Contenu du sommaire : La diaspora Chinoise en occident
Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | Vol. 8, no 3, 1992 |
Titre du numéro | La diaspora Chinoise en occident |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La diaspora chinoise en Occident
- Editorial - Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 5-7
Articles
- Une minorité invisible : les Chinois en Grande-Bretagne - Vaughan Robinson, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 9-31 L'article analyse la situation de la minorité chinoise au Royaume-Uni. Il commence par s'interroger à propos de la raison pour laquelle ce groupe a fait l'objet de si peu de recherches puis il analyse certaines constantes culturelles qui apparaissent chez les Chinois d'outre-mer. Ensuite, il décrit les quatre phases de l'implantation chinoise en Grande-Bretagne : celles des pionniers, des premiers immigrants, des professions libérales et de la migration de masse. Pour chacune de ces phases, des données sont fournies à propos des motivations de la migration, de son importance et de sa chronologie ainsi qu'à propos des bases de l'implantation et des caractéristiques socio-économiques. L'avant-dernière partie est consacrée aux Chinois dans la restauration. On y analyse comment s'est effectuée une telle concentration dans cette activité et les implications sociales et spatiales pour la communauté. La dernière partie est consacrée à l'avenir des Chinois au Royaume-Uni. On y présente les données socio-démographiques les plus récentes qui soient disponibles et on examine comment la dispersion et les difficultés linguistiques ont fait des Chinois une minorité invisible.The paper reviews the position of the Chinese minority in the United Kingdom. It begins with a discussion of why the group has been so little researched and then considers some of the cultural constants which are apparent in overseas Chinese satellites. It then describes the four phases of Chinese settlement in Britain: as pioneers, settlers, professionals, and mass labour migrants. For each of these phases detail is provided of migration motivation, numbers, and timing, as well as settlement patterns and socio-economic characteristics. The penultimate section focuses upon the Chinese in the catering trade and describes how such occupational concentration developed and how it has had spatial and social implications for the entire community. The final section considers the future of the Chinese in the UK. It presents the most up to date statistics on the socio-economic characteristics of the group and considers how dispersal and language difficulties have made the Chinese an invisible minority.
- Immigration et entreprenariat : les Chinois aux Pays-Bas - Frank N. Pieke, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 33-50 La première partie de l'article est une rapide vue d'ensemble des différentes communautés vivant aux Pays-Bas : Chinois de Hong Kong, du Zhejiang, de Guang-dong, de Singapour et de Malaisie, qui sont spécialisés dans la restauration, Chinois d'Indonésie, Chinois du Surinam et enfin, Chinois du Vietnam. Les seconde et troisième parties consistent en une analyse plus détaillée des schémas d'immigration des Chinois travaillant dans la restauration et du développement de la restauration sino-indonésienne. L'argument principal est que des structures discursives et des rapports de pouvoir spécifiques ont reproduit — et sont eux-mêmes reproduits par — une culture de migration puissante et « unilatérale », et un certain succès économique. En raison du poids de cette culture, les Chinois des Pays-Bas ont mis beaucoup de temps à sortir des schémas stratégiques établis de longue date. De ce fait, l'impact de la crise actuelle de la restauration a été plus fort et plus persistant qu'il n 'aurait peut-être pu l'être.The first part of the article gives a brief overview of the various Chinese communities living in the Netherlands: Hong Kong, Zhejiang, Guangdong, Singapore, and Malaysian Chinese who are specialised in the catering trade, Indonesian Chinese, Surinamese Chinese, and finally Vietnamese Chinese. The second and third parts consist of a more detailed analysis of the pattern of immigration of the restaurant Chinese and the growth of the Chinese-Indonesian catering trade. The main point which these analysis tries to establish is that specific discursive structures and power relations have produced, and are themselves reproduced by, a strong and one-sided culture of migration and economic success. Due to the force of this culture, the Dutch Chinese have been very slow to break away from long-established patterns of strategic behaviour. Because of this, the impact of the current crisis of the catering trade has been stronger and longer-lasting than it perhaps could have been.
