Contenu du sommaire : Migrants, réfugiés, tisganes, d'Est en Ouest

En France, les statistiques montrent que depuis l'effondrement du bloc soviétique les Slaves constituent une part minoritaire de la population immigrée. Pourtant, Jean-Pierre Philibert, député UDF de la Loire et président de la commission d'enquête parlementaire sur l'immigration clandestine qui a publié son rap¬ port le 16 avril 1 996, pense que l'immigration de l'Est pourrait devenir majoritaire du fait du retour des ex-commu¬ l'échec des politiques libérales expérimentées dans ces pays. Après le «rital» et l'Arabe , le migrant d'Europe de l'Est, souvent perçu comme un délinquant, voire un mafieux en puissance, sera-t-il le bouc émissaire des années à venir ?

Depuis la fin des années qutre- vingt , les médias évoquent complaisamment l'image dune Europe occidentale submergée par 1 arrivée massive des Tsiganes de l'Est. Il est question d'invasion , de déferlante migratoire, d'exode massif d'une population longtemps contenue par le rideau de fer. En fait la situation est plus complexe. Certes , la présence d'un nombre important de Tsiganes en Europe centrale et orientale (entre six et huit millions de personnes contre un peu plus d'un million à l'Ouest) contribue à l'alimentation de flux migratoires denses de l'Est vers l'Ouest. Mais ceux-ci s'étalent dans le temps et ne peuvent éclipser l'existence d'autres formes de déplacements qui persistent ou se développent aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest.

L'Italie, terre d'immigration récente, connaît depuis une vingtaine d'années une diversification de ses flux migratoires. Les transfor¬ mations politiques è l'Est, la guerre en ex-Yougoslavie et la proximité géographique de ces pays ont provoqué, à partir de 1990-1991, l'arrivée de nouveaux migrants, en particulier en prove¬ dans l'imaginaire italien de ces nouveaux immigrés, et particulièrement de la population tsigane, s'ajoutent les carences de la législation italienne, qui ne parvient pas à répondre efficacement aux situations spécifiques et diversifiées de ces réfugiés. La politique migratoire du gouvernement, notamment en matière de droit d'asile, se caractérise en effet par son aspect temporaire, partial et contradictoire.

Tito. Slobodan Milosevic s est appuyé sur une vision archaïque de l'identité serbe pour mener à bien un projet d'Etat ethniquement homo- Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Mais la République fédérale de Yougoslavie , née en 1 992 et constituée de la Serbie et du Monténégro , n est pas un Etat démocratique et n est capable d'assurer ni sa cohésion sociale ni son intégration internationale , alors même que la question du Kosovo , où Serbes et Albanais se regardent en chiens de faïence , reste tout aussi explosive.

Le conflit en ex-Yougoslavie a provoqué ' la plus grave crise humanitaire que l'Europe ait connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et l'afflux des immigrants venus de l'ancienne fédération a confronté les pays de la Communauté puis de l'Union, européenne à une situation qu'ils n'étaient pas prêts è résoudre. Qu'il s'agisse de trouver un consensus sur la réparti¬ non conventionnels, il semble désormais évident que l'Europe doive s'engager sur la voie d'une politique commune en la matière, et ce sur la base de dispositions régionales particulières.

Les flux migratoires engendrés par la guerre civile, les nettoyages ethniques et la création d'Etats indépendants issus de Fex-Yougoslavie ont considérablement aggravé la situation et modifié le statut de certains groupes de populations. La comparaison des données statistiques de ces quinze dernières années montre que les «équilibres ethniques» d'antan sont aujourd'hui profondément bouleversés au point que l'on peut s'interroger quant à l'avenir des relations internationales dans les Balkans.

En août dernier, une petite ville d'Islande , au nord-ouest du pays , a pris l'initiative d'accueillir trente-cinq réfugiés serbo-croates, grâce a une action concertée entre la Croix-Rouge , le gouvernement islandais et les habitants de cette localité, qui ont participé bénévolement à la préparation de cette opération. Pris en charge financièrement par l'Etat pendant une année, les réfugiés sont parrainés par des familles hôtes pour gérer les difficultés du quotidien. Plus qu'un refuge, c'est une véritable intégration que les Islandais leur proposent. Cette expérience novatrice ouvre la voie à une conception originale du droit d'asile, qui privilégie une politique d'accueil limitative mais qualitative.

Tandis qu'elle doit lutter contre une forte immigration illégale de transit venue d'Afrique et d'Asie , l'Ukraine a perdu, au cours des trois dernières années , un million de ses citoyens. Dans le même temps, l'Etat doit trouver les moyens financiers et juridiques pour résoudre les problèmes posés par les immigrants récemment arrivés sur son territoire : les Tatars de Crimée et les Allemands autrefois déportés, mais aussi les populations des régions limitrophes en état de guerre venues chercher asile.

Depuis la fin des années quatre-vingt ; l'Allemagne se trouve confrontée à une émigration spécifique : celle des Aussielder, ou «Allemands delà Volga », dont l'origine allemande remonte parfois à plusieurs siècles , et qui ont désormais la possibilité de venir s'installer sur le territoire de la République fédérale. Pour ten¬ ter d'enrayer un flux migratoire trop conséquent , cette dernière, aidée par la Russie , tente d'inciter une partie des migrants potentiels à rester sur place , dans des «rayons allemands » bénéficiant d'aides économiques considérables. En outre , même si les Aussielder qui choisissent d'émigrer en RFA voient leur insertion facilitée par de nombreuses mesures , leur intégration reste difficile à bien des égards.