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La concertation internationale n'a guère permis de lutter efficacement contre le saccage de la planète. Au moins connaît-on mieux les problèmes, sous la pression de l'opinion publique mondiale.

Cinq ans après Rio et les engagements pris par les Etats, notre planète ne se porte pas mieux, bien au contraire.

L'Amazonie doit être sauvé, non parce qu'elle serait le poumon de la planète ou qu'elle aurait une valeur économique, mais tout simplement parce qu'elle existe.

Les biotechnologies permettent d'obtenir des variétés dont on a modifié le patrimoine génétique pour les rendre hyper-productives et résistantes. Mais à qui profitent ces prouesses techniques et quel type d'agriculture induisent-elles?

Malgré les bonnes intentions de 1992 à la conférence de Rio, la plupart des pays semblent n'entrer qu'à reculons dans la voie du développement durable. Notamment sur la question climatique malgré les risques que la poursuite des émissions de gaz à effet de serre fait courir à la planète.

La confiance de l'opinion dans les ONG de défense de l'environnement traduit un désaveu des gouvernements. Pour le directeur de la division politique et scientifique de Greenpeace International, il faut contraindre les Etats à assumer leur rôle.

La planète est 40 fois plus riche qu'en 1900, mais les inégalités de creusent. L'aggravation des pauvretés relatives se double d'un nouveau processus: l'émergence de la pauvreté absolue.

Les pays du Sud endettés sont astreints à de rigoureux plans d'ajustement structurel. Initialement prévue pour assainir leur situation financière, les programmes qui perdurent semblent s'être mués en mode permanent de régulatiion économique.

Malgré une bonne santé économique qui en faisait une exception africaine, le Zimbabwe, en panne de capitaux, a dû adopter en 1990 un rigoureux programme d'ajustement structurel aux conséquences sociales douloureuses.

La production agricole mondiale permet théoriquement de nourrir tous les habitants de la planète. Mais la libération systématique des échanges favorise-t-elle vraiment la sécurité alimentaire de tous les pays et de tous les habitants?

La planète devrait pouvoir nourrir ses 8 millions d'habitants en 2025 si les ressources sont bien réparties. Mais sera-t-il possible d'intensifier la production agricole tout en préservant l'environnement?

Dans beaucoup de pays en développement la croissance des villes va se traduire par un gonflement du nombre de magapoles. Ces villes géantes auront du mal à loger les nouveaux habitants et à leur assurer les services nécessaires.

Faute de titres de propriété, les pauvres qui habitent les bidonvilles des grandes villes d'Asie sont sans cesse chassés de leur quartier. Sans sécurité foncière ils ont peu d'espoir de pouvoir améliorer leurs conditions d'existence.

Les chantres de l'apocalypse démographiques se sont trompés, mais il faudra bien construire une planète viable pour les générations futures.

L'écart croissant entre Etats riches et pauvres et l'imbrication des économies se conjugueront pour faire de la question des migrations l'un des enjeux du siècle à venir.

En néligeant les droits des femmes et les déterminants sociaux et économiques de leur fécondité, les politiques de contrôle des naissances dans les pays les plus pauvres, en particulier en Afrique, ont connu des résultats limités.

Malgré l'action des mouvements féministes depuis les années 60, les progrès de l'instruction et l'augmentation de l'activité salariée des femmes, les inégalités entre les sexes persistent dans le monde du travail.

Les femmes sont peu nombreuses dans les parlements et encore plus rares dans les gouvernements. Seules des mesures volontaristes peuvent renverser la tendance.

Les femmes ont acquis des droits au fil des conférences internationales, mais au rythme laborieux des avancées et des reculades. Elles ont dû batailler pour les conserver.

Dans la foulée de la conférence mondiale de Pékin sur les femmes en 1995, les organisations féminines du Sénégal se sont mobilisées pour obtenir un plan national d'action conforme à leurs attentes.

Les Droits de l'homme, nés en Occident, peuvent parfois servir de paravent aux intérêts des puissances occidentales. Mais cela ne suffit pas à justifier les thèses culturalistes qui font l'impasse sur une exigence universelle.

Faut-il introduire des clauses sociales dans les accords commerciaux? Les gouvernements latino-américains y voient un obstacle à leurs exportations. Les syndicats, au contraire, y sont massivement favorables.

Entraves à la liberté syndicale, assassinats de leaders paysans, esclavage pour dettes... Au Brésil, les violations des droits humains poussent sur le terreau de l'injuste répartition de la propriété.

Les droits des populations autochtones ne font pas le poids face aux intérêts des Etats ou des multinationales.

La coopération économique internationale entre Etats, sous l'égide des Nations Unies, a échoué. Le marché s'est imposé. Seuls la Banque Mondiale, le Fond monétaire international et l'Organisation mondiale du commerce peuvent aujourd'hui dicter des règles.

Plus ou moins d'Etat? La querelle entre libéraux et sociaux-démocrates n'a pas fini de faire couler de l'encre. L'urgence est de penser un autre modèle de développement afin de mettre un terme à l'exclusion du plus grand nombre.

Les pays riches rechignent de plus en plus à assister les pays pauvres et s'interrogent sur l'efficacité de l'aide publique. Celle-ci ne cesse de diminuer alors qu'elle est indispensable pour financer les infrastructures et le développement à long-terme.

Depuis les années 80, les aides du FMI et de la Banque Mondiale sont suspendues au respect de certaines conditions, économiques, écologiques, politiques et surtout sociales. Mais les bases sont discutables et les effets limités.

La Banque Mondiale ne cesse d'affirmer que la lutte contre la pauvreté et la préservation de l'environnement sont ses deux objectifs principaux. Un discours bien éloigné de ses pratiques.

Les crises écologiques planétaires et les conséquences sociales de la globalisation appellent des régulations qui dépassent le cadre des Etats-Nations.

Taxer les émissions de gaz carbonique, les billets d'avion ou les transactions sur les marchés des changes pour financer des actions internationales? L'idée fait lentement son chemin.

Les grandes réunions organisées par les Nations Unies depuis Rio n'ont rien réglé des problèmes abordés. Elles ont néanmoins contribué à sensibiliser l'opinion, en particulier dans les pays du Sud, et permis aux ONG d'acquérir une véritable légitimité.

La légitimité des ONG sur les scènes locale et internationale est de moins en moins contestée. Mais l'existence d'une multitude de nouveaux acteurs du développement les oblige à repenser leurs rôles et leurs stratégies.

Les organisations non gouvernementales dépendent de plus en plus des financements publics. Le risque est grand pour elles de devenir l'instrument des Etats. En France, notamment, elles ont du mal à conserver leur liberté d'action.

Rio, le Caire, Vienne, Pékin, Instanbul, au fil des grands rendez-vous internationaux, la galaxie des organisations de femmes s'est structurée à l'échelle planétaire.

Mouvements pro-life anglo-saxons et associations islamistes se sont manifestés durant les grandes conférences onusiennes. Les émules de l'ordre moral se glissent aux côtés des organisations non gouvernementales.

Les villes constituent de nouveaux réseaux d'échanges de biens et de services. Elles jouent un rôle clé pour attirer les investissements. Mais les Etats du Sud sont réticents à leur accorder des pouvoirs et des ressources.

Le développement des firmes transnationales ne rend pas les Etats inutiles, bien au contraire. Il modifie simplement le rapport de forces au profit des entreprises. Cette évolution favorise un retour à un capitalisme plus libéral.

L'accumulation des maux sur la planète est l'occassion d'une prise de conscience, hors des sentiers battus de la pensée unique, et d'une tentative pour tracer un autre avenir pour l'humanité.