Contenu du sommaire
Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | Vol. 9, no 1, 1993 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - A. Tarrius, M.a. Hily p. 5-7
Articles
- L'immigration marocaine dans la communauté autonome de Madrid - Pablo Pumares Fernandez p. 9-27 Depuis le début des années 80, l'Espagne est devenue un pays d'immigration. A Madrid, sans atteindre un niveau comparable à celui des autres grandes villes européennes, la présence étrangère est devenue appréciable. Malgré la mise en place d'une législation restrictive, certains groupes nationaux connaissent un accroissement rapide : c'est le cas de la population marocaine, majoritairement originaire de l'ancien protectorat espagnol. Il s'agit d'une immigration récente, en grande partie masculine même si les familles sont de plus en plus nombreuses, et si, de façon encore plus limitée, on observe une immigration féminine autonome (jeunes diplômées, veuves ou divorcées avec des enfants et même femmes mariées précédant le reste de la famille). L'emploi des femmes est facile : elles travaillent presque exclusivement dans les services domestiques, secteur où la demande l'emporte sur l'offre. Les hommes ont plus de difficultés à trouver un emploi stable : ils sont vendeurs, ouvriers dans le bâtiment, ouvriers agricoles ou s'emploient dans les services. Pour les deux sexes, il s'agit le plus souvent d'un emploi précaire, « au noir ». A Madrid, les Marocains se sont installés le plus souvent aux marges des quartiers aisés de l'Ouest de la ville, près de leurs lieux de travail. Ils habitent des maisons rurales inconfortables ou des baraques dispersées ou formant de petites enclaves dans l'espace urbain.Since the beginning of the 80s Spain has become a country of immigration. In Madrid, without reaching the same level of other big European cities, the foreign presence has become appreciable. Despite a restrictive legislation, some national groups are knowing a fast growth: this is the case of the moroccan population, coming mainly from the former Spanish protectorate. It is a late immigration, largely an immigration of men though the families are becoming more and more numerous and even if, in a more limited way, we can observe an autonomous immigration of women (young graduated women, widows or divorcees with children and also married women who precede the rest of the family). For the women the employment is easy : they work almost exclusively in services, a field where the demand prevails over the supply. The men have more difficulty in finding stable work: they are salesmen, workers in the building-trade, farm-labourers or they work in services. For both men and women, it is more often than not, a precarious job, « black work ». In Madrid the Moroccans have settled down more often than not, at the fringes of the well-off quarters to the west of the town, near their working place. They live in rural uncomfortable houses or in scattered shanties or houses forming small enclaves in the urban space.
- Histoire des migrations et identité nationale en Italie - Ada Lonni p. 29-46 L'Italie a été le théâtre, au cours des deux derniers siècles, d'importants déplacements de population. En premier lieu l'émigration saisonnière à l'époque moderne, et puis, entre 1880 et l'immédiat après-guerre (1950), la « grande émigration », européenne et transocéanique. Dans les années cinquante et soixante les déplacements se sont produits à l'intérieur de la péninsule, du Sud vers le Nord. Enfin, à partir de la deuxième moitié des années soixante-dix, a commencé l'immigration du sud du monde. Chacun de ces moments a d'une certaine façon remis en question l'identité et l'unité nationale récemment conquises, jouant tantôt un rôle de propulseur des tendances unificatrices, tantôt de détonateur des tensions latentes, jusqu'à l'affirmation de groupes séparatistes et xénophobes dans de nombreuses villes du nord.In the last two centuries, Italy has witnessed significant population displacements. Firstly the seasonal emigration of the moderne era; secondly, between 1880 and the immediate post-war (1950), the European and transoceanic « great emigration ». During the fifties and sixties, displacements took place within the peninsula from South to North. Finally, from the second half of the seventies, immigration from the so called « Thirth world » began. All of these mouvements have, in one way or another, put back into question the recently acquired national identity and unity. They have served as a catalyst for unifying tendencies and as a detonator of latent tensions, up to the present affirmation of separatist and xenophobic parties in many northern cities.
