Contenu du sommaire : La social-démocratie en Europe du Sud
Revue | Pôle Sud |
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Numéro | no 27, 2007/2 |
Titre du numéro | La social-démocratie en Europe du Sud |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La crise de la social-démocratie européenne et ses paradoxes sudistes - Paul Alliès p. 9-19 Quelles que soient les dénominations (social-démocratie ou socialisme) qui font encore débat parfois en France, il apparaît que ce modèle générique a atteint la fin d'un cycle historique. Il convient donc de s'accorder sur les termes de cette crise en postulant qu'elle n'est pas synonyme de disparition mais de recomposition. Dans cette perspective, les pratiques des partis du Sud de l'Europe, leurs trajectoires électorales et gouvernementales pourrait esquisser les variables d'une refondation. Le fait qu'elles soient généralement occultées au profit de « voies septentrionales » du socialisme rend plus nécessaire le retour sur cette aire politico-culturelle.
- Les partis socialistes d'Europe du Sud : des organisations performantes ? - Pascal Delwit p. 21-41 Le schéma organisationnel et le poids politique des partis socialistes du sud de l'Europe a souvent été décrié eu égard au modèle social-démocrate des partis d'Europe scandinave et centrale voire à la tradition travailliste britannique. Cette contribution teste le caractère performant des organisations des partis socialistes français, italien, grec, et portugais dans une perspective évolutive et comparée. La comparaison est réalisée entre partis socialistes du sud et entre partis socialistes du sud de l'Europe et partis sociaux démocrate du centre et du nord de l'Europe. Les indicateurs utilisés sont, pour les performances externes, les résultats électoraux et le potentiel de coalition et, pour les performances internes, l'évolution des affiliés et la qualité du leadership.
- Posséder une longueur d'avance sur la droite : expliquer la durée gouvernementale du PSOE (1982-96) et du PASOK (1981-2004) - Gerassimos Moschonas, George Papanagnou p. 43-104 Cinq facteurs expliquent la domination électorale du PASOK (1981-2004) et du PSOE (1982-1996) : (a) La faiblesse idéologique de la droite ; (b) la mise en place de politiques sociales plus avancées que par le passé ; (c) la modernisation politique (la démocratisation) entreprise par les gouvernements socialistes ; (d) la modernisation culturelle (le libéralisme au niveau des valeurs et de la sphère privée) ; d) la modernisation économique. Notre hypothèse centrale est que le PASOK et le PSOE ont produit, adopté ou mis en chantier (une fois au gouvernement) des idées que la droite de ces deux pays n'était pas en mesure de produire ou pas encore prête à accepter ou à mettre en oeuvre. Aujourd'hui, le cycle politique qui s'est amorcé à l'effondrement des régimes autoritaires est clos dans les deux pays. Un « cycle ordinaire » succède au cycle de domination de la période précédente. Les systèmes de partis grec et espagnol sont devenus nettement plus équilibrés que par le passé.
- Redécouverte d'une filiation et reconstruction de la social-démocratie en Bulgarie - Marta Touykova p. 105-119 Alors que les partis sociaux-démocrates historiques et nouvellement créés n'arrivent pas à s'imposer sur la scène politique bulgare, le Parti socialiste (PSB, issu de l'ancien parti communiste) connaît un processus de transformation qualifié par certains chercheurs et acteurs politiques de social-démocratisation. En effet, dans le contexte post-communiste, la social-démocratie est devenue la façon privilégiée et légitime d'exprimer à la fois l'opposition au communisme et/ou à la re-communisation, la proximité avec la gauche européenne et surtout la radicalité et l'irréversibilité de la transformation entreprise. Toutefois, le référent social-démocrate ne s'impose ni d'emblée ni de soi. La conversion identitaire du PSB est le produit de luttes entre différentes conceptions de l'identité nouvelle de la formation. Ainsi, la reconstruction de la social-démocratie en Bulgarie est marquée par la transformation du Parti socialiste bulgare qui réussit avec son adhésion à l'Internationale socialiste et au Parti des socialistes européens et grâce à ses performances électorales à s'imposer comme le principal représentant parlementaire de cette famille politique dans le pays.
- Conquering electoral hegemony: a new beginning for Portuguese socialism? - José M. Magone p. 121-142 Dès sa refondation en 1973, le Parti socialiste apparaît comme un parti cartel, c'est-à-dire soucieux de renforcer son pouvoir plutôt que de construire une véritable organisation d'adhérents. La Révolution des oeillets du 25 avril 1975 a contribué à son ascension. Au cours d'une très longue période, la personnalité dominante du parti, Mario Soares, eut un effet négatif sur le parti. Ce n'est qu'après son élection en tant que Président de la République, que la direction du parti a pu entamer la modernisation des structures du parti. Entre 1985 et 1995, plusieurs leaders ont essayé de réorienter le parti vers un profil moins idéologique. En 1995, Antonio Guterres est devenu un des premiers représentants de la « Troisième voie » en Europe. Aujourd'hui, le PS reste un parti cartel, extrêmement dépendant du financement étatique, et à la stratégie limitée à la conquête de postes politiques.
- Pourquoi il n'y a pas de social-démocratie en Italie - Gianfranco Pasquino, Julien Préau p. 143-157 Depuis 1945 la gauche italienne a toujours été fragmentée en plusieurs partis. Les communistes sont rapidement devenus la formation dominante à gauche. Idéologiquement et politiquement, ils sont demeurés farouchement opposés à toute velléité de poursuivre une voie social-démocrate. Même le Parti Socialiste Italien (PSI) à ses débuts affichait des réserves sur une telle opportunité, alors que ses politiques publiques pendant l'expérience de centre gauche relevaient indéniablement d'un modèle social-démocrate. Quoi qu'il en soit, le PSI n'est jamais devenu assez puissant pour imposer ses choix et il dut composer avec les démocrates-chrétiens au moment où il exerçait le pouvoir. Ni la chute du mur de Berlin ni la transformation du Parti Communiste en Démocrates de Gauche n'auront permis d'emprunter la voie social-démocrate. Non seulement car la classe ouvrière était considérablement diminuée, mais aussi car les trois syndicats majoritaires seront restés divisés. Plus important, le PSI s'est écroulé, les Démocrates de Gauche tournent toujours le dos à toute perspective social-démocrate mais ils ont décidé de s'associer aux démocrates-chrétiens sur le long terme, alors que ces derniers ne sont pas du tout prêts à travailler vers une perspective social-démocrate.
- Comptes rendus - p. 161-171