya et l'accueil des jeunes filles à Berlin - Birim Bayam Tekeli, association Papatya p. 108 Donner la parole, écouter, pour indiquer des issues de secours aux jeunes femmes victimes de violences familiales. A Berlin, l'association Papatya leur offre huit places où se réfugier au secret, pour imaginer une issue à leur situation.
- Sarah Oussekine : "Parler et être écoutée !” - propos recueillis par Sabrina Kassa p. 103
Médias
- Des filles et garçons des cités en représentation, devant ou derrière la caméra - Mogniss H. Abdallah p. 113 Depuis la mort de la jeune Sohane à Vitry et l'affaire du foulard "islamique", les médias scrutent la situation des filles des cités face au machisme des garçons. A les en croire, on assiste à une terrible régression de la mixité par rapport aux années quatre-vingt. Les médias des jeunes eux-mêmes révèlent une réalité plus complexe, et renvoient malgré tout un message plus optimiste.
- Des filles et garçons des cités en représentation, devant ou derrière la caméra - Mogniss H. Abdallah p. 113
Musiques
- Ustad Mahwash : l'Afghane qui voulait chanter - François Bensignor p. 118 La musique n'a toujours pas repris ses droits en Afghanistan. Si les hommes ont de nouveau l'autorisation d'en jouer ou d'en écouter l'actuel pouvoir afghan n'a pas levé l'injonction des moudjahidin l'interdisant aux femmes. Ustad Mahwash, dont les concerts à Kaboul ont jadis rassemblé jusqu'à vingt mille personnes, tente de garder en vie un patrimoine étouffé par l'intolérance. Avec l'Ensemble Kaboul elle fait revivre le riche répertoire diffusé à l'époque par Radio Kaboul.
- Ustad Mahwash : l'Afghane qui voulait chanter - François Bensignor p. 118
Agapes
- Variations sur un classique : la bastella - Marin Wagda p. 124 À côté de la bastella aux pigeons décrite dans le dernier numéro, d'autres feuilletés du même type illustrent encore la gastronomie marocaine. Les exemples en seraient nombreux, mais il suffit de nommer la bastella au poulet et citron confit, la bastella au poisson et la bastella aux fruits de mer pour en avoir un échantillonnage honnête.
- Variations sur un classique : la bastella - Marin Wagda p. 124
Mémoire
- Histoire de l'immigration : état des lieux et évolution de la recherche - Yvan Gastaut p. 129 S'écartant plus ou moins du militantisme, suscitant et réagissant aux débats de société, éclairant à la lumière du passé les problématiques d'intégration, les historiens de l'immigration ont, volontairement ou non, fait prendre conscience d'une France au passé métissé. Car resituer dans son contexte une problématique très ancienne, celle de l'identité, est sans doute le supplément de sens majeur qu'apportent à la société ces multiples travaux.
- Histoire de l'immigration : état des lieux et évolution de la recherche - Yvan Gastaut p. 129
Cinéma
- Ana ; Violence des échanges en milieu tempéré ; Uzak ; L'esquive. - André Videau p. 143
Livres
- La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962) ; Frères et sujets. La France et l'Afrique en perspective ; Colonialisme : droit d'inventaire ; Éboueur sur échafaud ; Putain d'étoile ; Redemption song ; Les funérailles ; Le paradis... - Abdelhafid Hammouche,Mustapha Harzoune, Boniface Mongo-Mboussa, Michel Shahshahani p. 149