Contenu du sommaire : Varia
Revue | Annales historiques de la Révolution française |
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Numéro | no 360, avril-juin 2010 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Pistes de recherche pour une étude sur les procureurs généraux syndics : entre histoire individuelle et histoire institutionnelle - Gaid Andro p. 3-25 Lorsque les constituants établissent la nouvelle pyramide administrative française dans les premiers mois de la Révolution, ils confient la mise en application de la loi au procureur général syndic du département. Élu par les assemblées électorales départementales, le procureur général syndic est théoriquement la synthèse institutionnelle de deux objectifs difficilement conciliables : l'exigence démocratique locale et le contrôle du territoire par l'exécutif central. Cette tension propre à la fonction laisse subsister un certain flou quant aux prérogatives réelles de ces hommes. Selon les départements, il apparaît comme un administrateur secondaire sans grand pouvoir de décision ou au contraire comme un personnage central de la construction identitaire départementale. Une unité apparaît cependant lors de l'analyse de leur recrutement et de leurs carrières. L'approche prosopographique permet ainsi de replacer cette institution dans la problématique plus large de la construction de l'État à travers la formation d'une nouvelle élite administrative.When deputies of the Constituent Assembly established a new administrative pyramid in France, in the first months of the Revolution, they entrusted the application of these laws to the « procureur général syndic » of each department. Elected by the departmental electoral assemblies, the « procureur général syndic » was theoretically the institutional synthesis of two objectives, difficult to reconcile: the local democratic imperative and the territorial control exercised by a central executive. The tension inherent in this administrative post maintained a certain ambiguity concerning the real powers of these men. Depending on the department, the « procureur général syndic » appears either as a secondary administrator without much power of decision or as a key element in the construction of a departmental identity. A unity appears, however, when one analyses their recrutment and their careers. The prosopographical approach places this institution into a larger « problematique » of the construction of the State by the formation of a new administrative elite.
- Opinions et réflexions sur la loi martiale dans la presse et les pamphlets (1789-1792) - Aurélie Neusy p. 27-48 Les violences populaires, au centre des attentions, incitent journalistes et pamphlétaires à s'exprimer sur l'attitude des autorités à leur égard. La proclamation de la loi martiale, le 21 octobre 1789, provoque une démultiplication des questionnements et des prises de position. Qu'ils la considèrent comme nécessaire ou illégitime, les auteurs évaluent ses fondements, ses modalités, et sont amenés à confronter différents principes révolutionnaires. Support à de multiples critiques envers les autorités, leurs décisions, ainsi que la Révolution, la loi martiale révèle l'équilibre fragile d'une société en construction. Fortement tributaire des représentations des violences, cette loi focalise l'attention des auteurs, notamment lors des 17 juillet 1791 et 20 juin 1792. Proclamée ou non par les municipalités, elle suscite questionnements, prises de position et évolutions.Popular violence, at the center of public attention, incited journalists and pamphleteers to express themselves about the attitude of the authorities on this matter. The proclamation of martial law on 21 October 1789 generated a host of questions and opinions. Whether regarded as necessary or illegitimate, the law was examined in its essentials, its application, and it led to a confrontation of different revolutionary principles. The source of varied criticism towards the authorities, even towards the Revolution itself, the decree on martial law revealed the fragile balance of a society in the making. Largely the product of the representation of violence, this law captured the attention of writers, notably on 17 July 1791 and on 20 June 1792. Proclaimed – or not – by the municipalities, the law prompted questions, opinions, and changes.
