Contenu du sommaire : Antiracisme, multiculturalisme, minorités

Revue Hommes et migrations Mir@bel
Numéro no 1197, avril 1996
Titre du numéro Antiracisme, multiculturalisme, minorités
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Antiracisme, multiculturalisme, minorités. Vrais débats et mauvaises querelles

    • Tous politiquement corrects - Philippe Dewitte p. 3 accès libre
    • Antiracisme : la porte étroite
      • Connaître l'extrême droite pour la combattre - Madeleine Rebérioux p. 6 accès libre avec résumé
        La floraison éditoriale qui a suivi la «percée» du Front national aux élections de 1995 traduit un tournant dans la manière d'approcher ce phénomène. Désormais, on veut comprendre et analyser les raisons qui favorisent le développement de l'extrême droite afin de mieux combattre son influence. Deux diagnostics éclairent le succès rencontré parle thème de la «préférence nationale» : d'une part l'extrême droite exploite le sentiment national délaissé par les formations politiques traditionnelles, d'autre part elle s'enracine sur le terreau de la crise économique et sociale. Au point que le Front national, devenu le «premier parti ouvrier de France», tait aujourd'hui ses convictions ultra-libérales et antisociales.
      • De l'antiracisme médiatique au civisme républicain - Pierre-André Taguieff p. 12 accès libre avec résumé
        La banalisation du Front national dans le paysage sociopolitique français conduit à porter un regard critique sur l'antiracisme médiatique et sur les illusions et les impostures dont il est porteur. L'émergence d'un nouveau républicanisme qui conjuguerait le social avec le national permettrait cependant de construire un civisme rénové, contre le nationalisme xénophobe et antisocial de l'extrême droite. Cela implique une révision profonde, par les défenseurs de l'Europe de Maastricht notamment, de l'idée de nation, la dimension nationale n'étant pas antinomique de la construction européenne.
    • Multiculturalisme : au-delà des anathèmes
      • Pour un multiculturalisme tempéré - Joël Roman p. 18 accès libre avec résumé
        Dans nos sociétés, l'individualisme pose bien plus de problèmes que le communautarisme ; hormis ses versions les plus caricaturales ou les plus caricaturées, en particulier américaines, le multiculturalisme n'est lui-même pas incompatible avec l'universalisme revendiqué par le «modèle républicain» français. Aussi, tout en refusant les enfermements identitaires on peut envisager une voie moyenne, celle d'un universalisme pluriel : si l'Etat devient plus compréhensif à l'égard de la diversité sociale et culturelle, il peut se dégager du face à face vertical avec l'individu pour favoriser une démocratie de reconnaissance, privilégiant la relation horizontale des individus et des groupes entre eux.
      • Deux visions américaines du multiculturalisme - Jim Cohen p. 23 accès libre avec résumé
        Pour ceux qui cherchent à clarifier leurs idées sur les modèles d'intégration nationale et les droits des minorités, deux livres récents sont de première importance. Will Kymlicka, jeune philosophe canadien, et David Hollinger, historien américain de formation philosophique, fournissent des outils très solides qui aident à dépasser les dialogues de sourds et les débats devenus stériles entre partisans et adversaires du multiculturalisme. Si Kymlicka penche résolument en faveur du «droit à la différence» et Hollinger plutôt contre, les deux font un travail de débroussaillage conceptuel qui ne pourra que favoriser la clarté des débats futurs.
    • Minorités : les leçons de Sarajevo
      • Modèle républicain et protection des minorités nationales - Jean-Pierre Worms p. 27 accès libre avec résumé
        Quelques-uns des principes fondateurs du modèle républicain hexagonal semblent «grippés». La démarche effectuée par le Conseil de l'Europe, dans sa recherche d'une solution démocratique à la protection des minorités nationales sur le vieux continent — qui vise à l'intégration de peuples différents dans une citoyenneté commune —, donne un éclairage nouveau sur les remèdes qui peuvent lui être apportés : reconnaissance de droits individuels, l'appartenance à une minorité nationale ne relevant alors que du libre choix de l'individu ; promotion d'un universalisme concret, ouvert sur les réalités sociales et humaines ; recherche d'une articulation entre sphère publique et sphère privée...
  • Hors-dossier

    • Les Arabes en Argentine : poids ethnique et discrétion - Jean-Pierre Tailleur p. 37 accès libre avec résumé
      Depuis bientôt sept ans, l'Argentine est dirigée par un président d'origine syrienne, Carlos Saúl Menem. Après l'Italie et l'Espagne, le Moyen-Orient est la troisième source migratoire du pays, la première vague d'émigration arabe s'étant produite entre le début du XXe siècle et la Grande Guerre. Quelques aperçus sur la communauté arabe du pays, son importance et son influence.
  • Chroniques

