Contenu du sommaire : Ruée sur les minerais stratégiques

Les minerais stratégiques sont récemment devenus une question de très haute importance économique et géopolitique. La bonne compréhension du sujet se heurte toutefois à la difficulté de définir clairement ce que sont des minerais qualifiés de « stratégiques », voire de minerais « critiques ». Seule certitude, les besoins de l'industrie mondiale en minerais ont conduit à une envolée des cours depuis 2002. C'est en réalité une cause directe du déficit entre l'offre et la demande de matières premières nécessaires à la fabrication des biens industriels les plus pointus. Cette contrainte haussière se double de contraintes géologiques : seuls quelques pays producteurs clefs détiennent des gisements de minerais stratégiques. Cette concentration des ressources sur quelques pays, couplée à la hausse de la demande, introduit donc de nouvelles vulnérabilités géopolitiques. Les industries de la défense, de l'automobile, de l'électronique, du spatial, des télécommunications et de l'énergie sont particulièrement concernées par cette problématique. C'est donc un sujet à très haute valeur stratégique et économique pour l'Union européenne comme pour la France, ce qui explique la mise en place depuis 2009 de stratégies destinées à garantir à l'Union européenne et aux pays européens un approvisionnement régulier et sûr.

L'approvisionnement en minerais stratégiques de la France est aujourd'hui réalisé par les importations. Face à la nécessité de redéfinir une politique qui permettrait à l'industrie française de bénéficier d'un approvisionnement sécurisé, politique qui ne saurait se définir sans une concertation étroite avec les acteurs économiques, le ministre Éric Besson a récemment décidé de créer le « Comité pour les métaux stratégiques » (COMES).Cette instance, qui permettra cette concertation entre les pouvoirs publics et les représentants de neuf fédérations professionnelles, aura pour mission d'examiner les questions liées à l'évaluation des besoins de l'économie et de sa « vulnérabilité », l'évolution des ressources primaires et les possibilités d'accès à ces ressources, l'évolution des ressources « secondaires » et plus généralement la recherche /développement, ainsi que la dimension internationale des questions à traiter.

L'Union européenne très dépendante d'un grand nombre de matières premières a développé une stratégie européenne en coopération avec les États membres. Cette stratégie s'appuie sur un ensemble d'actions : l'identification des matières premières critiques, un accès équitable et non discriminatoire sur les marchés internationaux, l'exploitation durable des ressources européennes, un effort de recyclage et une utilisation efficace des ressources.

Situé en amont de la chaîne de valeur industrielle, le secteur des minerais, minéraux industriels et métaux non ferreux est un maillon indispensable de l'approvisionnement de filières stratégiques européennes. Il se caractérise par sa capacité d'innovation et son adaptabilité aux évolutions du monde et est un facteur clé du développement économique et social de la planète. Pour assurer la sécurité des approvisionnements des industries manufacturières qui en dépendent et la compétitivité de l'industrie européenne, il faut conjuguer notamment compétences, innovation et volonté à long terme.

Les technologies innovantes, notamment dans les domaines de l'énergie et de l'environnement créent une demande sans précédent de métaux rares, de nouvelles dépendances pour les économies occidentales, de nouveaux enjeux géopolitiques et de développement durable, comme le montre l'exemple des terres rares.

Les terres rares font l'objet d'une grande attention de la part des gouvernements occidentaux préoccupés par la révision régulière des quotas d'exportations chinois et par la très forte dépendance de leurs industries. Provenant à 97 % de Chine, les terres rares sont devenues des matières premières hautement stratégiques, symboles d'une nouvelle ère technologique. Mais devant la dimension stratégique que revêtent ces ressources, les informations et la communication restent partielles. Les brevets, grâce au caractère public des informations qu'ils comportent, sont d'excellentes sources d'informations complémentaires permettant d'identifier le positionnement stratégique de certains États et sociétés dans ce domaine. Ainsi, on constate que depuis 2004 – année de la mise en place des quotas – la Chine accompagne sa politique commerciale par une politique technologique forte. Cependant, la stratégie de dépôt privilégie la protection des inventions exclusivement sur leur territoire. De son coté, l'Europe met en place un ensemble de mesures stratégiques technologiques, porteuses d'innovations, pour sécuriser son approvisionnement et réduire sa dépendance face à la Chine. Le savoir-faire européen et français, grâce aux académiques et aux industriels, est particulièrement visible à travers la propriété industrielle, montrant que le vieux continent peut, malgré son manque de gisement, défier la Chine et les nouveaux arrivants sur ce marché, notamment dans le secteur du recyclage. Dans cet article, Avenium propose d'approcher la thématique des terres rares à travers le spectre des brevets.

Le Chili est un pays minier majeur sur la scène mondiale. Il dispose d'importantes réserves de cuivre, de lithium, de molybdène, de manganèse et d'autres ressources comme l'iode, le rhénium ou le sélénium. Dominant actuellement les marchés mondiaux du cuivre et du lithium, il développe à marche forcée ses capacités productives pour rester compétitif et incontournable sur ces produits phares. Très tributaire de ses ressources minières pour l'équilibre de ses comptes publics et de sa balance commerciale, il devient aussi un enjeu géoéconomique du fait des besoins croissants en minerais des pays émergents, en particulier la Chine et le Brésil. Conscients de la fragilité des équilibres entre l'offre et la demande mondiale de minerais, ses principaux atouts restent la compétitivité de ses productions et la dépendance des produits industriels aux minerais extraits du sol chilien. Ses ressources en font un géant minier du XXIe siècle.

Le monde des matières premières s'est transformé au cours des dix dernières années : le rôle des États producteurs, celui des États consommateurs et la formation des prix ne sont plus les mêmes. Dans ce contexte, la Russie dispose d'un sous-sol riche de métaux et de matières minérales stratégiques. L'Europe peut-elle l'encourager à les exploiter pour répondre aux besoins de l'industrie européenne mais aussi aux intérêts de la population russe ?

Culture mondialisée, le coton connaît une hausse de sa production sur le long terme grâce à une intensification agricole. Mais cette modernisation est fonction du niveau de développement des aires de production. Le coton s'avère au centre d'enjeux géoéconomiques et géopolitiques certains. Ainsi, de nombreux acteurs participent à la gestion de sa filière : États, agriculteurs, entreprises transnationales et OMC défendent leurs intérêts relativement à la généralisation spatiale des semences transgéniques, aux subventions accordées dans le cadre de politiques agricoles et au choix entre étatisation ou privatisation de la filière productive et commerciale.

La business diplomacy est au cœur de la diplomatie française actuelle or ce concept trouve son origine en France au XVIIIe siècle grâce à des auteurs tels que Callières, Montesquieu ou Pecquet.