- Des immigrés en Campanie ! - Colette Vallat p. 47-58 L'Italie méridionale, et plus précisément la Campanie, est un terrain d'étude qui ne laisse pas de surprendre : les étrangers, contrairement à toute attente, y sont nombreux (7 % de ceux qui vivent en Italie). Majoritairement francophones, ils sont originaires d'Afrique du Nord et de l'Ouest. Les communautés d'Afrique de l'Est, des Philippines et du Cap Vert complètent cet échantillon. Leur présence s'explique, dans une région réputée sans travail, par les possibilités qu'offre l'économie informelle. Clandestins, ils supportent les conditions de travail, de vie et de salaire les plus mauvaises sans entrer en concurrence avec la main-d'œuvre locale. Employés comme saisonniers pour la récolte des tomates, comme vendeurs de rue, tailleurs de pierre ou employés de maison, leur présence, diffuse dans toute la Campanie, est toujours transitoire. Ils participent à une vaste turbulence migratoire et, dès que leur situation administrative est régularisée, ils partent vers d'autres régions d'Italie ou d'autres pays européens qui leur proposent des emplois officiels, plus stables ou mieux rémunérés. Ils forment ainsi un volant de main-d'œuvre peu spécialisée, particulièrement adaptable à la demande d'une économie dont la force réside dans sa flexibilité.South of Italy and more precisely the Campanie is a land of study that gives way to surprise: contrary to all expectations, the foreigners are numerous (7 % of the people living in Italy). In the majority they are French-speaking, coming from North or West Africa. The communities of East Africa, The Philippines and Green Cape complete this population sample. Their presence explains itself, in a land well-known for its unemployment, by the possibilities that the illicit economy is offering. As clandestines, they bear the working conditions as well as the living and the worst wages' ones, without competing with the local labour. Employed as seasonal workers for the harvest of tomatoes, as streets sellers, as cutters of stone or servants. Their presence all around the Campanie is always transitory. They are taking part in a wide migratory turbulence and as soon as their administrative position is regularized, they leave for other Italian regions or other European countries that offer them official jobs that are more stable or rewarded. In this way they create a wheel of low-skilled workers who are especially adaptable to the demand of an economy whose power lies in its flexibility.
- Diaspora/Diasporas. Archétype et typologie - Alain Médam p. 59-66 Les configurations diasporiques sont de plus en plus nombreuses et variées dans le monde présent. Aussi, le concept de Diaspora — provenu, pour l'essentiel, de l'expérience juive de l'exil et de la dispersion — doit-il être actualisé et, pour cela, précisé. Une démarche d'ordre typologique s'impose. Fluidité ou stabilité, caractère officiel ou clandestin, organisé ou anomique, irréversible ou non, politique ou économique, tels sont quelques-uns des critères susceptibles d'introduire du discernement dans la masse tout venant des dérangements migratoires. De même semble s'imposer une approche plus fouillée des relations intradiasporiques et interdiasporiques. Enfin doivent être considérés les rapports dynamiques et complexes existants entre nation de départ et totalité plurielle résultant de la dispersion. N'étant plus transitoires ni occasionnelles mais s'avérant perdurer et se généraliser, les diasporas tendent à devenir des formes admises, courantes, de l'existence collective. En tant que telles, il faut donc saisir leur apport à la civilisation contemporaine et pour cela revenir — après qu 'une typologie ait été proposée — à la Diaspora archétype : cette ancestrale expérience du nulle part et de l'autre part, de l'ailleurs et de l'ici que la judaïcité n'a pu faire autrement que connaître.In our present world, the Diaspora 's outlines are more and more large and various. Therefore the Diaspora's concept — arising mainly from the Jewish experience of the exile and dispersal — has to be actualized and precised. A typological step is necessary. Fluidity or stability, official or underground nature, organised or not, irreversible or not, political or economical, are some of the criteria that can introduce some discrimination in the all comers' mass of the migratory disorders. In the same way, a more elaborate approach of the intradiasporas' and interdiasporas' relations seems to foist. Finally the dynamic and intricate relations that exist between original nation and plural totality arising from dispersal, must be taken into account. The Diasporas that are neither temporary nor occasional but that are proved to last and to spread, have a tendancy to become accepted and are becoming current patterns of the collective life. In so far as they are, it's necessary to understand their contribution to the contemporary civilization and for that reason we have to come back — after a typology has been propounded — to the archetype of the Diaspora : this ancestral experience of nowhere and elsewhere, of somewhere else and there that the Judaism can't do other but knowing it.
- Les migrants du fleuve Sénégal : A quand la « Diams'pora » ? - Sylvie Bredeloup p. 67-93 Originaires de la vallée du fleuve Sénégal (Sénégal, Mali, Mauritanie), des négociants musulmans s'aventurent dans des zones peu explorées à la recherche de pierres précieuses. Les chemins qu'ils empruntent n'obéissent en rien au hasard. Pour conquérir le lointain et l'illicite, ils composent leur territoire non pas comme une succession d'espaces éclatés mais bien comme un réseau de solidarités solidement connectées entre elles. Non seulement ces « gens d'ici et d'ailleurs » construisent par syncrétisme de nouvelles identités mais ils développent des systèmes résidentiels très élaborés. Conjuguant plusieurs unités familiales et plusieurs activités, ils font un usage polyvalent du territoire. Grands voyageurs, ils sont aussi à l'aise avec leur attache-case et leur costume trois pièces dans l'avion qui les conduit de Bujumbura à Genève qu'en boubou dans une réunion de commerçants émigrés à Dakar, à la mosquée ou au village, en famille, sur le fleuve.Originating from the valley of Senegal river (Senegal, Mali, Mauritania), muslim merchants venture into little explored zones in search of precious stones. The ways they follow are not submitted at all to the laws of fate. In view of conquering what is far away and illicit, they compose their territory not as a succession of broken up spaces, but definitely as a network of firmly interconnected solidarities. These people «from around here and from somewhere else » do not only build new identities by syncretism but they also develop highly elaborate residential systems. Combining several family units and several activities, they make various uses of the territory. Great travellers, they feel at ease with their attache case and their three-piece suit in the plane taking them from Bujumbura to Geneva just as well as with their large « boubou » in a migrant tradesmen reunion in Dakar, at the mosque or in the village, in family, on the river.