- « L'affaire Houchard » ou la doctrine judiciaire de la guerre - Renaud Faget p. 49-75 Les procès des généraux Custine et Houchard sont deux moments importants dans la vie politique de l'année 1793. Mais les procès sont également l'occasion pour le Tribunal révolutionnaire de formuler une doctrine de la guerre. Cette doctrine judiciaire, que complètent les évolutions de la loi pénale, dégage l'échelle opérative des échelles tactique et stratégique. Elle insiste également sur les mythes de la « bataille décisive » et du génie militaire – à travers la valorisation du plan. Ainsi, le Tribunal révolutionnaire inspire, avec le Comité de salut public, un style de guerre en rupture avec les pratiques des généraux de 1793. La nouvelle génération d'officiers, qui se forme au début de la Révolution et accède au commandement après l'été 1793, est tributaire de cette révolution militaire.The trials of the generals Custine and Houchard are two important moments in the political life of the year 1793. The trials were at the same time the occasion for the Revolutionary Tribunal to formulate a war doctrine. This plan underscored the myths of « the decisive battle » and of military genius. Hence, the Revolutionary Tribunal, with the Committee of Public Safety, inspired a style of warfare radically different from the practices prevalent among the generals of 1793. The new generation of officers, formed at the beginning of the Revolution and rising to power after the summer of 1793, were greatly influenced by this military revolution.
- La formation du discours militariste sous le directoire - Wolfgang Kruse p. 77-102 Cet article examine la représentation des rapports entre l'armée de la Révolution et la société civile dans le discours politique des militaires et des civils de 1795 à 1799. Il rend compte de la genèse d'un projet de domination de la société civile par les militaires, perçu comme condition préalable de la prise du pouvoir par Bonaparte et comme point de départ du militarisme moderne. Ce projet s'est constitué en trois étapes, caractérisées par un certain discours, qui aboutirent à renverser la conception révolutionnaire d'une armée de civils : l'élaboration d'une opposition fondamentale entre les militaires de la Révolution et une société civile soi-disant dégénérée, l'intense politisation de cette opposition à l'occasion du coup d'État de Fructidor en 1797 et la transformation de ces thèses en un militarisme visant certains objectifs lors de la reprise de la guerre en 1798 et 1799.This article examines the representation of the relationship between the army of the Revolution and civil society in the political discourses used by the military and civilians between 1795 and 1799. It gives an account of the evolution of a plan for the domination of civil society by the military, considered as a prerequisite to the seizure of power by Bonaparte, and as a point of departure for modern militarism. This project comprised three stages, each characterized by a certain discourse, resulting in the rejection of the revolutionary concept of a civilian army : the development of a fundamental opposition between the military personnel of the Revolution and that of so-called degenerate civil society, the intense politisation of this opposition at the time of the « coup d'État » of Fructidor 1797, and the transformation of this thesis into a militarism having certain objectives at the time the war resumed in 1798 and 1799.
- Des juges-citoyens aux notables du consulat : les juges de paix de l'Eure pendant la révolution - Bernard Bodinier p. 103-132 La Constituante crée un système judiciaire nouveau. À chaque niveau administratif correspond un tribunal – au canton la justice de paix – dont les juges sont élus par les citoyens. Qui sont ces nouveaux juges desquels on n'exigeait aucune connaissance juridique ? Des officiers de l'Ancien Régime, des hommes de loi, des laboureurs, des marchands… Comment ont-ils traversé la période révolutionnaire ? Leur position était d'autant plus délicate qu'ils étaient élus, comme les politiques, et exerçaient souvent des fonctions politiques. Cela ne les a pas empêchés de devenir des professionnels de la justice et des notables du Consulat.The Constituent created a new judicial system. Each administrative level had a corresponding tribunal – in the canton, the juge de paix – in which judges were elected by citizens. Who were these new judges that were not required to have any knowledge of the law? Officers of the Old Regime, men of the law, labourers, merchants… How did they fare during the revolutionary period? Was their position all the more delicate since they were elected officials, like the political personnel, and indeed often held political posts themselves? This did not prevent them from becoming professionals in judicial matters and notables during the Consulat.
