Contenu du sommaire : Retours d'en France

L'identité est définie avant tout par la filiation, et la souffrance de l'exil se rapporte d'abord à la famille, plus qu'au pays ou à l'ethnie. Aussi l'auteur analyse-t-il ce qui se passe lors des ruptures d'exil, lors de ces retours ponctuels préfigurant un hypothétique retour définitif. Il tente de penser son statut personnel d'exilé en le confrontant à sa position par rapport à un espace familial qui, année après année, finit par se confondre avec le cimetière du village. C'est en ce sens que la condition de l'aghrib- l'exilé - rejoint celle de tous les exclus.

Le peuplement de l'Algérie française s'est fait par assimilation de populations venues de toute l'Europe : des Allemands, des Suisses appelés par la puissance coloniale, des Espagnols, des Italiens s'installant sans avoir été sollicités..., tous ayant bénéficié des naturalisations, tous s'étant fortement enracinés. Si le "rapatriement" a d'abord créé une seule communauté de destin, le culte du souvenir, chez les pieds-noirs, dépasse désormais l'Algérie pour redécouvrir les origines "anté-algériennes" et la diversité d'une société qui fut multiculturelle.

Le retour des couples binationaux dans le pays de l'un des conjoints soulève des problèmes spécifiques. Le choix de l'un devient une contrainte pour l'autre, et le fait d'avoir des enfants complique encore la situation. Certains couples mixtes développent des pratiques d'alternance pour tenter d'apporter une solution à leurs dilemmes.

Un étranger ayant travaillé en France et qui est retourné vivre dans son pays d'origine peut faire la demande, depuis mai 1998, d'un titre de séjour spécial portant la mention "retraité". Or, cette carte est rarement demandée, car si elle présente un intérêt incontestable dans certains cas, elle induit pour nombre de retraités un net recul des droits aux prestations sociales françaises. Pour rendre ce statut plus "effectif", le législateur pourrait pousser plus avant sa réflexion.

Parmi les émigrés de la région de Kayes partis travailler en France depuis quelques décennies, nombreux sont ceux qui ont été obligés de rentrer - la contrainte pouvant être le fait du pays d'accueil, du village, ou encore du mari sur une femme. Mais les retours ne sont pas toujours synonymes d'échec ou de malheur : les migrants semblent peu à peu tirer parti de l'expérience de leurs prédécesseurs et vivre la migration de façon moins ambivalente, s'investissant à la fois ici et là-bas.

Grâce aux "caisses des morts" initiées à Marseille au début des années quatre-vingt, les migrants de la région du fleuve Sénégal sont désormais presque tous enterrés dans leur village natal. La banalisation récente de cette pratique, chez les Soninké et Toucouleur, répond à une double volonté : valoriser l'appartenance villageoise et être inhumé conformément aux prescriptions musulmanes. Une pratique emblématique de l'intégration de cette communauté dont les racines restent en prise directe avec le pays d'origine.

Si elles ont eu un certain écho auprès des travailleurs immigrés au début des années quatre-vingt, les incitations financières au retour dans le pays d'origine sont aujourd'hui délaissées. Notamment parce que les enfants de migrants veulent rester dans une France devenue leur seconde patrie, les bénéficiaires potentiels refusent de prendre cet aller simple pour la réinsertion. L'auteur propose de revoir les conditions d'attribution de cette aide.

Favoriser le regroupement familial étendu, conformément à ses objectifs humanitaires et d'accueil ou influencer la venue de migrants "indépendants" en fonction de ses besoins économiques nationaux : le Canada oscille entre deux systèmes d'admission, dans le cadre des grands principes de sa politique d'immigration. Or, les deux types de flux sont complémentaires et, de façon non officielle, la "réunification" familiale est aussi utilisée pour servir des intérêts économiques.

En 2050, un Américain sur quatre sera d'origine hispanique. Parmi les Latinos, près de 60 % sont des Mexicains ou des Américains d'origine mexicaine. Cette communauté fragmentée, qui forme maintenant la première des minorités aux États-Unis, bien que courtisée par les politiciens, ne dispose pas d'un poids électoral à sa mesure. L'auteur analyse les motifs qui freinent encore son accès concret à la (double ?) citoyenneté.

Courroie de transmission identitaire, la production culturelle de la nouvelle génération intègre l'héritage portugais. Jeune et bilingue, elle vise un public plus large, et la reconnaissance de la diversité culturelle par la société française. L'auteur analyse les ressorts de ce renouveau associatif.

A l'automne 2001, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a décidé de ne pas commanditer son sondage annuel sur "les attitudes des Français face au racisme" traditionnellement rendu public le 21 mars de l'année suivante. Deux ans après la parution dans H&M d'un article critiquant l'existence même de ce sondage, Alain Morice revient sur les bonnes et les mauvaises raisons qui, selon lui, ont présidé à son abandon.