- Les marbriers de Carrare : culture migratoire et expansion économique - Geneviève Marotel p. 95-112 Un nouveau regard peut-être porté sur des groupes socio-professionnels encore peu étudiés par la sociologie ou l'histoire des migrations, et considérés trop hâtivement comme archaïques ou atypiques et non représentatifs : il suppose d'élargir et d'articuler la question des dynamiques identitaires à la sphère professionnelle et économique (les savoir-faire et leur reproduction) et aux mobilités (les « savoir-circuler », pris dans leur acception spatio-temporelle la plus large), enfin de situer ce questionnement dans la longue durée. L'article évoque les premiers résultats d'une recherche menée dans ces perspectives méthodologiques sur la communauté des professionnels du marbre de la région de Carrare (Toscane). Il présente les diverses formes d'échanges et les continuités territoriales, culturelles et socio-professionnelles établies au fil du temps entre la zone marbrière de Carrare et ses innombrables extensions à l'échelle européenne et mondiale : véritable retournement de l'émigration, souvent issue de la misère ou de l'exil politique, en réseaux devenus ceux de la richesse et de la notoriété. Il souligne la place que ces processus, qui conjuguent repli identitaire et ouverture, laissent à l'« Autre-étranger ».Certain socio-occupational groups often overlooked by the sociology or history of migrations on the grounds that they are archaic or atypical and therefore not representative call for a new methodological approach. The one proposed here would broaden the question of the dynamics of cultural identity by linking it to the occupational and economic sphere (know-how and its reproduction) and to mobilities (taken in their broadest spatio-temporal sense) in a long-term context. Within such a perspective, this article presents the initial results of a study on the community of marble workers from Carrara (Tuscany). It describes the various forms of exchanges and the territorial, cultural, and socio-occupational continuities established over time between the marble region of Carrara and its countless extensions throughout Europe and the entire world. These processes constitute a veritable turnaround of an emigration often prompted by poverty or political exile into networks of wealth and notoriety. These are characterized by a combination of communal withdrawal and openness, and the analysis brings out the place that is left for the « outsider ».
- Les Libanais en France : évolution et originalité - Amir Abdulkarim p. 113-129 Au sein du champ migratoire libanais, très étendu, la France constitue depuis longtemps un espace spécifique. Le flux de Libanais n'a pas cessé de se diriger vers la France surtout durant la guerre civile. Grâce à un régime particulier dans la politique d'immigration française et à leur structure sociale élitaire, les Libanais tirent des avantages de ces conditions. La répartition géographique des Libanais en France est fortement liée à cette structure et aux types d'activités exercés. C'est une immigration d'investissement dès le départ à l'opposé d'autres immigrations étrangères en France qui sont nées d'une immigration initiale du travail.Within the Lebanese migratory scope which is very wide, France consitutes long since a specific space. The flow of Lebanese kept on going to France especially during the civil war. Thanks to a special regime concerning the French immigration policy and to their elitary social structure, the Lebaneses benefit from those conditions. The geographical division of Lebanese in France is strongly linked with this structure and with the type of activity carried on. Contrary to other foreign immigrations in France that are born from an initial immigration of work, it is right at the start an immigration of investment.
- L'immigration marocaine dans la communauté autonome de Madrid - Pablo Pumares Fernandez p. 9-27
Notes de recherche
- La route des Marocains : les frontières d'un parcours de retour - Catherine Gauthier p. 131-142
- La polygamie dans les pays d'Afrique subsaharienne anciennement sous administration française - Pascal De Vareilles-Sommières p. 143-159
- Notes de lecture - Claudio Bolzman, Béate Collet p. 161-164
Chronique statistique
- Des chiffres et des hommes : la présence étrangère et flux d'étrangers en 1990 et 1991 - André Lebon p. 165-178
- Ouvrages reçus - p. 179-180
- Note aux auteurs - p. 183