- La légende grise des dernières années de Thomas Paine en Amérique, 1802-1809 - Marc Belissa p. 133-172 Les sept dernières années de la vie de Thomas Paine en Amérique (1802‑1809) ont été presque toujours présentées comme une période de déceptions, d'isolement et de déchéance par les biographies qui lui sont consacrées depuis deux siècles. L'image d'un Paine abandonné de tous ses amis, détesté par les Américains qui lui reprochent l'impiété de The Age of Reason, alcoolique et négligé, etc. s'est tellement imposée qu'elle a été recopiée d'ouvrage en ouvrage sans beaucoup de doutes sur sa construction idéologique. Cet article entend interroger les raisons et l'histoire de la construction de cette « légende grise » en relation avec les débats sur la nature, la radicalité et le caractère universel de la Révolution américaine à l'époque de Paine, et au-delà dans l'historiographie du XIXe siècle à nos jours.The last seven years of Thomas Paine's life in America have nearly always been presented by his biographers over the last two centuries as a period of disappointments, of isolation, and decline. The image of a Paine, alcoholic and neglected, abandoned by all this friends and detested by Americans who reproached him the impiety of the The Age of Reason has become so commonplace that it has been recopied in work after work without much thought to its ideological construction. This article examines the reason and the history for the construction of this « grey legend » in relation to the debates on nature, the radicalism, and the universal character of the American Revolution at the time of Paine, and beyond in the historiography from the nineteenth century to the present.
- Les courbes et les droites. Patience en Allemagne et impatience en France à l'époque révolutionnaire. L'interprétation de Jean Jaurès - Éric Guillet p. 173-196 Dans son Histoire socialiste de la Révolution française, Jaurès consacre à « La Révolution et l'Europe » cinq cents pages dont la moitié à « La Révolution et l'Allemagne ». Cette approche comparatiste foncièrement ouverte oppose, certes de façon traditionnelle depuis Mme de Staël, une culture allemande apolitique, cultivant l'attente patiente de jours meilleurs, à une culture française très politisée de l'action immédiate, mais croit, malgré une certaine préférence ethnocentrique pour l'impatience révolutionnaire française, qu'un rapprochement entre les deux cultures est possible et même souhaitable. Cette comparaison est aussi pour notre historien philosophe l'occasion de percer le secret de l'origine des révolutions. Mais on peut aussi reprocher à Jaurès que l'Allemagne qu'il dépeint, même s'il en éclaire le contexte politique et, chose nouvelle en 1900, économique, se réduit peut-être trop à celle, certes substantielle, des grands penseurs (Kant, Schiller, Forster, Fichte…) et néglige le pays « profond ». Nous nous proposons ici d'analyser, dans ses grands traits, avec ses points forts et ses faiblesses, l'image que Jaurès donne de l'Allemagne de la fin du XVIIIe siècle.In his Histoire socialiste de la Révolution française, Jaurès devoted five hundred pages to « La Révolution et l'Europe », half of them to the « La Révolution et l'Allemagne ». This frankly comparative approach contrasted in the tradition established by Mme de Stael an apolitical German culture, patiently awaiting better days, with a highly politicized French culture characterized by immediate action. Despite a marked ethnocentric preference for the French revolutionary impatience, Jaurès believed that a rapprochement between the two cultures was possible, even « désirable ». Such a comparison for this philosophical historian afforded him an opportunity to discover the secret about the origins of revolutions. But one might reproach Jaurès that the Germany he depicted – even if he clarified the political context and innovatively for 1900, the economic context – was limited to that of the « great » thinkers (Kant, Schiller, Forster, Fichte…), however important these were, and that he neglected the « deeper » country. We aim to analyze broadly the strong and weak points of the image Jaurès gave of Germany at the end of the eighteenth century.
