Contenu du sommaire : L'étranger dans la ville
Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | Vol. 18, no 3, 2002 |
Titre du numéro | L'étranger dans la ville |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Éditorial : Migrants dans la ville - p. 7-8
- La tradition de Chicago et l'étude des relations entre les races - Jean-Michel Chapoulie p. 9-24 L'étude des relations entre les races, prises au sens culturel, est un aspect longtemps négligé de la tradition sociologique de Chicago entre 1910 et 1960. Pourtant Park, dès le début du XXe siècle, les étudie comme des relations réciproques entre groupes ethniques majoritaires et minoritaires. Cet article insiste sur le caractère hypothétique, pour Park, de sa théorie du cycle de relation entre migrants et descendants des fondateurs des États-Unis. Il donne cinq arguments qui vont dans ce sens. Le caractère hypothétique est justifié par les travaux de deux des plus proches élèves de Park : E. Franklin Frazier qui montra la difficile entrée des Noirs américains dans une complète assimilation, même lorsqu'ils appartiennent à la petite bourgeoisie, difficulté dont témoigne la rareté des mariages avec des Blancs ; et E.C. Hughes qui dut abandonner son hypothèse de l'assimilation des Canadiens francophones à la culture anglo-saxonne et envisager, comme futur probable du Canada, une culture métissée.
- Migration et tradition pragmatique en sociologie : une relation nécessaire ? - Pierre Tripier p. 25-40 La sociologie pragmatique s'est formée aux États-Unis en voyant le fondement de la vie collective dans la constitution de la personnalité de chacun par l'interaction avec les autres. C'est à partir de ce noyau social que les règles, moeurs et institutions deviennent intelligibles. Cette approche s'éloigne de toute transcendance : elle privilégie les données faibles, qui proviennent des processus d'apprentissage et des comportements individuels. Pour cette sociologie, la situation de l'Amérique du Nord qui voit des bateaux entiers débarquer des paysans fuyant les communautés rurales européennes et s'adapter à un univers inconnu : la ville nord-américaine, constitue un vrai laboratoire des conduites humaines. On y trouve en germe une vision territoriale des relations à autrui se manifestant dans les concepts de définition de la situation, compétition, conflit, accommodement et assimilation. Ils forment la trame légère d'une sociologie compréhensive et vivante.
- De l'urbain au social : le « cycle des relations raciales » - p. 41-54 C'est au regard de l'orientation et de l'état de la recherche sur les relations interethniques en France que l'auteur s'interroge sur les usages que l'on peut faire aujourd'hui des analyses, des concepts et des positions scientifiques des sociologues fondateurs de l'École de Chicago. En partant de la définition du " cycle des relations raciales ", formulée par Park en 1926, et des corrections qui lui ont été apportées par la suite, l'auteur discute du rôle des conflits interethniques, de celui des politiques et des institutions, du problème de la réduction du social à l'urbain et de la société à l'État national. La portée des concepts formés par et pour la recherche et celle de la distance du chercheur à son objet sont ensuite abordées dans une perspective épistémologique.
- Violence, respect et sexualité chez les revendeurs de crack portoricains d'East Harlem - Philippe Bourgois p. 55-76 Le vécu des hommes portoricains de la seconde génération qui participent à l'économie clandestine des ghettos illustre l'influence de la question du genre sur la souffrance sociale. Cet article s'intéresse à la manière dont les hommes portoricains des ghettos, confinés aux marges d'une nation ouvertement hostile à leur culture et que leur force de travail n'intéresse plus, reconstruisent leur conception de la masculinité par le biais de la violence interpersonnelle, du parasitisme économique et de la domination sexuelle. En nombre croissant, ces hommes désespérés et frustrés se sont réfugiés dans une culture protestataire de rue dont le fondement matériel et l'attrait idéologique s'enracinent dans l'économie de la drogue, alternative concrète à leur exclusion de l'économie licite et de la culture anglo-centrée. Loin d'être les simples jouets de forces structurelles et idéologiques plus vastes, les dealers qui participent à la culture de la rue sont en réalité les agents actifs d'une quête de la dignité - même si cette recherche se manifeste par la violence et l'autodestruction.
- Gitans et jeunes de « bonnes familles » dans les trafics de drogues - Lamia Missaoui p. 77-92 Cet article relate l'apparition d'une nouvelle forme sociale caractérisée par l'entrée des " jeunes de bonnes familles " dans les trafics transfrontaliers de drogues, à partir d'incitations en provenance des milieux gitans catalans et andalous. Cela nous montre comment se généralisent et se banalisent les activités des trafiquants de psychotropes : ce n'est plus le repliement, l'étanchéité classique des contours familiaux mafieux qui, le long de réseaux ainsi bien protégés, mais à distance des sociétés locales, facilitent la circulation des psychotropes interdits ; c'est la forte insertion dans des milieux sociaux locaux de haute cohésion et porteurs des valeurs les plus conservatrices qui facilite, protège et habilite ces carrières de trafiquants.
Notes de recherche
- Pour une anthropologie de la ville et dans la ville : questions de méthodes - Alain Hayot p. 93-105
- Les recherches sur les « lieux sensibles » aux États-Unis - Sophie Body-Gendrot p. 107-116
- Inégalités, démocraties et travail de terrain : l'école de Chicago d'hier et d'aujourd'hui - Ruth Horowitz p. 117-128