- Un monde à part : les Chinois en Toscane - Lucia Maddii, Giovanna Campani, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 51-72 L'article décrit l'immigration chinoise en Italie, en se focalisant plus spécialement sur la communauté chinoise de Toscane, une des plus importantes du pays. Cette communauté, dont la formation remonte seulement à une dizaine d'années, s'est développée dans les traditionnels districts industriels de la maroquinerie et — très récemment — de la confection. Les immigrés chinois ont progressivement pris la place des artisans italiens dans ces secteurs de production. L'article, qui se base sur une enquête de terrain et sur une longue observation participée, considère le parcours migratoire des Chinois (provenant en grande majorité du Zhejiang, en Chine Populaire), l'organisation communautaire, l'activité économique, l'interaction avec la population locale.The article deals with Chinese immigration into Italy, focusing mainly on the Chinese community in Tuscany, one of the most important in the country. This community, dating only ten years, has grown in the traditional industrial districts of leather and garment sectors. Chinese immigrants have slowly taken the place of Italian artisans in these production sectors. The article, based on field work and enquiries, considers the migratory trajectories of Chinese, coming from Zhejiang, in People 's Republic of China, community organisation, economic activities, interaction with local population.
- Les flux de main-d'œuvre et de capitaux chinois vers les États-Unis - Jan Chien-Chen Lin, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 73-90 Les « Chinatowns » ou « villes chinoises » américaines ont subi des transformations considérables depuis leur création au milieu du XIXe siècle. Ces changements sont dûs à l'évolution structurelle des flux de main-d'œuvre et de capitaux chinois vers les États-Unis. Les différents paramètres de ces flux de main-d'œuvre et de capitaux sont la réglementation fédérale et les changements macro-économique au niveau de l'économie mondiale. Cet article examine le développement historique des chinatowns américaines en fonction des grands changements économiques et de la politique américaine en matière d'immigration. Nous examinons ici leurs conditions d'apparition tant en Asie du Sud Est qu'aux États-Unis. Constituant à l'origine des enclaves de petits entrepreneurs, les chinatowns des Etats-Unis sont actuellement restructurées matériellement et économiquement par d'importants flux financiers extérieurs. Ces transitions se traduisent parfois par des conflits d'intérêts entre grand capital et population modeste.American Chinatowns have been through considerable transformations since their first appearance in the mid-nineteenth century. These changes are a consequence of shifting patterns of Chinese labor and capital flow to the US. Regulatory government legislation and macro-economic shifts on the level of the world-economy are the parameters to that labor and capital inflow into the US. This paper examines the historical development of US Chinatowns from the context of broad economic shifts and US immigration policy. Economic conditions in East Asia are examined as much as conditions in the US. Beginning as enclaves of petty entreprenurial activity, Chinatowns in the US are now being physically and economically restructured by a grand flow of investment capital. These transitions have led in some cases to developmental conflicts.
- Divergent Diasporas : the Chinese Communities of New York and Los Angeles Compared - Roger Waldinger, Yenfen Tseng, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 91-115 Les universitaires devraient prendre en compte le fait que la diversité socio-économique est l'un des traits les plus marquants de l'immigration depuis le milieu des années soixante. Cet article compare la situation des Chinois de Los Angeles avec celle de New York afin de souligner la diversité interne de ces deux communautés et la différenciation qui en résulte. Nous pensons que ces deux communautés étaient à l'origine similaires, leur structure sociale était caractéristique des Chinois durant les cent premières années de leur installation. Alors que les deux communautés ont connu une croissance extraordinaire avec le renouveau de l'immigration de masse des Chinois au milieu des années soixante, leur mode de développement a divergé de manière accrue.While socio-economic diversity is a salient trait of the post-1965 newcomers, immigration scholars have yet to consider its full implications. This paper uses a comparison of the Chinese communities in Los Angeles and New York to show the importance of intra-immigrant diversity and the difference it makes. We argue that these two communities began from similar starting points, each exhibiting the social structure that had been commonly developed by Chinese-American communities during the first 100 years of the Chinese presence in the United States. While both communities have undergone tremendous growth since the renewal of rnass Chinese immigration in the mid-l960s, their patterns of development have increasingly diverged. Whereas Los Angeles has become the favored destination of middle — and upper-middle-class immigrants, many of them from Taiwan, New York has received a heavily proletarian population originating in the People's Republic of China (PRC) and Hong Kong. These initial differences in the characteristics of arrivals have led to divergent trajectories of ethnic incorporation.