- Pistes de recherche pour une étude sur les procureurs généraux syndics : entre histoire individuelle et histoire institutionnelle - Gaid Andro p. 3-25
Thèses
- Les négoces portuaires sous la Révolution et l'Empire en Bretagne : bilan et stratégies. Saint-Malo, Morlaix, Brest, Lorient & Nantes, 1789-1815 - Karine Audran p. 197-206
- La république à l'épreuve de l'ordinaire et de l'exception. État-nation, pouvoirs locaux et comportements collectifs dans le département de l'Aisne de 1791-1795 - Laurent Brassart p. 207-218
Sources
- Deux lettres inédites de Jean Jaurès à Eduard Bernstein - Jean-Numa Ducange p. 219-225
Regards croisés
- Aux sources de la relecture de l'histoire de la Révolution française par François Furet : La lutte des intellectuels français contre le « totalitarisme » et ses effets sur l'histoire de l'historiographie de la Révolution française - Michael Scott Christofferson, Jacques Guilhaumou, Julien Louvrier p. 227-238
Compte rendus
- Alexis Hluszko, Le terrain de chasse du roi. Les capitaineries royales en Île-de-France : Paris, Montbel, 2009, 238 p., ISBN 1-978-2-914390-88-0, 22 € - Guy Lemarchand p. 239-240
- Daniel Mornet, Les origines intellectuelles de la Révolution française, 1715-1787 : Paris, Tallandier, collection Texto, 2010, 554 p., ISBN 978-2-84734-639-8, 12 € - Michel Biard p. 240-241
- Annie Jourdan, La Révolution batave entre la France et l'Amérique (1795-1806) : Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008, 456 p., ISBN 978-2-7535-0702-9, 22 € - Bernard Gainot p. 241-244
- Nicolas Louis François de Neufchâteau, Les Vosges : Édition par Philippe Alexandre, avec une notice biographique par Jean-Paul Rothiot, Nancy, Fédération des Sociétés savantes des Vosges, 2009, 88 p., ISBN 2-9522166-9-X, 10 € - Claude Mazauric p. 244-245
- Cesare Beccaria, Des délits et des peines / Dei delitti e delle pene : Introduction, traduction et notes de Philippe Audegean, texte italien établi par Gianni Francioni, Lyon, ENS Éditions, « La croisée des chemins », 2009, 448 p., ISBN 978-2-84788-149-3, 34 € - Sébastien Annen p. 246-247
- Emmanuel Berger, La justice pénale sous la Révolution. Les enjeux d'un modèle judiciaire libéral : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008, 296 p., ISBN 978-2-7535-0558-2, 18 € - Robert Allen p. 247-250
- Monique Cottret, Tuer le tyran ? Le tyrannicide dans l'Europe moderne : Paris, Fayard, 2009, 456 p., ISBN 978-2-213-64439-4, 25 € - Michel Biard p. 250-252
- Michel Onfray, La religion du poignard. Éloge de Charlotte Corday : Paris, Galilée, 2009, 80 p., ISBN 978-2-7186-0791-7, 15 € - Guillaume Mazeau p. 252-254
- Barry Shapiro, Traumatic Politics. The Deputies and the King in the Early French Revolution : University Park, University of Pennsylvania Press, 2009, 204 p., ISBN 978-0-271-03542-0, 65 $ - Nicolas Déplanche p. 254-256
- Michel Vovelle, Les sans-culottes marseillais, le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme 1791-1793 : Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 235 p., ISBN 978-2-85399-730-0, 24 € - Pierre Serna p. 256-259
- Dan Edelstein, The Terror of Natural Right. Republicanism, the Cult of Nature & the French Revolution : Chicago, The University of Chicago Press, 2009, 337 p., ISBN 0-226-18438-2, 40 $ - Jean-Clément Martin p. 259-261
- L'abbé Grégoire. Écrits sur les noirs : Tome 1 ; 1789-1808 ; tome 2 ; 1815-1827. Présentation de Rita Hermon-Belot, Paris, L'Harmattan, 2009, 2 vol. , 226 et 190 p., ISBN 978-2-296-08-179-9 et 978-2-296-08-179-6, 24 et 20,50 € - Bernard Gainot p. 262-263
- Louis Sébastien Mercier, Néologie : Texte établi, annoté et présenté par Jean-Claude Bonnet, Paris, Belin, 2009, 598 p., ISBN 978-2-7011-4271-5, 26 € - Michel Biard p. 263-264
- Walter Bruyère-Ostells, La grande armée de la liberté : Paris, Tallandier, 2009, 335 p., ISBN 978-2-84-734-403-5, 25 € - Annie Crépin p. 264-266
- Registres matricules des sous-officiers et hommes de troupe des unités d'infanterie de ligne et d'infanterie légère de la Révolution : Répertoire de la sous-série 17 Yc. Inventaire établi par Jean-Paul Bertaud et Michel Roucaud, Vincennes, Service Historique de la Défense, 2009, 208 p., ISBN 978-2-1109-6338-3, 15 € - Bernard Gainot p. 267-268