    • Initiatives
      • Châteauvallon : de la résidence à la résistance - André Videau p. 43 accès libre avec résumé
        Une nouvelle vague migratoire moyen-orientale aux portes de l'Argentine : La communauté arabe s'est «dissoute » dans l'Argentine du début de ce siècle, certes, mais une renaissance de l'immigration en provenance du Moyen-Orient s'effectue actuellement aux portes de ce pays. Dans la zone dite des «trois frontières », que la province argentine de Misiones partage avec le sud du Brésil et l'est du Paraguay, une véritable communauté arabe s'est formée au cours de ces dernières années. Selon des estimations brésiliennes, 12 000 arabophones -des Libanais pour l'essentiel -vivent actuellement dans l'agglomération transfrontalière de Foz de Iguaçu (Brésil) et de Ciudad del Este (Paraguay), dont la population totale est estimée à 200 000 personnes, à quelques kilomètres de la ville argentine de Puerto Iguaçu. La plupart de ces immigrants se consacrent au commerce d'articles textiles et électroniques, tout comme d'autres étrangers coréens, taïwanais... La zone franche que constitue le «Braguay », pour reprendre le sobriquet donné à la frontière brésilienne et paraguayenne, offre en effet d'immenses opportunités d'affaires aux immigrants qui ont la bosse du commerce. «A Ciudad del Este, la moitié des 5 000 commerces sont arabes », affirme Hussein Teiyen, dirigeant de la chambre de commerce de cette ville anciennement appelée Puerto Stroessner. «Les Libanais se sont installés ici essentiellement pour des raisons politiques, après la guerre de 1975 », ajoute Mohamad Ibrahim Barakat, secrétaire au commerce et à l'industrie de la municipalité de Foz de Iguaçu. Selon ce Brésilien, membre d'une des rares familles libanaises qui se soient installées dans la zone des «trois frontières » dès le début du siècle, «60 % des Arabes du "Braguay" sont arrivés au cours de ces dix dernières années ». Cette immigration a-t-elle réveillé pour autant la sensibilité ethnique des «Turcos » argentins ? Tant le Centre d'études islamiques de Buenos Aires que la chambre de commerce argentino-arabe indiquent qu'aucun véritable lien entre les deux communautés moyen-orientales ne s'est créé. Deux caractéristiques importantes les séparent : 95 % des Arabes du «Braçjuay » sont musulmans, et leurs cousins argentins ne sont plus arabophones. Hussein Teiyen, porte-parole de fait de la communauté libanaise de Ciudad del Este, apporte une autre explication, quelque peu abrupte, de ce manque de solidarité : «Nous avons peu de liens avec les Argentins parce qu'ils ont une économie instable, et ils préfèrent magouiller au lieu de travailler ! » Les Arabes de Foz et de Ciudad vont-ils savoir, grâce à l'islam, mieux sauvegarder leurs traditions que leurs cousins argentins du début du siècle ? Probablement. Mais Mohamad Ibrahim Barakat fait la remarque suivante : «Voyez ces femmes qui portent le voile islamique. Elles le laisseront tomber, vous verrez, après cinq ans d'Amérique du Sud ! » Installé sur les collines qui dominent la ville de Toulon, Châteauvallon — et son Théâtre national de la danse et de l'image — est un des hauts lieux de la création artistique tant en matière théâtrale que chorégraphique ou musicale, mais aussi un foyer de rencontres et d'échanges. Lors des dernières élections municipales, la ville de Toulon a pris la couleur du Front national... et Châteauvallon est passé à la «résistance». Les principaux épisodes de son histoire sont retracés ici à partir d'un entretien avec son directeur, Gérard Paquet.
    • Livres
      • Deux ans de littérature maghrébine de langue française - Charles Bonn p. 46 accès libre avec résumé
        Tout un pan du paysage littéraire maghrébin a été marqué, au cours de ces dernières années, par la «crise» algérienne. Parmi les nombreux témoignages qui rendent compte de la quotidienneté de l'horreur, certains revêtent une dimension littéraire intéressante. Quant aux plus grands écrivains, ils parviennent à la dépasser et à lui donner des résonances plus profondes.
    • Cinéma
    • Musiques
      • Banlieues bleues, Angoulême : quand les quartiers portent les festivals - François Bensignor p. 60 accès libre avec résumé
        Certains festivals obtiennent des résultats inattendus en terme de lien social, de pédagogie, voire d'insertion dans le monde du travail. Banlieues bleues, en Seine-Saint-Denis, et Musiques métisses, à Angoulême, sont devenus des pionniers en la matière : tous deux donnent aujourd'hui la priorité à leurs actions en faveur des publics de proximité.
    • Agapes
      • Le rituel de Pessah - Marin Wadga p. 63 accès libre avec résumé
        La Pâque juive, appelée Pessah, est célébrée le quinzième jour du mois de Nissan — presque toujours en avril — pour commémorer la fuite hors d'Egypte des Hébreux. Les rites religieux et les pratiques culinaires qui ponctuent cette cérémonie rappellent et symbolisent l'Alliance, c'est-à-dire le pacte conclu avec Dieu.
    • Février 1996 en France