- Ethnie Resources, Opportunity Structure and Coping Strategies : Chinese Businesses in Canada - Kwok-Bun Chan, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 117-137 Le « grand circulant »* est le phénomène économique d'aujourd'hui et le migrant typique de demain. Les « grands circulants » ont des ressources importantes et des qualifications élevées ; en tant qu'intermédiaires du commerce international, ils passent aisément les frontières géographiques et économiques et ils deviennent progressivement les initiateurs de puissantes forces économiques. A cheval entre l'Est et l'Ouest du Pacifique ils mènent une vie double, un pied dans le pays d'origine et l'autre dans le pays d'accueil et agissent comme « courtiers » culturels, médiateurs du commerce et intermédiaires entre les deux mondes. Les premiers immigrants chinois s'étaient spécialisés dans le commerce à destination de leur communauté puis dans les services tels que la blanchisserie et la restauration. Aujourd'hui, avec la politique canadienne d'encouragement à l'immigration d'entrepreneurs, la démarche suivie par les premiers immigrants n 'est plus de mise. Les données 1988-1989 concernant les immigrants investissant en Colombie Britannique montrent que les Chinois — principalement ceux originaires de Hong Kong — sont les premiers investisseurs quelle que soit la catégorie économique. La même situation se rencontre en Ontario qui est une autre destination privilégiée des Chinois. Ils y ont maintenant fait leur place dans l'industrie ou l'export. En fait ce sont les Chinois qui ont revitalisé l'industrie de la confection à Toronto. * Cette expression d'Alain Tarrius (Cf. Revue Européenne des Migrations Internationales, 1992, vol. 8, n° 2), est celle qui nous semble la plus proche du sens que donne l'auteur (citant Anthony Richmond) à « transilient migrant » (ndlr).The « transilient migrant » is the economic phenomenon of today and the typical migrant of the next era. A transilient migrant is resource-rich, well-endowed and skilled; as a facilitator of international trade, he or she crosses geographic and economic boundaries at will. Increasingly, they have become the prime movers of powerful economic forces. They who bestraddle both the East and the West, leading a « two-legged existence », with one leg in their country of origin and the other in a country of voluntary adoption, operate as cultural brokers, trade mediators and facilitators between the two worlds. The early Chinese immigrants tended to specialise in ethnic consumer products and later, in services like laundries and restaurants. In today's Canada, with the government courting business immigrants, the path trodden by earlier immigrants has become largely anachronistic. The 1988-1989 data on investor-immigrants in British Columbia shows that these Chinese immigrants — primarily from Hong Kong — topped the list in every category of economic contribution. A similar pattern is noted in Ontario, another popular destination for Chinese immigrants. They are now making inroads into the manufacturing and export sectors. In fact it is the Chinese immigrants who have revitalised Toronto's garment industry.
- Pratiques religieuses et entreprises chinoises à Paris. Un paysage favorable - Jean-Pierre Hassoun, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 139-154 L'article est centré sur les pratiques rituelles observées à Paris dans des entreprises tenues par des locuteurs chinois originaires du Cambodge, du Vietnam ou du Laos arrivés en France à la fin des années 1970. L'ethnographie religieuse permet de distinguer entre elles ces pratiques par leur intensité, leur régularité, leur degré de formalisation et de mettre à jour un continuum des pratiques religieuses dans l'entreprise. Par delà leur diversité déforme, ces rites propitiateurs valorisent la richesse matérielle et s'organisent selon une même logique de l'échange entre le monde des hommes et le monde divin. De plus, ils sont concis, financièrement et humainement peu coûteux et n'incitent pas à la méditation. Aussi, ce paysage religieux et l'intériorisation des thèmes, idées et valeurs associés à ces rituels peuvent être considérés comme ressource symbolique.The paper is focused on rituals practices observed in Parisian enterprises managed by Chinese speaking people from Cambodia, Vietnam or Laos having arrived in France at the end of the seventies. Religious ethnography enables to discern these practices according to their intensity, regularity, degrees of formalisation and reveals a continuum of religious practices in the enterprise. Beyond their diversity of forms, these propitiator rites valorize material wealth and are organised according to the same logic of exchange between men's world and god's world. Moreover these rites are concise, don't involve great financial and human cost and, lastly, don't incite to meditation. Thus this religious landscape and the interiorisation of themes, ideas and values connected with these rituals can be considered as a symbolic ressource.
- Les Chinois de Paris depuis le début du siècle. Présence urbaine et activités économiques - Yu-Sion Live, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 155-173 La création d'entreprise parmi les Chinois de Paris est un phénomène ancien qui remonte aux premiers moments de leur immigration au début du XXe siècle. Dans le domaine économique, cette immigration se caractérise par la visibilité de sa présence dans des quartiers au sein desquels les groupes linguistiques (Wenzhou, Qingtian, Cantonais, Shanghaiens...) ont tendance à se reconstituer pour exercer des professions spécifiques : commerces de bibelots chinois, colportage des marchandises, pédicurie, restauration, maroquinerie etc. Cette étude appréhende les facteurs endogènes et/ou exogènes susceptibles de favoriser l'expansion ou le déclin des activités chinoises et des quartiers « chinois » en rapport avec les flux migratoires. En inscrivant notre démarche dans une analyse diachronique (à travers l'origine, le développement et l'issue des activités), nous montrons qu'une économie ethnique ne vit pas en circuit fermé, et que sa viabilité est placée, dans la plupart des cas, sous l'emprise socio-culturelle et économique de la société globale ou sous des mesures juridiques réglementant le commerce des activités ou encore sous des événements politiques mondiaux etc. Dans le passé, l'extinction d'un marché de biens et de services a entraîné la dislocation et/ou la disparition des activités professionnelles chinoises dans les quartiers parisiens. Ainsi, l'essor de l'économie chinoise immigrée n'est pas toujours liée à la croissance de la population sino-française. La petite taille démographique d'un groupe ethnique n'est pas forcément un handicap à l'extension d'une économie ethnique.The creation of enterprises by Chinese in Paris is an old phenomenon which goes back to the first moments of their immigration at the beginning of the XXth century. In the economic field, this immigration is characterized by the visibility of its presence in some neighbourhoods within the linguistic groups (Wenzhou, Qingtian, Cantonese, Shanghaians,...) are inclined towards reconstitute for carry on specific profession: trade of chinese trinkets, hawking of merchandises, chiropodist, catering trade, shop selling fancy, etc. This study apprehends the endogenous and/or exogenous factors susceptible to favour the expansion and/or the decline of the Chinese activities and of « Chinese » neighbourhoods, having something to do with the migratory flows. Writing our analysis (through the origin, the development and the issue of activities), we'll show that an ethnic economy doesn't live in a closed circuit and that its viability is sitting, in most cases, under the socio-cultural and economical influence of the global society or under some juridical measures regulating the trade of activities or even under Worldwide political events, etc. In the past, the extinction of market ofgoods and services led to the dislocation and/ or to the disappearance of Chinese professional activities in the Parisian neighbourhoods. Thus, the growth of the Chinese immigrant economy is not always linked with the growth of the Sino-French population. The small demographic size of an ethnic group is not inevitably a handicap to the extension of an ethnic economy.
- Dispositif économique et ressources spatiales : éléments d'une économie de diaspora - Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 175-193 L'un des objectifs de cet article est de décrire l'organisation des entreprises chinoises entre elles à partir de l'exemple parisien. Aux catégories de marché ethnique du travail, de marchés intra-communautaire ou extra-communautaire, de commerces exotique, communautaire ou banal, on propose d'ajouter les notions d'entreprises du commerce extérieur, d'entreprises d'amont et d'entreprises de reproduction identitaire. L'autre objectif de cet article est d'essayer de voir comment ce dispositif en tant qu 'élément d'une économie de diaspora s'agrège à elle. Pour ce faire, on utilise l'idée de ressources spatiales. Le principe dynamique interne qui semble régler la disposition des entreprises chinoises entre elles est un principe d'autonomie. Autonomie du dispositif économique qui, d'une part, serait liée à une volonté du groupe de se reproduire à travers des activités entreprenariales et qui, d'autre part, conduirait à une autonomie du groupe lui-même. Le choix pour ce type d'activités tiendrait à ce que ce sont celles qui lui garantissent de persévérer en son Etre. Ce principe d'autonomie semble régir également l'économie de la diaspora ainsi que les ressources spatiales qu'elle mobilise.One of the goals of this article is the description of the arrangement and relationships between Chinese enterprises. To the categories of ethnic labor market, intra or extra-ethnic markets, exotic commerce, communautary commerce and banal commerce, we propose the notions of export trade enterprise, « upstream » enterprise, enterprise of reproduction of identity. The other goal is to try to analyse how this arrangement is related to the economy of the diaspora. It would appear that the driving principle which works in this « arrangement » is a principle of autonomy, which on the one hand is linked to the willingness of the community to reproduce itself through entrepreneurship, and, on the other hand leads to the autonomy of the group itself. This choice towards entrepreneurship is linked to the fact that it permits the Chinese community to persevere in its own being. This principle of autonomy seems also to govern the diasporic economy as well as the spatial resources used.
- Une minorité invisible : les Chinois en Grande-Bretagne - Vaughan Robinson, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 9-31
Note de recherche
- Les Chinois à Marne-la-Vallée - Elisabeth Brunel, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 195-209
Chronique scientifique
- La recherche sur l'immigration en Belgique, 1989-1991 - Patricia Targosz, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 211-221
- Note de lecture - Françoise Lorcerie, Emmanuel Ma Mung, Michelle Guillon p. 223-226